L’Evangélisation, la conversion, c’est une histoire de cercles pas fermés
Par Zabou le jeudi, mai 19 2011, 11:29 - Lien permanent
J’ai une fâcheuse tendance à aimer parler si mal
de Dieu, de ma foi si petite, de ce qu’un catholique vit… et qui fait sa
joie ! Je ne fais même pas spécialement exprès… Mais quand je rentre d’un
bel événement, quand je sors d’une chouette célébration, quand je viens de me
prendre un bon gros temps d’oraison, cette fameuse prière en silence qui se
passe dans les profondeurs, ça explose malgré moi, et j’en cause, tout sourire,
parfois même tout émue.
J’y songe parce qu’une copine me disait récemment, après un de ces moments d’allégresse de ma part – 5 baptêmes, pensez donc ! –, « je viendrais bien à une messe un de ces jours… mais ne crois pas que tu vas me convertir ! ». Cela m’a fait sourire intérieurement car je me suis immédiatement imaginée à la manière de ces infatigables prêcheurs de l’Evangile du Moyen Âge, à la manière d’un religieux aussi plein de foi que de douce folie, hurlant, clamant la Bonne Nouvelle sur les grands chemins… Puis, soudain, bien pire, dans une peau inquisitoriale, forçant les gens à la conversion, non… NON, brr ! Non : j’ai un trop grand respect de la liberté des gens… puis en plus, pour moi, cette liberté, elle vient de Dieu himself ! Qui serais-je pour forcer quelqu’un à se convertir ?
La conversion, je ne puis y songer sans penser à cette phrase qu’on me dit notamment le Mercredi des Cendres : « Convertis-toi et crois à l’Evangile ». Cette conversion… j’ai tellement conscience qu’elle doit d’abord s’exercer en moi ! En mon cœur, dans mon regard, dans toute ma vie ! Se convertir, c’est se tourner vers Dieu, mais pas à moitié : c’est accommoder jour après jour sa vue à la Lumière de l’Amour divin malgré les lueurs éparses, entraperçues ça et là et qui nous feraient détourner les yeux de notre objectif.
Mais en rester là, dans une simple voie d’amélioration personnelle ? On croirait presque lire du Nietzsche et chercher à devenir des surhommes et non pleinement humains, au sens divin… Evangile, εὐαγγέλιον, cela veut dire « Bonne Nouvelle » : et c’est là qu’intervient mon « travail ». Si je crois, si je travaille à me convertir jour après jour, si je suis sûre que cette Parole est Bonne Nouvelle, je vais la porter… Une Bonne Nouvelle, ce n’est pas un secret, cela ne se garde pas pour soi : ça se propage, ça se dit, ça se crie ! Alors, si je ne convertis pas, j’évangélise et, au sens premier du terme, à fond (bon, on est d’accord, souvent bien mal là aussi !). Mais en tâchant d’être dans l’esprit de ce que disait Eloi Leclerc, ce qui est exigeant, pas toujours simple, mais tellement juste.
En plus, ça marche partout ! Comme le demandait Paul VI : « le champ propre de l’activité évangélisatrice, c’est le monde vaste et compliqué de la politique, du social, de l’économie, mais également de la culture, des sciences et des arts, de la vie internationale, des mass media ainsi que certaines autres réalités ouvertes à l’évangélisation comme sont l’amour, la famille, l’éducation des enfants et des adolescents, le travail professionnel, la souffrance » (Evangelii Nuntiandi, §70).
Après, libre à chacun de se convertir, mais cela ne se fera jamais sans passer par Dieu, sans une rencontre personnelle avec Lui : c’est Lui qui agit et une liberté personnelle qui répond. Nous, nous ne sommes là que pour aimer, annoncer, témoigner, et prier : la tâche est déjà bien grande !
Donc, non, amie, je ne chercherai pas à te convertir. En revanche, oui, je suis heureuse quand des gens se convertissent. D’une part parce que je crois que le Christ est vie et bonheur : et cela, c’est le plus important, et je ne cesserai de le dire. D’autre part, parce que nous sommes aussi une religion du témoignage. Je crois certes, grâce à la Foi, ce don inexplicable, mais je crois aussi parce que d’autres en qui j’ai confiance m’ont dit, m’ont transmis la Bonne Nouvelle à travers les âges. Quelqu’un qui se convertit se met à son tour à évangéliser, ne serait-ce que par sa vie et, moi, ça m’aide à mon tour à me convertir.
Conversion et évangélisation se répondent, l’une ne peut aller sans l’autre. Ce qui compte, c’est bien sûr de mettre Dieu au centre.
C’est un cercle vertueux, toujours plus largement ouvert, une spirale de l’amour qui n’a qu’un unique centre, vers lequel tout converge, non pas pour s'enfermer, se resserrer sur soi, mais en réalité pour aller, pour rayonner encore plus loin.
