Zabou the terrible

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Grains d'humanité

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            J’aime ces jours particuliers où le printemps semble enfin s’installer dans notre Quartier Latin. Le soleil se fait plus brillant, les arbres osent enfin sortir leurs plus beaux atours : la nature prend les couleurs de la jeunesse et cela est bien doux.

 

            Jeudi dernier, entre une matinée passée à la bibliothèque et un séminaire, c’est donc tout naturellement que je me suis décidée à aller déjeuner dans ce square de Cluny que j’apprécie tant. Le soleil brillait, la foule était dense : enfants qui jouaient, touristes de passage (les vacances étaient commencées dans les autres zones !) se mêlaient aux habituels étudiants. Sur les bancs, les amoureux débutants n’étaient pas rares, balbutiant leurs premières tendresses sous le regard amusé des pigeons. Tout se faisait rieur, léger, tellement léger… et, pourtant, dans ce rare coin de libre était avachi endormi cet homme, pas rasé, suintant l’alcool, respirant la pauvreté. Je n’avais rien à lui donner, à lui offrir, même pas un mot à dire puisqu’il était dans une autre sphère… Je me suis installée à proximité en souriant : je n’avais que mon regard, ce « regard de braise » comme disent les mauvais dragueurs du métro parisien, à lui offrir. Je l’ai simplement regardé. Oh, non avec feu, mais avec foi, tentant d’offrir à cet homme endormi et comme déchu, un simple regard humanisant, brisant l’impersonnalité crasse du tourbillon printanier. Regard lancé comme une bouteille dans l’amer… regard de rien, aussi, parce qu’il en est Un qui le regarde avec grand amour, mais regard humain, tout de même, pour le lui dire.

 

            Vendredi soir, quelques amis, une messe de semaine dans une célèbre paroisse parisienne : occasion particulière de prier pour et avec l’anniversaire de l’un d’entre nous, jeune séminariste. J’aime ce moment, cette petite dizaine de minutes où chacun arrive pour s’installer : mémé habituée du 1er rang, cadre dynamique essoufflé, humble malade peinant à marcher, adulte maladroit bousculant les chaises pour arriver à « sa » place, agnostique du dernier rang… Au-delà du caractère uniforme et des bises échangées entre les habitués, entrapercevoir cette vivifiante diversité qui n’est pas sans accrocs… mais tous tournés vers une même direction.

 

Des journées…

Tout un reflet d’une humanité, tout un reflet d’universalité, tout un reflet de catholicité.

 

Moments où l’humanité se révèle dans toute sa surprenante fragilité,

Moments pour lesquels je confesse une profonde tendresse.

 

Commentaires

1. Le dimanche, avril 18 2010, 09:41 par Henri

Savoir chercher et trouver le plus beau du plus beau de la Vie , le dire avec tant de pudeur, de justesse et de beauté littéraire, c'est une grâce divine . Merci à Lui et à toi.

2. Le dimanche, avril 18 2010, 17:42 par Nitt

Hhhm tu m'as ramenée dans des quartiers aimés, dans des ambiances que j'ai connues et beaucoup appréciées. Mais cette fois-ci, grandes nouveautés : j'y allais en souvenir et en ta compagnie.
Merci.

3. Le jeudi, avril 22 2010, 18:57 par Zabou

Au rythme de chacun de nos pas.

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