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Vie du lettré, W. Marx

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Vie du lettré, W. Marx, éd. de Minuit, coll. Paradoxe, 2009, 240 p.  

Après les citations, quelques mots !

« Ils lisent des textes, les rassemblent, les éditent, les commentent, les transmettent aux générations futures, produisent à leur tour d’autres textes : ce sont les lettrés, apparus parmi nous voici déjà quelques millénaires. […] Le plus souvent invisibles ou méconnus, ils composent une communauté secrète, reliée à travers les temps et les lieux par des rites partagés, des habitudes analogues, des affinités mystérieuses. Qui sont-ils ? Comment vivent-ils ? Où habitent-ils ? Que mangent-ils ? A quelles amours s’adonnent-ils ? Comment naissent-ils et meurent-ils ? A toutes ces questions et à bien d’autres, ce livre apporte des réponses précises et concrètes. » (Extrait de la quatrième de couverture)

Un simple moment de connivence que la lecture de ce texte. Oh, ce n’est pas un « grand » livre mais c’est un livre remarquablement bien fait, intelligent et amusant. Divisé en 24 chapitres, autant que d’heures dans une journée, on y suit pas à pas les grandes étapes de la vie d’un « lettré », ses occupations, ses problèmes, ses doutes, ses joies. De la Chine à la France, de la préhistoire à aujourd’hui, l’auteur tente de retrouver les grandes lignes de ce qui  fait l’existence d’un lettré, et l’on est séduit. On s’y reconnaît, parfois, mais surtout l’on s’amuse bien, d’autant plus que ce livre est bien celui d’un lettré : notes et bibliographie y sont abondantes !

            On ne peut être d’accord avec tout, certains chapitres semblent lacunaires (celui sur « l’instruction » par exemple où la figure des Maîtres du Lettré apparaît peu alors même que les « maîtres et les maîtres de ses maîtres » sont les dédicataires de l’ouvrage !), d’autres sont exagérés (cf. celui sur « l’âme » et le passage cité il y a quelques jours sur ce blog qui m’a fait sourire) mais l’ensemble se lit avec plaisir. Pour finir, je ne résiste pas au plaisir d’une dernière citation avec un  court passage tiré du chapitre sur « la sexualité » qui se passe en bibliothèque :

« Non plus que les anges, le lettré n’a de sexe. Ce qui revient à dire qu’il relève de l’un et de l’autre. Toute la communauté des lettrés vit sur ce paradoxe.

Il n’y a guère de lieu plus chaste qu’une bibliothèque. Mais guère de plus torride également lorsque, jour après jour, autour des mêmes tables, les mêmes lecteurs se croisent, s’observent, se frôlent, sans pourtant rien savoir les uns des autres. […] Muette, secrète, l’existence d’un voisin de bibliothèque se limite au grattement d’une plume sur le papier, au cliquetis d’un clavier d’ordinateur, au bruit d’une page tournée, d’un stylo reposé, aux menues manifestations de la vie organique. […] La seule chose à peu près certaine que, sans trop de peine, on puisse savoir de lui, ce sont les livres qu’il consulte. […]. On soupçonne certains lecteurs ou lectrices de ne commander certains ouvrages que pour se donner une pose. Dans une bibliothèque, les signaux sexuels sont si feutrés, si tamisés, si indirects, que tout ce qui, dehors, passerait normalement inaperçu prend aussitôt valeur d’invite agressive. Nul besoin de bas résille, de pantalon moulant, de maquillage excessif : un livre suffit, non nécessairement érotique. L’originalité des lectures est un puissant aiguillon de la libido : rien ne fait plus fantasmer l’exégète de codes juridiques qu’un métaphysicien de haute volée ou qu’une lectrice de poésie de la Renaissance, et vice-versa. »

A noter pour les Parisiens : une rencontre avec William Marx est organisée autour de Vie du lettré le jeudi 2 avril à 18h à la librairie Compagnie.  

 

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