Commentaires
Alléluia !
j'aime beaucoup ce que tu as dit cependant j'irais aussi plus loin sur un point : il est aussi de temps en temps necessaire aller dire le nom de Jésus.
Dans notre société où ne se retrouve plus de vrai culture religieuse et où circule beaucoup (trop) de préjugé sur l'Eglise il faut aussi échanger et parler de Dieu, de l'Eglise et finalement de ce que l'on y vit.
Bref il est aujourd'hui tout aussi important de prendre le temps d'aller à la rencontre des gens pour proposer un témoignage
Bon, je m'en vais de ce pas témoigner, tiens ! Trois jours pour mettre le Christ au centre de la vie de ce groupe de 6èmes, leur parler de Dieu, de cette Église que j'aime ! En avant !
Ton schéma, c'est un dessin... 'conceptuel' ?
Le premier qui dit qu'Isa a bien fait de choisir lettres plutôt qu'arts plastiques aura un blâme^^
Cette réflexion toute juste et toute simple, comme l'est le message du Christ, donne une réponse à une question souvent posée aux "cathos" => pouvons-nous porter toute la misère du monde? Non, on en est pas responsable mais on peut agir en nous..... Convertissant!!! Bon ben voilà je déculpabilise et je m'en vais me convertir pour mieux témoigner de ma foi GO ! m'ci manz'elle de la G. !
Ceux qui te connaissent ont assurément beaucoup de chance ! ^^
Sympa le schéma-bonus ! Bon, je suis pas sûre d'avoir tout suivi, mais avec le texte avant, ça passe plutôt bien !
Ce que je préfère dans le dessin, c'est le "mais faut regarder avec les yeux de la Foi le dessin" :-))
Que c'est rassurant, plaisant, encourageant de lire ton témoignage... En quelques mots simples voilà bien une VRAIE définition de la 'nouvelle évangélisation' que
des groupes charismatiquesd'autres confondent volontiers avec évangélisation à tout crin. Ceux-là même qui parfois ne s'aperçoit pas qu'à force d' 'agressivité', ils portent souvent un contre-témoignage au Christ, Celui-même qui se laisse aimer dans une rencontre personnelle, dans un pardon donné, dans une parole, un geste libérant, dans un amour livré.Si évangéliser c'est conduire (mais pas de force) au Christ, cela passe par le témoignage de toute notre vie. Une vie non pas, comme tu le dis si bien, parfaite, irréprochable, mais une vie qui laisse place à notre capacité à nous convertir nous-mêmes. C'est à ce prix que nous pouvons porter l'Evangile dans ce monde dans lequel nous vivons. Dans ce quotidien, alors, nous pouvons, sans arrière-pensée, sans désir de conquête, parler avec joie, et de manière paisible, de Celui qui nous anime, que nous aimons, qui nous aime.
Bref : Merci.
P.S. : La longueur de ce commentaire est proportionnelle à ma lassitude sacerdotale à entendre les 'évangélisations de rue' et autre 'opération séduction'
chrétiennebien-catholique comme unique réponse efficace à l'apparente désertification de la foi (et cela n'engage que moi).P.S.2 : Je trouve ton dessin très clair : la Croix est ce qu'il y a de plus visible aux yeux de tous.
Après deux jours de retraite avec les jeunes, quel bonheur de lire en mots clairs et limpides ce qui résume tout: on sème mais c'est Dieu qui agit et qui permet cette rencontre personnelle avec Lui.
Bon, eh bien au boulot, puisqu'il faut évangéliser !
Je vais aller
perdreprendre une heure avec le Bon Dieu, pour commencer...Magnifique billet ! Je crois que tu as tout compris
Convertissons-nous et vivons l'Evangile, cela aidera le monde à se convertir !
Il faudrait que tu agrandisse ton schéma et que tu le proposes au Vatican, pour l'inclure en annexe du Catéchisme de l'Eglise Catholique : c'est une bonne synthèse..
Je me rends compte aussi que j'ai oublié une chose essentielle dans ce billet. Parce que si nous n'avons pas cela sans cesse sous les yeux, je crois que c'est également foutu :
"En effet ce que nous proclamons, ce n'est pas nous-mêmes ; c'est ceci : Jésus Christ est Seigneur, et nous sommes vos serviteurs, à cause de Jésus. Car le Dieu qui a dit : La lumière brillera au milieu des ténèbres, a lui-même brillé dans nos coeurs pour faire resplendir la connaissance de sa gloire qui rayonne sur le visage du Christ.
Mais ce trésor, nous, les Apôtres, nous le portons en nous comme dans des poteries sans valeur ; ainsi, on voit bien que cette puissance extraordinaire ne vient pas de nous, mais de Dieu." (2 Cor IV, 5-7)