Zabou the terrible

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Théâtre : RABELAIS encore bien vivant !

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François Rabelais
 
Rabelais, portrait d'un homme qui n'a pas souvent dormi tranquille
 
          Telle était le titre de la pièce de théâtre jouée vendredi dernier dans notre Centre Malesherbes par des comédiens professionnels. J'ai eu raison de faire de la pub, même si celle-ci n'a hélas pas porté les fruits escomptés : nous n'étions que 25 dans l'amphi... Enfin, ne cédons pas au pessimisme et intéressons-nous plutôt à la pièce elle-même. Une simple biographie ? Une lecture de ses oeuvres ? Sa vie romancée ? Eh bien, c'était un peu tout cela à la fois, pour un résultat superbe.
 
          Nous prenons en cours la vie de Rabelais après la publication de Pantagruel et de Gargantua alors qu'il s'apprête à publier le Tiers Livre (oeuvre que j'ai à mon programme ce semestre d'ailleurs) : pauvre Rabelais, poursuivi par ceux qui n'aiment pas ses idées ! La première scène l'oppose à un sorbonnard (ou à un sorbonicole ?) de la pire espèce, un docteur en théologie qui le menace du bûcher. Et Rabelais se défend, se justifie avant de jeter l'éponge : mais quel mal y a-t-il  donc de contenu dans ses livres ? C'est son grand tourment à cet écrivain possédant un itinéraire de vie si mouvementé : comment faire passer le message qui l'habite sans risquer sa vie ? Comment acquiescer sans broncher à cette castration de la pensée qu'est la censure ?
 
         Malgré le côté intimement tragique de ces événements, on se prend à rire aux larmes dès qu'un extrait de Rabelais est lu : plus de 500 ans après, il parvient encore à nous faire rire ! Et les acteurs, il faut bien l'avouer, s'en donnent à coeur joie ! Le public n'était peut-être pas nombreux mais nous riions tous de bon coeur, "le rire étant le propre de l'homme" ! 
 
         Rabelais m'est sympathique comme écrivain, je l'avoue. On peut lui reprocher ses grivoiseries, certes, mais sinon ??? Et puis même... Celles-ci ne servent-elles pas profondément la visée de l'auteur dans ses différentes oeuvres ? C'est assez évident puisque Rabelais semble observer l'adage d'Horace à propos de l'utile dulci ! N'oublions pas non plus que Rabelais est dans le gigantisme, dans le rire à gorge déployée et au ventre déboutonné : cela appartient à un tout ! Quel est le message condamné par les docteurs en théologie ? Une liberté de pensée qui dérange, qui ose aller chercher les sources grecques à l'heure où c'est interdit ? Pourquoi l'Eglise a-t-elle eu peur de ce Rabelais dont les oeuvres sont réellement porteuses de valeurs évangéliques bien qu'un peu frondeuses ? L'hédonisme n'est pas le cheval de bataille de l'auteur : il cherche simplement à montrer une voie autre, nouvelle, par le biais de ses géants : une voie de liberté, résolument érudite et chrétienne tout cela pour atteindre le bonheur. Bref, une oeuvre didactique devant laquelle on ne peut pourtant s'empêcher de sourire. Moi, ce type-là, je l'admire !
 
Pouvait-il rêver meilleure revanche que d'être joué en Sorbonne et d'avoir réussi à faire rire et à enthousiasmer les sorbonnards de 2007, (sans doute plus larges d'esprit que leurs illustres aînés) ?
 
 

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