Zabou the terrible

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Ivresse

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       En ces temps troublés, il convient de savoir revenir à l'essentiel. Baudelaire, essentiel ? Parfois, oui, je le crois volontiers, quand on le lit et qu'il vous saisit, c'est-à-dire souvent. Bêtement hédoniste, osez-vous dire ? Je ne crois pas. Et puis cela dépend de votre lecture : pour ma part, j'ai choisi mon ivresse et souhaite en être ivre longtemps, ma vie durant. Tout est là, même. Et vous ?
 
Enivrez-vous
 
       Il faut être toujours ivre. Tout est là : c'est l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve.
 
       Mais de quoi ? De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. Mais enivrez-vous.
 
       Et si quelquefois, sur les marches d'un palais, sur l'herbe verte d'un fossé, dans la solitude morne de votre chambre, vous vous réveillez, l'ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l'étoile, à l'oiseau, à l'horloge, à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est ; et le vent, la vague, l'étoile, l'oiseau, l'horloge, vous répondront : "Il est l'heure de s'enivrer ! Pour n'être pas les esclaves martyrisés du Temps, enivrez-vous ; enivrez-vous sans cesse ! De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise."
 
in Charles BAUDELAIRE, Le Spleen de Paris
 

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