Zabou the terrible

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Histoire de biaiser le débat : fais pas genre !

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J’ai hésité à publier ce billet car on trouve déjà énormément de textes sur le oueb, bien plus documentés que celui-ci. Des billets (presque) unanimes côté catholiques contre cette fameuse nouvelle : la théorie dite du gender sera enseignée en SVT dans les classes de 1ère à la rentrée prochaine.

 

La polémique n’est pas mon fort mais je dois avouer que cette nouvelle m’a quelque peu hérissé le poil à moi aussi, ce qui me pousse à écrire ce billet sans prétention. Oh, que l’on ait des opinions différentes des miennes, je l’admets, ô combien ! J’aime même bien que l’on ne soit pas d’accord avec moi : cela provoque des débats qui souvent, me forcent à songer à des facettes inaperçues d’une question et m’aident à affiner mes idées, à moi, jeune catholique, cherchant avant tout Celui qui est la Vérité.

 

Le problème, c’est que là, l’on ne parle pas de débats intellectualo-universitaires, l’on parle d’enseignement fondamental pour des jeunes encore dans l’enseignement secondaire. Or, je ne sais pas si vous avez déjà eu la chance de vous occuper de jeunes lycéens : il faut souvent du courage tant ils sont à un âge où il se cherchent eux-mêmes. Fin de l’adolescence à accompagner… Et ce n’est pas un hasard, je pense, si le thème récurrent des réunions d’aumônerie à cet âge-là c’est « garçons et filles ». Mais bref.

 

Le problème surtout, à mon sens, c’est que l’on ne prétend pas ici former un esprit critique en lui présentant des théories avec lesquelles le jeune pourrait se battre, réfléchir, comparer éventuellement : bref, le propre d’un enseignement en sciences humaines. Non, on lui impose un enseignement en sciences « vraies de vraies », en sciences de la vie et de la terre.

 

Avant ma conversion aux Lettres voyez-vous, j’ai traîné mes fonds de culotte dans une classe préparatoire scientifique à dominante biologie. Cela ne fait pas de moi une spécialiste mais je crois avoir tout de même senti et vécu les spécificités de ces deux types de disciplines : en biologie, l’on a certes des théories mais celles-ci se fondent sur l’observation et l’expérimentation.

 

Or le sexe, notre sexe[1], est inscrit, qu’on le veuille ou non, dans nos gènes, dans ces si belles molécules d’ADN ; il est inscrit par ces chromosomes justement « sexuels » que nous portons dans nos cellules : XX pour les femmes, XY pour les hommes. Notre sexe est déterminé au moment de cette merveille qu’est la fécondation, quand le gamète mâle rencontre le gamète femelle pour former un nouvel être vivant[2].

 

Cela, c’est biologique : nous sommes – sauf anomalies chromosomiques – homme ou femme dès les 1ers instants de notre vie in utero. La théorie du genre, à côté de cela, qu’a-t-elle de biologique ? Vous allez me dire qu’elle est discours sur la vie, certes, mais qu’a-t-elle de réellement scientifique au sens biologique du terme ? Elle est fondée principalement sur des observations culturelles et sociologiques !!!

 

La biologie, ce n’est pas la psychologie, ce n’est pas la « culture », ce n’est pas un quelconque apprentissage d’une « identité » que l’on se construirait : non, il s’agit d’y enseigner la science du vivant, c’est-à-dire ce qu’est intrinsèquement un être vivant et comment il « fonctionne ». A partir de là, enseigner la théorie du genre dans des cours de SVT me semble grave : c’est vouloir présenter une simple théorie sociologique comme une vérité biologique. Et cela, outre le fait que je ne suis pas d’accord avec cette théorie, cela me pose un vrai problème en tant que chrétienne.

