Zabou the terrible

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

Georges Rouault : les chefs d'oeuvre de la collection Idemitsu

On peut suivre via Facebook aussi !

 

                Georges Rouault, peintre de la fin du XIXème/début du XXème siècle demeure méconnu dans nos contrées, relatif incognito, inverse de la ferveur dont il jouit en Asie et plus particulièrement au Japon. On connaît ceci étant parfois sa « manière » (drôle de trait et couleurs vives !), ses proches (fréquentables…ou non ?), ses « clowns » (un artiste de cirque, pensez donc !) ou encore sa teinte visible de catholicisme empreint de mysticisme : la pseudo-connaissance vire alors trop souvent à la critique d’un peintre qualifié de « pieusard ».

                L’exposition qui se tient actuellement à la Pinacothèque de Paris tombe donc parfaitement pour mieux faire la connaissance de ce peintre, atypique et pourtant important dans son époque : unique. L'importance grandit encore si l’on sait que les chefs d’œuvre exposés (collection privée Idemitsu) ne le furent jamais en France ! Occasion à saisir, donc. Le lien particulier avec le Japon, patrie du propriétaire actuel de ces quelques 70 oeuvres, transparaît par les estampes placées judicieusement à côté des tableaux. Et l'on comprend ainsi mieux la peinture de Rouault, peu propice à de longues spéculations intellectuelles hors du commun mais souhaitant ouvrir, de même que l'estampe japonaise, à une contemplation. L'oeuvre devient ainsi passerelle vers l'au-delà du Regard : le visiteur arrête alors ses pas, saisi d'une émotion qui le dépasse.

                   Point de classement chronologique ou thématique fastidieux dans cette exposition mais un classement par les grandes amitiés de Rouault. Si l'on mesure la qualité d'un homme à l'aune de ses amis (...ce qui est parfaitement ridicule...), nous ne pouvons que remarquer la qualité artistique indéniable de ces hommes qui furent ses compagnons de chemin : Gustave Moreau, le maître ; Matisse, le compagnon d'atelier ; Vollard, le marchand qui le fera connaître en lui achetant tout son atelier ; André Suarès, l'ami de proche sensibilité artistique avec lequel il entretiendra une longue correspondance où leurs quêtes d'Absolu respectives, bien que différentes, se partagent ; Léon Bloy, le splendide pamphlétaire, "pèlerin de l'Absolu" lui aussi, au verbe détonnant et avec lequel il entretient une relation toute particulière, faite d'incompréhension et d'admiration réciproques ; Jacques et Raïssa Maritain, les célèbres philosophes convertis au catholicisme sous l'influence de Bloy et proches voisins.

                   C'est à ces derniers qu'on doit une bonne définition de la peinture de Rouault, qu'on peut aimer ou pas : il s'agit d'une "inflexible fidélité à la vision intérieure." N'est-ce pas cela l'Art ?

                  Je n'ai pas aimé tous les tableaux, certains me semblent étranges, peu compréhensibles, voire simplistes. D'autres, a contrario, ont touché au but et je me suis surprise à rester en arrêt devant certains tableaux, prise par un trait, une expression, une symphonie éclatante de couleurs. Couleurs qui se rejoignent, parfois, à travers les âges, d'un Intérieur à un autre.

Jusqu'au 19 janvier 2009,

A la Pinacothèque de Paris (place de la Madeleine) 

Ajouter un commentaire

Les commentaires peuvent être formatés en utilisant une syntaxe wiki simplifiée.

La discussion continue ailleurs

URL de rétrolien : http://www.zabou-the-terrible.fr/trackback/409

Fil des commentaires de ce billet