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Histoire de la littérature française, A. Thibaudet

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The bouquin 

            Thibaudet, jusqu’il y a peu, c’était pour moi un obscur nom ayant plus ou moins trait à la littérature. La lecture de l’excellent essai d’A. Compagnon Les Antimodernes de Joseph de Maistre à Roland Barthes (que je vous recommande. Non parce qu’il s’agit d’être réac mais bien parce qu’il fourmille d’infos et questionne de façon pertinente notre pseudo post modernité. Il a d’ailleurs reçu en 2005 le prix de la critique de l’Académie Française. Juste le début de la note de l’éditeur pour vous allécher : « Qui sont les antimodernes ? Non pas les conservateurs, les académiques, les frileux, mais les modernes à contre-coeur, malgré eux, à leur corps défendant, ceux qui avancent en regardant dans le rétroviseur, comme Sartre disait de Baudelaire » Enfin à vous de voir, mais j’ai pour ma part réellement apprécié ce moment d’enthousiasme intellectuel) a quelque peu enrichi mes connaissances sur cet auteur qualifié de bon vivant au milieu de tous ces écorchés vifs.

            Nous l’avons presque oublié aujourd’hui mais ce chroniqueur à succès de la NRF au début du XXe siècle a publié plusieurs ouvrages dont l’un, posthume, fit un tabac auprès des étudiants de 1936, une Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours (titre transformé aujourd’hui seulement en « histoire de la littérature française »). Réédité il y a peu, je suis en train d’achever la lecture de cet ouvrage.

            Thibaudet avait une conception bien à lui de l’histoire littéraire, très discutable, fonctionnant par « générations » successives d’auteurs, concept n’ayant rien à voir avec celui de génération habituel. Il suit ici dans le plan son idée, présentant 5 générations : celle de 1789, celle de 1820, celle de 1850, celle de 1885 et enfin celle de 1914. L’idée serait séduisante s’il parvenait à mieux y faire entrer certains auteurs plus marginaux sans se contenter de relever leur particularisme. Enfin, ce n’est pas à cela que je souhaite m’attacher ici : le livre est ancien et il convient de le lire comme tel.

            L’intérêt et même le plaisir de lire Thibaudet, ce n’est pas de renouveler sa propre conception de l’histoire littéraire mais bien plutôt d’avoir une magnifique vue d’ensemble du XIXe siècle en littérature… et même en histoire de France tant les deux sont liées ! Alors, certes, on pourra lui rapprocher ses raccourcis nombreux, le fait qu’il ne consacre qu’une page à Huysmans ou encore le caractère parfois capricieux de sa rédaction, annonçant telle chose et ne poursuivant pas (ainsi de l’étude de chacun des romans de Stendhal). Mais, comme le disait Valéry : « Personne n’était mieux doué que lui pour l’art de créer des perspectives dans l’énorme forêt des Lettres ». Et puis, si le caractère érudit de l’ouvrage demeure indéniable, il est très accessible et l’on sent un désir plutôt pédagogique plutôt qu’étouffant par une masse de connaissances. Alors si vous aimez les lettres, si vous aimez le XIXe, si vous n’avez jamais réussi à vous rappeler l’ordre des auteurs principaux de ce siècle… eh bien, vous savez ce qu’il vous reste à faire !