 

Après des années où les programmes de SVT ont souvent été du genre « l’homme n’est qu’un animal, une puce savante dont les capacités ne seraient déterminées que par leurs gènes » ; après des années où l’on a détaillé des faits sans même avoir le temps de s’émerveiller sur ce prodige qu’est l’être humain[3], l’on voit apparaître une théorie à dimension idéologique non négligeable dans le programme. Il y a là un manque de logique, une ambivalence certaine, comme par surprise… Je ne suis pas du genre[4] à voir des théories du complot partout mais il y a un manque de justesse profond ici qui attire mon attention. Et qui a de quoi provoquer l’inquiétude des familles, en effet : que cherche-t-on à apprendre à leurs enfants ?

 

Eventuellement, je dirais que la théorie des genres pourrait avoir une place dans un programme d’histoire de terminale par exemple, ou de philosophie, puisque cette théorie est si importante aux Etats-Unis : mais en présentant simplement ses fondements, nullement en l’enseignant comme vérité, ce qui est à mon sens idéologiquement marqué. Or l’enseignement « républicain et laïque » n’est-il pas censé préserver la liberté de conscience de chacun ? Est-ce vraiment le cas ici ?

 

Car finalement, ce qui se cache derrière cette théorie du genre enseignée en SVT, c’est encore plus profondément la question de l’éducation. Quel enseignement donnons-nous aux enfants si nous leur proposons comme « vraies » (idée que l’on se fait des enseignements « scientifiques » au détriment des enseignements « littéraires ») de simples théories sociologiques ?

 

Un éducateur doit chercher avant tout à faire grandir les jeunes qui lui sont confiés. Dire cela, ce n’est pas vouloir être naïf, c’est dire combien il faut veiller à proposer aux jeunes des nourritures solides, bases sur lesquelles ils pourront ultérieurement construire. Cela ne veut pas dire non plus ne leur donner que des aliments insipides car il faut veiller à donner prise à leur jeune esprit critique en formation : mais pas en enseignant magistralement des théories qui, prononcées ainsi, ne sauraient donner lieu à la critique. (Les extraits des futurs manuels scolaires sur ce point sont d’ailleurs particulièrement (non-)édifiants…)

 

Un éducateur chrétien ne peut avoir que cette tâche et chercher à être « coopérateur de la Vérité ». Voilà pourquoi, au-delà de la théorie elle-même, je suis opposée à cet apprentissage dans le cadre où on le propose. Et ce combat n’est pas dérisoire car il concerne, me semble-t-il, le futur de tout notre pays.

 



[1] Je m’amuse déjà des prochaines requêtes google menant à mon blogue…

[2] Ca, c’était le moment « rappel de cours » pour les Terminales qui passeraient par là ;-)

[3] ps. 138.

[4] Ha-ha ! 

Commentaires

1. Le dimanche, juin 12 2011, 00:11 par Archange carré

Tout est tellement plus simple dans le monde des anges…

2. Le dimanche, juin 12 2011, 00:35 par Incarnare

Merci pour ce complément ! Je voulais ajouter un paragraphe sur la distinction entre sciences naturelles et humaines mais mon billet dépassait déjà le maximum syndical...

Un aspect qui me semble important est que les deux disciplines partagent un mode de raisonnement inductif. Elles pèchent lorsqu'elle tentent de revenir à un raisonnement déductif.

3. Le dimanche, juin 12 2011, 23:41 par L.

Je réponds à ce commentaire car je pense qu'il n'y a pas de danger à enseigner la théorie du genre, en prolongement de l'étude biologique du sexe. (voir le programme : http://www.education.gouv.fr/cid533...)
Les détracteurs de la théorie du genre n'ont à mon sens pas compris 1) la démarche sociologique, 2) les présupposés et les conclusions de la théorie du genre 3) leur portée (qu'ils exagèrent, prolongeant en idées morales ce qui relève de l'analyse des faits).
J'ai étudié des auteurs de la théorie du genre sans y voir aucune atteinte à la moralité publique, mais surtout j'ai eu l'occasion de réfléchir à ce qu'était une théorie sociologique, et ce au lycée Sainte Marie de Neuilly, pour ceux qui auraient des doutes entre la compatibilité de cette théorie et la foi chrétienne.

