Sur le Camino 2011 – Sorde l’Abbaye -> Saint-Palais (part.2 : Eglise et Camino).
Par Zabou le lundi, octobre 10 2011, 23:39 - Lien permanent
Si j’ai pu me poser et prier ce midi dans l’église d’Arancou ; si j’ai eu la chance d’y être accueillie par un paroissien qui m’a montré quelques-unes de ses merveilles, je n’ai pas toujours eu cette chance sur le Camino. Souvent les églises sont fermées, pour cause de vol. Et que dire des horaires de messe improbables ? Des propositions de prière trop souvent inexistantes sur ce chemin si peu fréquenté que j’ai suivi ?
Mais voilà que ce soir, en arrivant à ma ville étape, ô joie, j’ai croisé un prêtre. Et que celui-ci a détourné la tête en me voyant…
Pourtant, j’avais le look pèlerin(e) à donf : le short / tee-shirt, le gros sac à dos muni d’une coquille, les sandales aux pieds (n’en déplaise à la blogueuse des petits riens !), dégoulinante de sueur et la figure toute pleine de soleil. Et, en plus, sur ce Camino, souhaitant me situer clairement comme étant dans une démarche de pèlerinage, j’avais ajouté une croix en bois autour du cou, bien plus visible que mon habituelle croix de Taizé. Ostensible sans ostentation quoi. Bref.
Ce prêtre s’est détourné… Et je ne le jugerai pas, tant plein de raisons inconnues peuvent expliquer ce geste. Mais je m’interroge sur la place que donne l’Eglise catholique au Chemin de St Jacques de Compostelle.
Il paraît qu’en Espagne, ou sur les routes françaises les plus fréquentées, c’est assez différent : c’est sans doute vrai. Mais sur la voie de Tours…. Pourtant, le pèlerin est en général un chercheur. Se mettre en route est déjà un acte fort.
Quelqu’un qui marche est souvent en quête de quelque
chose, pour changer, pour réfléchir… Mais cette année, je n’ai croisé que des athées, des
agnostiques et des personnes versées dans le New age : cela vaudrait peut-être le coup de proposer à tous ces passants d'un jour une
quête de Quelqu’un ? D’assurer une présence d’Eglise plus forte ? Une
messe des pèlerins ? Un office à l’occasion ? Suivi d’un
apéro ? D’une visite de l’église ? Je ne sais pas trop… Mais il y
a certainement à faire, et beaucoup à faire pour réconcilier Eglise et
pèlerins.
Enfin, quand je dis « Eglise », je dis aussi, et tout autant, « je ».
Oser dire à l’occasion « je suis catholique. » Et préciser « Pratiquante », ça jette parfois un froid à table. Mais, accompagné d’un grand sourire, ça passe presque toujours, surtout si l’on a déjà partagé ensemble quelques moments.
Il ne s’agit pas d’imposer un carcan ; d’imposer des normes ;
Ou pire, de se donner un genre,
De se poser en justicière étoilée donneuse de leçons,
… Ce que, pèlerine pécheresse, je ne saurais être !
Il s’agit de dire, d’oser dire, seulement et simplement,
De proposer, de montrer mais surtout de vivre,
D’incarner le plus heureusement possible l'Amour et la Foi en un Dieu tellement proche
Qu’il n’a pas hésité à se faire l’un de nous, et à donner Sa vie
Pour que nous, en marche, nous Vivions en abondance.
Commentaires
Mais c'est l'évangile du bon samaritain... le bon samaritain en moins ! et heureusement tu n'étais pas tombée sur des bandits, sinon quel aurait été le bon samaritain qui t'aurait ramassée ?... sans doute un travailleur immigré musulman, les musulmans étant nos samaritains, en un peu plus méprisés encore, évidemment.
Le premier degré de sainteté, le tout petit premier degré de sainteté, est, je pense, de supporter et d'endurer son Eglise, à l'imitation de la vie des Saints, qui, depuis les martyrs, sont bien souvent d'abord persécutés par leur propre Eglise, on songe à saint Padre Pio dans un passé encore récent, à saint Jean de la Croix, emprisonné par ses propres frères, et à sainte Thérèse d'Avila chassée de l'un de ses propres couvents qu'elle avait elle-même fondé, à l'image des saintes fondatrices du XIXe siècle qui furent bannies de leurs œuvres et dont la liste est singulièrement effarante.
Alors, oui, tu as vécu, lors de ce pèlerinage, l'évangile du bon samaritain, les coups de bâton en moins, rendons grâce !
Pourquoi t'as pas mis la photo de tes pieds alors ?
@ Lionel : ah, je n'y avais pas songé... mais Deo gratias, oui, bien sûr ! :-)
@ Anne-Claire : pourquoi ? Ca te fait plaisir à ce point que je le fasse ? (Celle que je t'avais envoyé date du surlendemain en plus, m'dame !)