Zabou the terrible

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Lire, relire, parler, annoncer : sacrée responsabilité !

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            Le lecteur avait pour tâche de mettre le texte sacré, au cours des célébrations liturgiques, à la portée du public des fidèles, dans les églises, les basiliques et autres lieux du culte. Il était le traducteur et l'introducteur auprès du peuple de la parole de Dieu qu'il exprimait en langue vulgaire et dans laquelle il pouvait, sans même s'en rendre compte, glisser ses interprétations subjectives. Il faut entendre que le lecteur, en ces temps où les masses populaires étaient illettrées, se trouvait détenteur d'un privilège éminent : celui d'être un familier du livre. Le prêtre, au-dessus de lui, était le familier des saintes espèces, corps et sang du Christ, et par là, plus que tout autre, initié aux mystères. Le lecteur, à son rang plus modeste, était initié au secret fascinant de l'écriture, à l'ordre des mots, au mouvement de la phrase, à sa respiration profonde, aux constructions subtiles de la synataxe. Il avait le pouvoir non pas d'ouvrir le tabernacle, ce qui était le privilège du prêtre, mais d'ouvrir le livre et d'accéder au sens des mots. Il avait reçu auprès d'un grammairien et d'un rhéteur une formation qui lui avait ouvert l'esprit à cet autre monde, celui de la beauté poétique et philosophique, aussi insondable et inépuisable que l'infini cosmos donné au regard contemplatif.

In Claude Louis-Combet, Transfigurations, "Passion de Maure et Timothée"

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