Zabou the terrible

            Cette dame nous aborda pour… Nous engueuler !!! Comment ? Avec nos coquilles saint Jacques, nous des pèlerins, nous osions prendre le train ? C’est contraire à l’esprit du pèlerinage, etc, etc… Le premier flot de paroles passé, nous commençâmes à discuter avec elle non sur ce fameux « esprit de pèlerinage » (qui ne se situe pas pour moi sur le moyen de transport mais plutôt dans l’esprit d’aventure et de pauvreté, c’est-à-dire dans l’accueil des événements comme ils arrivent pour résumer soi dit en passant) mais sur ce qui nous arrivait : les problèmes de Yenyen. Et là, son visage et son ton changèrent complètement : « oh mes pauvres ! » et elle nous invita, ouvrez grands vos yeux, à l’accompagner car elle allait faire ses courses et qu’après elle nous invitait à déjeuner !!! Et qu’après celui-ci, elle nous déposerait à notre lieu d’hébergement à Tours. Vous rendez-vous compte de la beauté de cet acte ? Complètement gratuit à l’égard de jeunes inconnus ? Nous allâmes déposer nos sacs dans sa voiture et nous fîmes connaissance avec son mari handicapé.

            Le déjeuner fut simple mais très convivial. Cette personne n’en était pas à son premier accueil inopiné : il lui était déjà arrivé de recueillir des polonaises auto-stoppeuses par exemple. Quelle foi avait cette femme allez-vous dire ! Et pourtant, elle nous avoua ne pas être croyante (néanmoins, elle avait une spiritualité, cela se sentait) mais quel cœur d’or ! Après ce déjeuner, elle nous emmena à Tours le ventre bien rempli. Où allions-nous à Tours ? A la basilique saint Martin dans le monastère tenu par des sœurs bénédictines de Montmartre (nous n’étions donc pas trop dépaysés Nono et moi ). . La dame, en nous déposant devant la basilique nous dit une phrase qui est restée gravée en ma mémoire : « Que Dieu vous protège puisqu’il vous connaît ». Wouah ! Ca c’est de la phrase qui fait mouche !

            Ca y est nous pénétrâmes dans cette basilique dédiée à l’évêque saint Martin, terme de notre pèlerinage pour cette année.

            Les sœurs nous accueillirent très gentiment même si elles mirent 2 étages de séparation entre la chambre de Nono / Yenyen et la mienne : je me demande bien pourquoi !  Plus sérieusement, je le signale car cela m’a beaucoup amusé : nous venions en effet de passer 10 jours ensemble tous les trois (elle le savait) et si les relations n’avaient pas été claires entre nous, cela aurait posé « problème » bien avant le dernier soir ! Enfin, bon, ce n’est pas bien grave mais c’était juste ennuyeux pour moi de descendre 2 étages à chaque fois… (Ouais, ouais, je suis un peu feignasse parfois mais j’me soigne !) Ces derniers moments en commun furent remplis par la visite de la splendide cathédrale saint Gatien de Tours, par la rédaction de cartes postales, par une bonne petite glace et bien sûr aussi par la participation aux Vêpres et aux Complies avec les sœurs.  

            Il était temps le lendemain matin de reprendre le train et de nous séparer…

… En n’oubliant pas de remercier Dieu pour tout ce que nous avions eu la chance de vivre durant cette longue marche ! Deo gratias !