Zabou the terrible

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Marcher dans la lumière de Sa Joie

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           « Ecoutez-les : tous, tant qu’ils sont, ils disent à l’envi que les temps sont mauvais, et qu’ils sont fatigués, et qu’ils sont occupés, et qu’ils n’ont le temps de rien, et qu’ils n’ont le cœur à rien. Et ce disant, ils sont eux-mêmes ennuyeux à souhait, et ils décuplent l’ennui du monde, si tant est qu’il soit réel. Car les temps ne sont laids qu’à cause qu’ils les ont enlaidis eux-mêmes, et ils ne sont dans l’ennui, en toutes sortes d’ennuis factices et chimériques qu’à cause des complications, et des contradictions, et de l’inconstance de leur propre cœur qui les y a jetés et qui a construit tous ces inconvénients de toute pièce.

 

Mais toi, par principe, par bienséance, et quoi qu’il en soit par ailleurs, dis à plaisir que le monde est beau, et que tu n’éprouves aucune fatigue, et que tu as tout le temps devant toi, et que tu as le cœur à l’ouvrage. Ce disant, ce faisant, tu sortiras moins de l’ordinaire que tu ne les aideras à en sortir eux-mêmes. Dis à plaisir qu’il fait beau, non par esprit de contrariété ni sur le fonds de ton propre plaisir (sans doute en éprouves-tu et en recherches-tu moins qu’eux), mais pour œuvrer, si modestement que ce soit, à la construction de la joie d’être au monde. »

 

Fr. François Cassingena-Trévedy, Etincelles III, p. 249-250

 

Commentaires

1. Le samedi, mars 12 2011, 00:11 par Lionel

Tu arriverais presque à me faire lire Cassingena-Trévedy... on m'avait bien offert sa première étincelle, elle m'était tombée des mains, je m'étais baissé quelques mois après pour la ramasser, mais ces froides étincelles ne crépitaient pas en moi, j'avais laissé tomber, sans plus me baisser.

Ces troisièmes étincelles me semblent plus étincelantes, plus épurées, sans ce côté purée de mots passés à la moulinette d'aujourd'hui, l'auteur a gagné en assurance ce qu'il a heureusement perdu en style peu assuré et tellement retravaillé que la forme obscurcissait le fond, qui est si bon, c'était dommage, je regrettais de ne pouvoir le lire, ou plutôt, pire, de n'en pas avoir envie.

Il y a des formules heureuses et d'autres moins : "Car les temps ne sont laids qu’à cause qu’ils les ont enlaidis eux-mêmes" écorche les oreilles, peut-être même le français aussi, et l'enlaidit quelque peu, comme quoi les 'enlaidisseurs' ne sont pas si isolés...

" Ce disant, ce faisant..." sonne et résonne bien avec son raisonnement, lequel on finit par comprendre, après avoir relu trois fois (soit dit sans vouloir me vanter auprès de ceux qui auront besoin de cinq ou six fois).

J'espère ainsi, par cette hasardeuse critique... avoir pour ma part, œuvré également à la "construction de la joie d'être au monde" (sic).

2. Le samedi, mars 12 2011, 08:19 par David

j'aimerais bien ne pas avoir l'impression de redire ce que cassingéna a déjà sortie. C'était ce que j'avais en tête depuis quelques heures. C'est vrai quoi, mince.

3. Le samedi, mars 12 2011, 14:36 par Cardabelle

Très beau texte ! Sauf : "qu’à cause qu’ils les ont enlaidis eux-mêmes" !!! A mon avis, c'est une vraie coquille et je suis étonnée que l'éditeur l'ait laissée passer. Il suffisait de remplacer par "que parce qu'ils les ont enlaidis eux-mêmes".

4. Le samedi, mars 12 2011, 21:17 par Lionel

Je ne pense pas que ce soit une coquille, hélas, mais volontaire, à la ligne en-dessous répond un autre qu'à cause : "(...) factices et chimériques qu’à cause des complications".

Et je m'aperçois, si cruel que cela soit, que cette formule est un bon résumé du style Trévedy, un style en effet "factice et chimérique qu’à cause des complications", et qui peut-être plaît aujourd'hui pour cela même, un style ampoulé à la lumière artificielle, auquel vient se brûler le lecteur égaré, les formules absconses lui donnant l'illusion de la profondeur, on ne s'étonne plus après de voir l'auteur venir signer son livre en librairie...

5. Le samedi, mars 12 2011, 23:30 par Zabou

Je ne lis pas les Etincelles comme je lis un autre ouvrage : c'est un livre que je prends par petites bribes, que je laisse reposer, que je reprends. Parfois, je ne lis qu'une étincelle ; à d'autres moments, j'en lis plusieurs pages sans qu'aucune ne m'interpelle. 

Je ne crois pas que Cassingena-Trévedy soit un auteur à-lire-à-tout-prix-le-plus-vite-possible-au-style-merveilleux : il est particulièrement à goûter dans ses inattendus qui peuvent parfois/souvent/toujours nous provoquer. Et la rencontre devient alors véritable étincelle, petite lumière dans notre marche...

