Du destin des livres
Par Zabou le samedi, octobre 4 2008, 13:04 - Lien permanent
"Je me demande ce qu'est devenue la seule propriété à laquelle Achille tînt, tous ces bouquins sans héritier ; je me demande dans quelle salle des ventes, dans quel grenier se pulvérisant ou dans quelle cave pourrissant, reposent comme des morts mais que n'importe quelle main amie peut ressusciter, les livres niais qu'il destinait encore à Roland et n'eut pas le temps de lui offrir, et les autres livres, pompeux, ingénument humanistes et tautologiques, dont il se promettait d'égayer ses derniers ans. Mais peut-être que Là-Haut les vieux auteurs, les vrais dont on est toujours indigne, et leurs intercesseurs, les benoîts exégètes à barbiche début de siècle, lui disent eux-mêmes leurs textes, d'une plus vive voix que les voix des vivants."
in Pierre Michon, Vies minuscules
Se soucier du destin des livres ?
Peut-être sont-ils, ces livres, échos du Livre d'où sort un jour une vive voix qui marque à jamais ?