Zabou the terrible

Petite virée à l’ouest :

Impossible de ne pas faire ce tour, ce petit détour-là.

Impossible de ne pas aller en cet endroit, face à la mer,

Où la plage est étroite mais l’horizon si immense.

Je ne viens pas ici par sentimentalisme larmoyant,

Ni pour chercher à réveiller les souvenirs d’antan,

Ou bien ceux de nos passages en groupe

Dans ce cimetière presque marin pour lequel tu n’as pas écrit de complainte

Mais où tu avais demandé de reposer,

Avec l’infini de la mer comme symbole d’éternité.

Pourtant, ce n’est jamais sans émotion que je passe et m’arrête là.

Tu avais notre âge… tu t’y es arrêté.

Et aujourd’hui, nous qui avions ton âge,

Nous avons grandi et posons tous les jalons de nos choix de vie :

Impression étrange de vivre ce que tu n’as pas pu connaître.

Et pourtant, douceur de penser, d’espérer – oserais-je même dire de croire ? - que tu connais toi ce que nous sommes appelés à connaître un jour et que nous ne sommes pas si séparés que cela. En Dieu…

Fouler doucement les coquillages et puis,

Dans la simplicité d’un regard embrassant mer et croix,

Se souvenir et rendre grâce.

Te confier particulièrement celui d’entre nous qui se mariera dans une semaine ;

Les autres aussi…

Toute cette bande unique que nous form(i)ons, fondée sur le service du Christ.

Enfin, prier l’office sur ta tombe, avec ce texte qu’on aurait pu croire choisi.

Temps pascal, temps de la résurrection.

Te redire au fond du cœur qu’on ne t’oublie pas, ô toi notre ami.

Et repartir ; et rechercher les réalités d'en-haut ; 

Pour (en) vivre.