Zabou the terrible

15h :

La secrétaire du centre de recherche sur le XIX^e passe devant 5 étudiants venus « quand même » en cours malgré la manif qui se déroule à l’extérieur et le risque imminent de blocage :

- Ah, vous êtes les étudiants du séminaire de P.G. ? Il vient de m’appeler : il est bloqué dans un bureau de l’ANR à l’autre bout de Paris, par une manifestation autour du bâtiment. Vous pouvez rester et prévenir les autres ?

Sur les cinq, trois font partie de « ses étudiants » et décident donc de rester quelques minutes. Ils se mettent à discuter en rigolant quelque peu :

- Vous l’imaginez séquestré dans un bureau ?

- Vous croyez qu’il faut qu’on aille le sauver ?

- Non. Il doit être en train de se battre comme un lion, à gros coups de Barbey d’Aurevilly dans la figure des manifestants : ce doit être épique !  

16h :

Conférence de Mladen Kozul sur « la théâtralité sadienne » (super !) dans le cadre du séminaire de Pierre Frantz, au jardin du Luxembourg ! Douze étudiants installés en cercle autour du maître sous le kiosque après avoir joué à « la chasse à la chaise » dans tout le jardin.

Mladen Kozul ne se gênait pas pour citer des passages entiers de Sade ou pour faire appel à notre propre expérience du fantasme, qui est une mise en scène, comme chacun sait, du désir (de façon toute rhétorique l’appel à notre expérience, hein, n’allez pas imaginer je ne sais quoi !). Mais le jardin du Luxembourg, par ce temps presque estival était plein d’enfants… Qui courraient, jouaient au ballon (celui-ci est arrivé par deux fois sur la tête du conférencier), faisaient du vélo autour de nous. Tandis que le sieur Kozul lisait Sade et ses cochoncetés…

Mon voisin, visiblement un peu inquiet, glissa à ses voisines : « Mais, ils ne sont pas un peu trop jeunes pour lire Sade ces petits-là ? »

18h15 :

Je repasse devant la Sorbonne, un CRS me fait circuler (ouais, ouais, j’ai une gueule de terroriste, on sait tous ça) : la fac est fermée.

Aujourd’hui, où aurai-je cours ?

Je vis dangereusement.