Revenons sur cette notion de genre, défini comme LE SEXE SOCIALEMENT CONSTRUIT, ou ce qui se construit en société à partir du déterminisme biologique du sexe. La définition montre d'emblée que la théorie du genre (l'étude des manifestations du comportement lié au sexe, et des facteurs qui le déterminent) ne nie pas le déterminisme biologique du sexe : c'est ce dont il part. Le sociologue étudie ensuite les manifestations sociales de la féminité par exemple, et plus généralement les comportements dans lesquels des différences liées au sexe apparaissent. Et il montre les variations d'une société à l'autre de ces comportements. Il étudie aussi les facteurs sociaux, notamment dans l'éducation, et plus généralement le processus de socialisation, qui font que l'on apprend à jouer son rôle de femme. Il ne suffit pas d'être né de sexe féminin pour adopter le comportement qui correspond à la féminité dans une société donnée.
Des études sociologiques ressort que le donné biologique laisse à l'homme la liberté de se comporter de manières très différente. Il y a d'autres déterminismes que le déterminisme biologique : la culture ou l'époque par exemple. Aux scientifiques de nous expliquer les facteurs déterminants les comportements repérables dans les statistiques ; à chacun, ensuite, de déterminer sa propre conduite selon sa propre personnalité, conscient des déterminations auxquelless il est soumis par son existence physique, biologique, sociale.

On peut s'étonner qu'on apprenne une théorie sociologique en classe de SVT. Mais il s'agit là selon moi d'une démarche transdisciplinaire intéressante : le programme construit biologiquement la notion de sexe, et pour finir, met en balance la théorie biologique, avec une notion de sociologie du genre.
Le programme distingue finement le sexe biologique, et l'orientation sexuelle, qui relève du choix personnel.Il évite le déterminisme biologique qui consiste à vouloir expliquer tout comportement par la biologie. Il reconnaît d'autres facteurs explicatifs des conduites : les facteurs sociologiques et les choix individuels.

Pour ce faire, effectivement, il utilise le concept d'orientation sexuelle. C'est là qu'on voit qu'un enseignement n'est jamais neutre idéologiquement. Ce qui gêne, c'est que certains catholiques voudraient nier l'existence de la construction sociale du sexe, et en faire une détermination (divine?) qu'il serait "orgueilleux" de vouloir "nier". Mais pour le coup, il y a toutes les études sociologiques qui constituent un ensemble suffisamment puissant pour montrer qu'il existe une construction sociale du sexe. Après, c'est une théorie scientifique, on peut la rejeter, mais cela relève de la croyance personnelle.
Toutefois, on voit bien avec cette question que l'enseignement ne peut pas être neutre idéologiquement : en enseignant la théorie du genre, on accepte l'hypothèse sociologique (hypothèse confirmée par toutes les statistiques de la théorie du genre) selon laquelle il y a d'autres déterminations dans le comportement d'homme, de femme, ou en général dans le comportement sexuel, que le donné biologique.
Et c'est ce qui heurte certains, qui pensent par exemple scandaleux qu'un homme puisse aimer autre chose qu'une femme, car selon eux, la détermination physique devrait suffire à le conduire à adopter un comportement d'homme, ou du point de vue sociologique, associé à la construction traditionnelle dans la société française du genre masculin.
Mais le sociologue ne juge pas : il constate le fait, et cherche à l'expliquer. Les sociologues étudient les variations du comportement à partir d'un même donné biologique. Ils mettent en évidence d'autres facteurs explicatifs que le sexe pour expliquer la féminité.
Si les catholiques ne sont pas d'accord avec l'idée, c'est à eux de travailler pour penser comment leur foi leur permet de penser une vocation de la femme à aimer l'homme, alors que les faits démentent qu'il est suffisant d'être biologiquement un homme pour être attiré par une femme, ou d'être biologiquement une femme pour vouer sa vie à une vocation familiale.
L'enseignement secondaire ne reconnaît pas comme postulat que le biologique détermine le comportement. Et ce serait bien une croyance.

