Brûlée
Par Zabou le lundi, octobre 26 2009, 21:46 - Lien permanent
Le premier feu dans la cheminée, puis les arbres dans leur plus farouche nudité… tant de signes, et encore d’autres, de l’automne, là et bien là. Il est chez moi chez lui, me guettant avec sa douce mélancolie, me l’insufflant avec l'impertinente douceur du fumet de compote qui s’échappe de la cuisine. Doucement, tout doucement.
Elle faisait de la compote, elle aussi, avant. J’écrase une larme, le regard perdu dans la braise. Oui, le temps passe, et je le sais pourtant.
Feuilles tombées, rides qui se forment chez elle à l’inverse des replis qui s’effacent peu à peu dans son cerveau. Elle ne sait plus… Et l’impuissance, la rage, me saisissent comme un feu que l’on viendrait de ranimer… et puis, non. À quoi bon ?
Le regard perdu dans les flammes, je ne sais plus qu’ouvrir mes mains, ces mains si vides, si pauvres et l’y placer là, dessus, devant mon cœur et devant ces flammes, confiant cette mémoire défaillante à Celui pour qui le temps n’existe pas.
Dans la brûlure de mon amour.
Commentaires
Ah, terrible maladie qui touche tant de personnes, ou en a touchées tant dans nos entourages !
Notre Seigneur te l'a montré, la seule attitude adaptée ici est l'abandon dans la confiance, même si cela semble dérisoire, voire inutile. Au contraire.
Bon courage.
@ Nitt : Merci !
Un texte fort, bouleversant. Et ce feu qui réchauffe où se trouve encore quelque sens... merci Zabou.
@ Frasby : merci aussi à vous, Frasby.