Crime et châtiment
Par Zabou le mardi, août 12 2008, 12:35 - Lien permanent
Crime et châtiment
Il m'aura fallu 22 ans pour découvrir ce chef d'oeuvre : 22 ans de retard ? Bien possible.
Je pourrais faire ici un résumé mais quel intérêt alors que l'on peut en trouver partout, vu la célébrité de l'oeuvre ? D'autant plus que mon blog ne cherche pas à détailler l'insipide profil d'une oeuvre mais quelques reliefs qui auront pu faire boum dans le coeur ou l'esprit d'une lectrice sur son lieu de villégiature, mode rando et doigts de pieds en éventail.
Je pourrais m'étendre sur des lignes voire des pages pour vanter les qualités psychologiques déployées par l'auteur, adoptant un point de vue omniscient d'une qualité rare, comprenant notamment dans les face-à-face Raskolnikov / Porphyre la réelle justesse du mot de Nietzsche : "Dostoïevski est le seul qui m'ait appris quelque chose en psychologie."
Il me serait également loisible de vous conter son admirable talent de narration. Comme le titre l'indique, il y a un crime et l'auteur brode 600 pages autour de ce crime, dans une histoire qui ne nous fait pas rechercher un coupable : nous savons non seulement qui il est depuis le départ, mais aussi les motifs qui le poussent à agir ainsi que le déroulement précis du crime dont nous pouvons suivre le déroulement pas à pas avec passion. Et les pages s'avalent allègrement, sans ennui mais bien avec voracité.
Tiens, le titre justement. Crime et châtiment. What about Châtiment ? Ce n'est pas aussi simple que pourrait nous le laisser entendre le titre. Peine de mort, prison, bagne, absence de châtiment ? Bagne mais... tout est différent puisque, outre le monde du roman coloré, loquace -en un mot vivant- Dostoïevski instaure une transcendance, ouvrant la porte à une dimension verticale nouvelle qui rejoint la première. Raskolnikov se pose ainsi en transgresseur de la Loi vétérotestamentaire "Tu ne tueras pas" : c'est son crime. Son châtiment sera l'accomplissement de la Loi Nouvelle : "Aime". Douloureuse par sa gratuité incompréhensible puis source d'émerveillement infini. Car les deux sont invinciblement liés.
Et l'on reste béat.