Quelles sont les croyances que l'école transmet ?
elles sont pour moi de deux types :
- les présupposés des sciences qu'elles enseignent. (et toutes les sciences ont leurs présupposés) (et pour la sociologie : le comportement humain s'explique en partie par des pressions sociales)
- les valeurs que les représentants de la nation ont jugé nécessaire à la vie commune dans la république. Et parmi ces valeurs, il y a aujourd'hui la reconnaissance de la liberté de chacun dans sa vie privée, à choisir ses orientations sexuelles (voir tout le travail fait contre l'homophobie).
Effectivement, cette idée est contraire à la morale de certains catholiques. Mais ce n'est pas un scoop que le fait que l'école transmette certaines valeurs (par exemple, elle est on ne peut plus contre toute idée anarchiste, elle défend une certaine conception, éminemment critibable, de la démocratie ; elle prône un concept de "réussite sociale", depuis le socle commun, qui reste à interroger). En tant que professeur, je pense que ces valeurs sont nécessaires à la vie de l'institution comme telle. Evidemment, elle transmet aussi autant que possible un esprit critique devant rendre l'élève apte à se positionner par rapport aux valeurs de l'école, qui ne sont pas forcément les siennes. Rassurez vous, les jeunes n'ont aucune difficulté à prendre le contrepieds des valeurs transmises par l'école !!!
Le programme me paraît respecter la liberté de pensée justement par cette confrontation des disciplines (sociologie et biologie) propre à éviter les dérives d'un déterminisme biologique, ou historique, ou mathématique, ou économique, qui vient souvent du fait qu'on n'a plus en vue qu'une seule discipline, qu'on étudie pour elle même, voulant expliquer le tout à partir d'un seul ordre de facteurs.

Le nouveau programme me paraît particulièrement intéressant en ce qu'il ne constitue pas une étude d'une théorie, mais met les apprentissages en relations avec les représentations de l'élève. Il invite à montrer aux élèves, par la confrontation des théories, que les théories ne sont que ce qu'elles sont, des modèles de compréhension, se rapprochant de plus en plus, grâce aux expériences, au monde, au réel, dont l'infinie complexité échappera par définition à tout modèle.

Bises

4. Le lundi, juin 13 2011, 12:19 par Incarnare

@ L. :

c'est à eux de travailler pour penser comment leur foi leur permet de penser une vocation de la femme à aimer l'homme

On y travaille, on y travaille..

Sainte Marie de Neuilly, pour ceux qui auraient des doutes entre la compatibilité de cette théorie et la foi chrétienne

Ca dépend de quelle "version" du gender vous parlez. J'ai essayé de montrer dans un billet qu'il y a un bon genre et un mauvais genre.

qu'ils exagèrent, prolongeant en idées morales ce qui relève de l'analyse des faits

Non, le billet de Zabou, comme le mien, ou d'autres, récusent avant tout le fait d'enseigner cette théorie sociologique (si on parle du "bon" genre) en cours de biologie, car ces théories échouent précisément lorsqu'elle tentent de revenir vers leur objet initial (le sexe biologique).

On peut s'étonner qu'on apprenne une théorie sociologique en classe de SVT. Mais il s'agit là selon moi d'une démarche transdisciplinaire intéressante

Loin de moi l'idée de nier l'intérêt de la pluridisciplinarité... mais il se trouve que nos élèves de première ont tout sauf l'habitude de celle-ci. Il suffit de voir la difficulté pour eux de l'exercice des TPE !

La pluridisciplinarité ne saurait "émasculer" chaque discipline : la biologie vise à déduire des rapports de causalité exacts, certes de manière inductive. La sociologie vise à déduire des déterminismes relatifs.

Faire du gender la première incursion pluridisciplinaire dans un programme (malheureusement) monodisciplinaire par nature, c'est viser à coup sûr la confusion chez les lycéens, qui, apprenant ceci en cours de sciences, risquent de prendre le gender pour parole d'évangile.