@ David : agaçant, zut de zut ! ;) 

6. Le dimanche, mars 13 2011, 13:19 par Lionel

A lire et relire le passage que tu as mis en ligne, l'on s'aperçoit que le fond n'est pas si bon que cela, et même peut-être mauvais, je te l'avoue, c'est la question qui m'interroge maintenant.

Commençons par le début, passablement malveillant : " Ecoutez-les : tous, tant qu’ils sont..." et quand on l'écoute, le lit, nous dire ce que pensent "tous, tant qu’ils sont" cela devient franchement malveillant, avec en conclusion, aussi hâtive que définitive, que "tous, tant qu’ils sont" ne sont rien moins responsables de la laideur du monde qu'ils contribuent à enlaidir chaque jour que Dieu fait ! ça me met mal à l'aise... : "l’inconstance de leur propre cœur qui les y a jetés et qui a construit tous ces inconvénients de toute pièce"... c'est quand même un peu gros, et, non, ça ne passe pas, du moins pour moi, qui est-il pour juger ses semblables avec tant de suffisance hautaine, tellement haute d'ailleurs que l'on ne peut s'empêcher de penser que plus dure sera la chute, en ce Dimanche des tentations de Jésus qui nous montre comment ne pas y succomber.

Quant à la "morale" qu'il en tire, au "conseil" qu'il nous donne, ce n'est rien d'autre que de la méthode Coué grand format, on dirait que cela sort d'une pièce de Molière qui aurait écrit "le moine malgré lui" !

Alors oui, je suis passé, quant à ce genre d'écrits, de l'indifférence à la méfiance, de la critique à la mise en garde, à mon sens il vaut mieux lire ou relire "Amour et silence" par 'un Chartreux', dont les lumineuses et saintes méditations écrites en un beau style limpide pourraient nous accompagner avantageusement jusqu'à Pâques.

7. Le dimanche, mars 13 2011, 20:58 par Lionel

Il est possible de lire le texte en ligne, ce qui peut permettre de donner un aperçu de celui-ci à ceux qui seraient intéressés, on le trouve facilement en poche, il a également fait l'objet d'une récente réédition par Nathalie Nabert, à qui rien de ce qui est cartusien n'est étranger, on en trouvera la présentation ici : http://analectacartusiana.blogspot....

un court extrait :
Si nous jetons un regard sincère sur le passé de notre vie spirituelle, nous sommes étonnés – accablés peut-être – de la lenteur ou de la nullité de nos progrès. Pourquoi tant d'efforts sont-ils demeurés stériles ? Pourquoi, après plusieurs années peut-être de vie ascétique, devons-nous avouer les mêmes faiblesses, enregistrer les mêmes chutes ? N'aurions-nous pas, dès le début, négligé l'essentiel, ne nous serions-nous pas trompés de chemin ?

Il n'y a en effet qu'une seule porte par laquelle on puisse entrer dans le royaume spirituel. C'est en vain que nous avons essayé d'y pénétrer par ailleurs ; nous devions nous heurter à d'infranchissables barrières. Nous étions pareils à des voleurs maladroits qui tentent inutilement de pénétrer par la ruse dans un domaine bien défendu. "Celui qui entre par ailleurs est un voleur et un bandit". (Jean 10, 1) Cette porte unique c'est le Christ, c'est la foi dans le Christ : foi que la charité vivifie, et qui, en affermissant notre cœur, lui permet en retour d'aimer, de brûler plus intensément et de rayonner davantage, à l'image de la charité divine !

Il faut déclarer sans détour la vanité parfaite d'un ascétisme qui n'a d'autre idéal que le perfectionnement du "moi", de cet ascétisme que d'on pourrait appeler "égocentrique". Les résultats qu'il donne sont bien maigres, et bien décevants les fruits que l'on en tire : qui n'a semé que selon l'homme, ne moissonnera que de l'humain.

le texte en ligne :
http://www.scribd.com/doc/39171031/...

8. Le jeudi, mars 17 2011, 21:43 par Zabou

@ Lionel : le temps me manque pour écrire une réponse argumentée et circonstanciée et j'en suis bien désolée car tes interventions l'exigeraient. Uniquement quelques mots donc, jetés au fil du clavier... 

Je ne crois pas que le principe "constitutif" des Etincelles nous demande de procéder à une exégèse si approfondie. Le "tous", ici, c'est aussi trop souvent le "nous" : pour ma part, je le lis et ressens ainsi, beaucoup plus que comme une accusation contre un " eux tous" coupable en face d'un "nous" pharisien qui serait meilleur. Pas de dichotomie ici me semble-t-il : moi, nous tous, nous contribuons à enlaidir ce monde... et c'est alors là qu'il y a à travailler ! Dire que le monde est beau, s'émerveiller, simplement mais pleinement, c'est une attitude du coeur à travailler en permanence ! 

Tout au moins pour moi... et je sais pourtant que c'est ainsi que je peux être témoin du Christ dans ma vie. 

Enfin, il n'y a pas de "mieux lire ceci que cela" : les Etincelles ne prétendent pas (et ne sont clairement pas !) un traité. Elles sont juste là comme autant de petits mots pour faire gagner le quotidien en profondeur et en sapidité, dans la saveur de l'Evangile : c'est tout ce que je leur demande. 

En tout cas, je conserve le lien pour le lire après les écrits de l'agreg', merci :) 

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