Zabou the terrible

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Ah mer** ! T’humes ?

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Hier, je me suis fait voler mon téléphone portable. Oui, voilà, c’est déplorable, je suis énervée, très énervée même, mais c’est ainsi. Et, non, je me refuse à rédiger un billet qui parlerait d’un caractère détestable de notre société, qui dirait qu’elle est pourrie jusqu’à la moelle ou autres amabilités si fréquentes : je ne suis pas de ces contempteurs qui aiment à hurler pour le simple plaisir de mordre. J’ai vu suffisamment de choses dans ma jeune vie pour croire en l’homme, même là où l’on y croirait le moins et peut-être dans ces petites choses que l’on n’aperçoit pas si l’on n’y prête pas attention.

 

Pourtant, je demeure énervée, et pas seulement à cause du vol d’un iPhone si pratique, mais surtout à cause de la suite. Comme vous le savez peut-être, la première chose à faire dans ces circonstances est de bloquer sa ligne afin que le voleur ne puisse l’utiliser à tort et à travers. Si les policiers furent aimables mais ne pouvaient faire aucune démarche en ce sens, je n’en dirais pas autant de mon opérateur.

 

Il fallait aller vite et c’est pourquoi j’avais choisi de me rendre immédiatement et en personne à la boutique la plus proche de cet opérateur en-3-lettres. Oh, elle n’était pas loin cette boutique mais elle était pleine de monde. Et, bien sûr, pas moyen d’en placer une, pas moyen de parler à un être humain directement, même si la chose était pressée, non, non, et non mademoiselle on vous dit de prendre un ticket. « Mais… vol… portable… ». Non, prendre un ticket, s’asseoir : comme cela, vous aurez peut-être le bonne idée de vous lasser et d’éviter d’importuner les vendeurs. Attendre.

 

Trente minutes plus tard, c’était le tour du C37 et, enfin face à un interlocuteur, je pus exposer mon problème : « Pourriez-vous faire bloquer ma ligne ? ». Le vendeur se mit à rire : « Mais voyons, non, pas du tout, on ne fait pas ça ! Ce n’est que par téléphone ! ». Ah, ah, ah, fantastique : nous avons décidemment le même sens de l’humour. Le problème, voyez-vous, c’est qu’un téléphone, je n’en avais pas, ou tout au moins plus. Il me fallut revenir chez moi et tenter de téléphoner. Dring : au bout du fil, un disque vocal, des numéros sur lesquels appuyer et, enfin, une demande de code. Une demande de code ? Bien sûr, je ne l’avais pas, voyez-vous, c’est mon père qui règle ma facture de téléphone. J’essayai toutefois de le réinitialiser via le web : bien sûr, l’on m’envoya… un sms ! Un coup de fil à mon père m’informa qu’il ne disposait pas non plus du code.

 

Autre possibilité y avait-il écrit sur le site : les informations de la dernière facture. Seulement celle-ci est reçue par mail par mon père et, pour avoir toutes les informations la concernant, il faut aussi le code. Je m’arrêterai là mais cela continua jusqu’à ce que, rusant, nous parvînmes enfin à avoir quelqu’un au bout du fil.

 

Ce qui est grave, c’est que tous les faits ici narrés sont vraiment arrivés. Ce qui est grave, c’est cette sensation de lutter contre une masse inerte, où l’humain n’a plus sa place, où la commune humanité n’est plus le pilier d’un véritable échange. Des jours, où l'on aimerait bien prendre la suite de Raymond Devos et s'exclamer : "L'homme existe, je l'ai rencontré !"

 

Commentaires

1. Le jeudi, octobre 7 2010, 22:16 par David

tu vas écouter ça... et ton sens de la charité va encore en prendre un coup.
http://www.arteradio.com/son.html?6...

2. Le vendredi, octobre 8 2010, 01:21 par TED

Je rentre de réunion de liturgie où l'on préparait les 30e te 31e dimanches du TO C.

La gloire de Dieu, c'est l'Homme vivant !

Et Saint-Paul de préciser :

" Notre Seigneur Jésus aura sa gloire en vous, et vous en lui ".

(et sinon, change d'opérateur !)

3. Le vendredi, octobre 8 2010, 07:39 par David

TED; je crains qu'ils ne soient tous pareils sur ces sujets...

4. Le vendredi, octobre 8 2010, 15:59 par Tigreek

Ce qui est grave, c'est quand tu bosses dans le service informatique d'un de ces mastodontes, et qu'on te demande de programmer une nouvelle application "pour automatiser telle procédure"... Autrement dit, là où un humain lisait un papier, remplissait un formulaire, passait un coup de fil ou réglait à la main une option, on te demande de programmer des automatismes pour le faire à sa place. A la base, c'est plutôt bien, ça simplifie. Le problème, c'est que la dérogation n'est du coup plus possible !!

Quand je pense qu'à l'école d'ingénieur, je pensais que j'allais rendre service aux gens, en leur donnant des outils pour les aider à mieux faire leur métier... Aujourd'hui, je me rends compte tout le monde est pris au piège de ces outils, du commercial au PDG... Quand j'y réfléchis trop, je me dis "et en tant que chrétien, on peut faire quoi là-dedans ?" Je n'ai pas encore trouvé la réponse...

5. Le samedi, octobre 9 2010, 09:53 par Vianney

Je me dis depuis longtemps que j'aimerais écrire sur ce problème de la "machinisation" globale... Je m'en suis rendu compte le jour où je n'ai plus eu le droit de sourire sur une photo d'identité. Maintenant, sur ma nouvelle carte d'identité comme sur mon passeport, j'ai une tête de tueur barbu qui fait peur à tout le monde. Là, la machine est censée me "reconnaître", alors que si je souris, elle ne me reconnaîtra plus. En revanche, ce sont mes amis qui ne me reconnaissent pas sur ces photos... Allons, Terminator deviendra peut-être bientôt une réalité... ou bien, plutôt, Terminator n'est-il pas le reflet d'une société qui a déjà peur de la machine ? (Terminator, ou Matrix, ou tant d'autres...)

6. Le samedi, octobre 9 2010, 22:30 par Zabou

@ David : .... ... ... En effet !!! 

@ TED : enfin les operadei, je crois que cela reste mieux que les opérateurs dans tous les cas !

@ Tigreek : merci de ton témoignage : j'imagine que ça doit en effet te poser des questions ! 

@ Vianney : Et puis, outre le reste, c'est super dur de ne pas sourire !!! ;-)

7. Le samedi, octobre 23 2010, 00:25 par TED

Pour citer entièrement la phrase de Saint Irénée qui sert d'antienne de psaume : « La gloire de Dieu, c'est l'homme vivant, et la vie de l’homme, c'est la vision de Dieu. »

@ David : tous pareils ? Tu parles des psaumes ?

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