A la rigueur, ça aurait de l'intérêt dans le cadre d'un exposé à deux voix (profs de SES et de SVT) où chacun se limite à son domaine de compétence et laisse ainsi l'élève construire son propre raisonnement.

Et parmi ces valeurs, il y a aujourd'hui la reconnaissance de la liberté de chacun dans sa vie privée, à choisir ses orientations sexuelles (voir tout le travail fait contre l'homophobie).

Reconnaissez enfin avec moi qu'il n'y a pas besoin du gender pour ne pas être homophobe.

Et que les tenants du gender "dur" ne visent pas la liberté de chacun dans sa vie privée, mais la transformation de la vie publique (ex. débat à l'AN ces jours-ci pour détourner l'institution du mariage en légalisant le mariage homosexuel). A t-on le droit ne d'être pas d'accord ?

5. Le mardi, juin 14 2011, 23:41 par Zabou

J'admets manquer cruellement de temps pour répondre vraiment à ton commentaire, chère L. ! Mais je souscris très volontiers à ce qu'a écrit incarnare ici ou sur son propre blogue. 

Pour la théorie des genres en elle-même, ce n'était pas l'objet de ce billet et j'admets à la fois ne pas en être suffisamment spécialiste mais surtout que ce débat nous emmènerait bien loin !!! Mais on en causera si tu veux à une prochaine entrevue "en vrai" ;) 

Je reviens simplement sur un point, finalement accessoire, mais tout de même  : "Rassurez vous, les jeunes n'ont aucune difficulté à prendre le contrepieds des valeurs transmises par l'école !!!" Oui... car c'est ce que tu as l'occasion de vivre en tant que professeur ! Non, pas forcément dans le fond : j'ai été 6 ans animatrice d'aumônerie en 2nde et en 1ère et il me semble aussi qu'il y a beaucoup de fragilité à cet âge. Beaucoup de beauté, beaucoup de choses en train de naître et, comme toute croissance, cela se fait avec des déchirures et des moments de difficultés : si le jeune sait râler, non, il n'a pas forcément encore les moyens de prendre du recul. Je ne dis pas qu'il faille pour autant lui donner quelque chose d'insipide mais, non, il n'a pas le recul qu'a un universitaire sur ces questions. Il découvre la vie, tout simplement et l'on doit en tenir compte : c'est un esprit en formation. 


6. Le mercredi, juin 15 2011, 17:41 par L.

@Isa, j'espère que ça se passe bien, ne perds surtout pas une seconde à répondre, ni même à lire, sauf si vraiment, tu n'y tiens plus et a trop besoin d'une pause !!!

