Zabou the terrible

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Pense-bête d'une étincelle à toujours laisser jaillir

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« On voit parfois la vie intellectuelle envahir peu à peu la vie spirituelle, au point de se substituer tout bonnement à elle pour finir, et, suprême supercherie, de se faire passer pour elle aux yeux de son propre sujet comme à l’appréciation distraite d’autrui. Subtile et navrante métamorphose qui résulte d’une insensible démission de la seconde. Faute de persévérer dans l’attente de l’Absent et dans l’adoration de ce qu’il expérimente comme le Vide, l’esprit, relâchant tout à la fois son attention et sa tendresse, idolâtre ses propres constructions satisfaisantes, caressantes et tangibles. Et c’est ainsi que l’on s’adonne à je ne sais quelle épigraphie des choses religieuses, au lieu de s’abîmer, la tête la première, dans le grand Tu. »

 

Fr. François Cassingena-Treverdy, Etincelles III, p. 79

 

Commentaires

1. Le lundi, novembre 1 2010, 14:54 par Lionel

C'est excellent, c'est très bien vu, c'est vrai... pour ceux qui comprennent ! je comprends (la moitié) après avoir relu trois fois, c'est tout le problème avec le style de Frère Cassingena-Trévedy, c'est pour cela que ses étincelles ne crépitent pas en moi, au moins il sera compris de ceux qu'il critique : c'est le même style !

2. Le mardi, novembre 2 2010, 11:42 par Vianney

Je comprends que ce soit incompréhensible : style à la fois poétique et mystique, et carrément intellectuel de surcroît !
Pour moi, c'est lumineux.

En d'autres termes :
Prier, c'est le plus souvent être dans la nuit totale : Dieu est présent, mais on ne sent rien, on ne voit rien, on n'entend rien.
Alors, le gros risque pour l'intello (et pas que pour lui, mais surtout pour lui), c'est de prendre ses pensées, sa vision SUR Dieu pour Dieu lui-même. C'est de prendre la vitalité de sa production intellectuelle pour la Parole de Dieu. C'est de croire qu'il connaît Dieu parce qu'il l'a pensé. Or Dieu est connaissable, mais pas compréhensible : Dieu est mystère.
Prier, c'est tout simple : c'est croire (en) Dieu, espérer (en) Dieu, aimer (en) Dieu. Même sans rien (apparemment) en retour. C'est précisément cette simplicité et cette gratuité qui sont difficiles, sources de souffrance pour nous, alors que penser, faire fonctionner son intelligence, c'est compliqué et gratifiant. Seulement, on passe à côté de Dieu.

Croire, espérer, aimer : actes simples de foi, d'espérance et de charité. C'est le secret de la prière. Le reste est en surcroît, et parfois (souvent) en trop.

3. Le mardi, novembre 2 2010, 17:15 par Zabou

Et moi je le vois, comme l'indique le titre du billet, comme un beau pense-bête à ne pas oublier ! 

Et je comprends cette étincelle tout à fait dans ton sens Vianney (et je pense que Lionel aussi en réalité)

4. Le mardi, novembre 2 2010, 22:42 par Lionel

le style poétique et mystique vieillit très bien, le style "carrément intellectuel" nettement moins...

heureusement l'Evangile n'a pas été écrit dans ce style, c'est tout le problème de notre compréhension de l'Evangile : il est tellement clair et lumineux que les intellectuels qui le comprennent le moins s'ingénient à le compliquer le plus en voulant nous l'expliquer, je crois me souvenir qu'il y a un passage à ce sujet dans l'Evangile sur ce que Dieu a caché aux sages et aux savants et révélé aux tous petits...

pour Zabou : je pense qu'il s'agit d'une critique des apprentis théologiens, voir des théologiens eux-mêmes, l'Evangile vieillit très bien, il n'a pas d'âge, la théologie vieillit très mal, elle est très datée, les vérités théologiques d'hier ne sont plus celles d'aujourd'hui qui elles-mêmes ne seront pas celles de demain...

ansi va la vie chrétienne des hommes, leurs vérités passent, et trépassent comme eux fort heureusement, la Parole de Dieu ne passe pas, elle demeure à jamais

5. Le mercredi, novembre 3 2010, 10:07 par Vianney

@ Lionel :
"Les vérités théologiques d'hier ne sont plus celles d'aujourd'hui qui elles-mêmes ne seront pas celles de demain..."

Je bondis... et me rassérène : si l'on entend par "vérités théologiques", au pluriel, ce que Benoît XVI par exemple appelle les "modes théologiques", au féminin, dans son enseignement du 10 juin au soir, place Saint-Pierre, devant des milliers de prêtres et futurs prêtres, alors oui, elles passent, et elles passent très vite. Il avait même fait rigoler l'assemblée en parlant de certaines théories très à la mode quand il était au séminaire... et qui paraissent ridicules aujourd'hui.

En revanche, si on parle de "la vérité théologique", elle ne passe pas, parce qu'elle est fondée sur la Parole de Dieu, qui ne passe pas non plus, comme vous le dites si bien. Thomas d'Aquin a peut-être vieilli dans les termes (et dans la langue), mais absolument pas, sur l'essentiel, pour ce qui est du fond. Certes, aujourd'hui il faut apprendre à lire sa Somme de Théologie parce que c'est un mode de raisonnement qui ne nous est plus familier, alors qu'il l'a écrite pour les débutants (si !), mais cela reste d'une fraîcheur et d'une clarté extraordinaire. Pas pour rien qu'il est Docteur de l'Église !

Enfin, "les vérités théologiques", au pluriel, telles que les dogmes par exemple, elles non plus, ne passent pas. Un dogme est proclamé et est vrai jusqu'à la fin des temps (et même après !) : il n'est pas vrai parce que l'Église le proclame, mais l'Église le proclame parce qu'il est vrai ! Ainsi, les mots utilisés à Chalcédoine, en 451, pour préciser l'union hypostatique, demeurent ceux que l'on doit utiliser (même s'ils sont traduits, ou plus souvent simplement translittérés !) pour exprimer la vérité au sujet de Jésus, Dieu et homme :
"un seul et même Christ, Fils, Seigneur, l'unique engendré, reconnu en deux natures, sans confusion, sans changement, sans division et sans séparation, la différence des natures n'étant nullement supprimée à cause de l'union, la propriété de l'une et l'autre nature étant bien plutôt gardée et concourant à une seule personne et une seule hypostase, un Christ ne se fractionnant ni se divisant en deux personnes, mais un seul et même Fils, unique engendré, Dieu Verbe, Seigneur Jésus Christ, selon que depuis longtemps les prophètes l'ont enseigné de lui, que Jésus Christ lui-même nous l'a enseigné, et que le Symbole des pères nous l'a transmis." (Denzinger 302)

6. Le dimanche, novembre 7 2010, 14:23 par Zabou

Je crois que, plus que des simples théologiens, la critique peut surtout être entendue d'une manière plus large ici : contre nous tous (enfin moi notamment) qui vivons beaucoup dans le domaine de la pensée... 

Mais pas une critique disant que c'est mal : bien sûr qu'il y a des "modes" critiquables mais il est bon de faire usage de sa raison dans la Foi ! A condition, effectivement, de ne pas oublier cet acte si simple et si difficile qu'est l'Abandon de soi au père, parfois dans un noir profond. Et je vois en ce sens ce texte comme une piqûre de rappel de l'Essentiel. 

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