Zabou the terrible

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Dernier soir sur terre

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             Un autre dimanche soir. Il est tard. Les honnêtes gens dorment paisiblement, tandis que certains veillent, achevant leur tâche dans le silence apaisant de la fin de soirée. Tout à coup, au loin, les sirènes. Une, puis deux, puis trois, faisant sonner vers le ciel leurs lugubres élancements. Au loin… puis plus si loin… là ? Au coin de ma rue ?  

 

Elles passent devant chez moi, dans cette petite rue si tranquille, et s’arrêtent à l’autre bout. Elles résonnent, véhicules à l’arrêt, encore plus sinistrement. Soudain, un hurlement déchire l’atmosphère, empli d’un désespoir que je perçois à cette distance. Puis, plus rien. Plus rien, si ce ne sont elles, encore, toujours. Enfin le silence, avant que les moteurs ne fassent vrombir l’atmosphère à nouveau. Le bruit s’éloigne, plus rien.

 

            Le lendemain, j’apprendrai qu’un homme, un voisin, s’est donné la mort à quelques pas de chez moi, devant sa femme. Il venait de perdre son emploi et n’a pas supporté cela : personne dans notre rue, si petite, où tout le monde se connaît, ne le savait.

 

            Une rue tranquille, ordinaire… Et une histoire si… classique, ordinaire ? Je n’ai pas à dire grand-chose, je ne sais même pas s’il faut en parler car comment en parler avec justesse ? Mais un homme s’est donné la mort et j’en suis profondément troublée. Est-ce si ordinaire ? Choisir la mort, pour arrêter le désespoir de nos misères humaines, choisir la mort, pour arrêter le tourbillon de nos vies étriquées qui nous emporte parfois si loin de ce qui nous est essentiel, choisir de quitter la vie, cette vie que j’aime… Puis-je m’y habituer ?

 

            Un suicide sonne un constat d’échec d’une vie et même de la vie tout court : il coupe de leur source plusieurs existences, souffrantes. Et, souvent, personne n’y peut rien : terrible impuissance, terrible colère.

 

Impuissante, moi aussi, je n’y vois qu’une piqûre de rappel pour toujours témoigner de cette folle espérance qui est en moi, au quotidien, même dans les rues les plus tranquilles. Témoin, au plus proche de chez moi car personne ne sait ce qui s’y trame vraiment. Ouverture de mes yeux, dans la confiance, ouverture de mon cœur au maximum… Tenter d’ajouter, par ma vie, une goutte de cette paix qui manque tant, même – et peut-être surtout – dans ces coins des Hauts-de-Seine que l’on croit sans problèmes, si "tranquilles".

 

Commentaires

1. Le lundi, novembre 16 2009, 14:54 par Tigreek

Histoire banale, cyniquement ordinaire peut-être, mais qui nous fait sentir formidablement vivants, terriblement fragiles. Oui, l'Espérance est là et rejaillit dans ces moments difficiles. Entourer la famille, laisser parler son coeur, et ne pas oublier de dire ce en quoi nous croyons, la force magnifique du Christ ressuscité.

2. Le lundi, novembre 16 2009, 18:44 par Henri

Que de souffrances cachées, que de souffrances occultes, sentiment de lassitude, sentiment d’échec, sentiment d’impuissance, sentiment d’incompréhension, sentiment d’injustice, quand les responsables de telles situations dorment tranquillement. Dieu est Miséricorde et juste. Un suicide est peut-être ordinaire mais jamais une histoire banale. Prions pour cette famille décapitée par ……….. et gardons-nous de juger.

3. Le lundi, novembre 16 2009, 19:58 par Isabelle

Oui, c'est terrible, dur et troublant. Oui, c'est un échec et tous ceux qui y sont confrontés le vivent comma tel. Oui, colère et impuissance.
Mais aussi, oui, votre paix, votre espérance et votre regard peuvent apporter beaucoup à ceux qui restent.
Que l'Esprit de Paix, de Force et de Consolation vous accompagne.

4. Le mardi, novembre 17 2009, 00:53 par do

Et prier,
pour ceux qui résistent encore,
mais pour qui chaque jour est trop lourd,
prier pour qu'ils résistent encore demain...

Remercier aussi,
pour tous ceux qui sont restés,
malgré le poids des jours,
ceux qui tiennent,
à cause d'un enfant,
à cause d'un plus faible,
grâce à ceux qui ont besoin d'eux.

Leur dire, peut-être,
qu'on a encore besoin d'eux.

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