@ Incarnare et @ Isa
Je suis finalement assez d'accord avec l'idée que la transdisciplinarité est ambitieuse et risque de conduire à un dogmatisme (que je n'aime pas appeler "parole d'évangile"). Disons que c'est un problème qui se pose à l'école et qui ne me paraît pas nouveau : on enseigne du contenu, on essaie d'initier à des démarches scientifiques. Mais comme l'école veut (et doit, sans doute) transmettre des valeurs, alors elles arrivent comme ça en conclusion, en prolongement, et on n'est plus vraiment dans une démarche scientifique. En histoire, cela me frappe particulièrement sur les cours sur la démocratie qui ont "une finalité civique". Comprenez : débrouillez vous comme vous voulez dans votre cours, que ça conduisent les jeunes à voter ! C'est une position idéologique.
Mais ça ne me pose pas un problème existentiel : c'est l'école de la République, avec tous ses présupposés, et ceux des disciplines qu'elle enseigne.
Je crois que le nouveau programme (je le compare seulement à ce qu'il me reste de mes souvenirs du lycée) est construit moins dans une démarche disciplinaire et scientifique que dans le prolongement du socle commun : on veut apprendre à se construire, acquérir une culture scientifique; Bref, je ne me lancerai pas dans l'herméneutique de ces nouveaux enjeux des programmes, mais j'en ressens l'influence très forte à la lecture de ce programme de SVT. On a le sentiment que maintenant il va y avoir une finalité civique à la SVT (étant donné le degré extrême d'homophobie chez certains jeunes, c'est peut-être, j'y reviens, ce qui a pu influencer ce choix du programme ?). On retrouve aussi l'idée de pluridisciplinarité vers laquelle on est sensé allé de plus en plus - d'ailleurs, pour l'enseignement de l'histoire des arts, on va certainement faire appel aux coupes observées au microscope, c'est pas prévu ça ?? ;)
J'avoue que je n'ai pas d'opinion tranchée sur la question : quelle doit être la finalité du cours de SVT? Est-ce seulement construire des concepts scientifique ? Est ce aussi amener à réfléchir à l'identité sexuelle, à la sexualité, en termes plus larges, excédant évidemment la SVT ? Si tel est le cas, l'idée de convier le prof de SES pour une approche à plusieurs voix me paraît intéressante. Ce serait un prolongement réflexion/débat, suite au chapitre de SVT.
Et cela pourrait conduire à réfléchir sur les différentes méthodes scientifiques en sociologie/biologie. (bien sûr, en classe entière, le vendredi après midi, de 15h à 17h, dans une classe à 35 élèves, pour clore un chapitre relativement "chaud" du programme, hm, je sens que ça va les passionner !!!).
Bises

7. Le vendredi, juillet 8 2011, 10:26 par François Nautré

§7, Cela, c’est biologique : nous sommes – sauf anomalies chromosomiques – homme ou femme dès les 1ers instants de notre vie in utero.

Il me semble que le point de discorde est là : biologiquement nous sommes tous mâle ou femelle. C'est ce qu'on appelle notre sexe.

Quant à notre genre – homme ou femme – la théorie du gender dit, si j'ai bien compris, qu'elle n'est pas biologiquement corrélée à notre sexe. L'association mâle <–> homme et femelle <–> femme serait seulement un construit social, et non une prédisposition biologique.

8. Le jeudi, novembre 17 2011, 21:44 par Dominique

Et pourquoi pas se référer à la Bible puis qu'on est tous plus ou moins catho ici. C'est dans les premières pages de la Bible que j'ai trouvé le plus ancienne théorie du genre (et à mon avis la plus complète): Genèse 1.10: "Dieu créa l'être humain à son image, mâle et femelle il les créa". Ce verset est régulièrement traduit-trahi par "homme et femme il les créa" mais demande à un hébraïste ou simplement cherche dans l'inter-linéaire, il s'agit bien de mâle et femelle et non pas d'homme et femme. quelques versets plus loin (genèse 2.18) voilà que Dieu s'avise de vouloir faire à cet "Adam" "une aide en face de lui" et du plus profond de son sommeil il tire "l'autre": la femme et de ce fait il devient lui l'homme (dans le sens masculin)(genèse 2.21-23). Quelle magnifique façon de dire qu'on nait mâle et femelle alors que homme ou femme on le devient. Ce n'est pas la même chose même si dans la très grande majorité des cas l'homme se construit sur un substrat biologique mâle et la femme sur un substrat biologique femelle. Et d'ailleurs aussi bien ce substrat biologique que cette construction est un don de Dieu. Voilà en quoi cette théorie du genre est tellement plus complète que toutes les autres. La Bible, en plus, nous fait remarquer la dissymétrie des deux situations: dans nos cultures masculino-centrées la femme EST l'autre alors que l'homme advient car il est face à l'autre.
Quelle extraordinaire richesse que ces textes, je n'aurai jamais fini de rendre grâce !

9. Le mardi, novembre 22 2011, 23:23 par Zabou

Tout à fait Dominique : parfaitement d'accord pour les textes de la Bible ! 

Mais, justement, le but était ici de parler de la question d'à côté si j'ose dire... :-) 

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