Vous pouvez les encadrer, vous, les blogueurs cathos ?
Par Zabou le samedi, novembre 26 2011, 00:34 - Lien permanent
J.-M. Guénois a publié un tout récent article fort intéressant sur son blogue, intitulé « faut-il encadrer les blogueurs cathos ? ». Les connaisseurs de la #FASM savent qu’ils s’encadrent très bien les uns les autres autour de la matérialité de leur devise ora et bibe !
Enfin, revenons à nos moutons non de Panurge mais de blogues, brebis catholiques, et citons l’article :
« les conclusions de la conférence de l'expert théologique, le P. Henri-Jérôme Gagey de l'institut catholique de Paris m'ont laissée perplexes quand il a affirmé et confirmé en conférence de presse, qu'il convenait « de former les blogueurs catholiques ». Il existe en effet, comme dans toutes les religions, une petite centaine de blogueurs catholiques en France, un phénomène très actif à prendre en compte. Ils sont particulièrement dynamiques et de sensibilité plutôt classique. Ils échappent en tout état de cause à la hiérarchie épiscopale. […] Beaucoup d'évêques ont heureusement aussitôt compris l'inanité de cette idée en mettant en garde le P. Gagey contre le risque de « caporalisme » (sic) »
Bon, déjà, c’est faux, parce que Mgr Giraud, avec son diaire, ses délicieuses twittomélies, et ses messages privés sur twitter qui donnent le sourire, je ne crois pas que les blogueurs catholiques lui échappent réellement au tout nouveau président du Conseil pour la communication des évêques de France… et c’est heureux !
Plus sérieusement, je connais « en vrai »[1], une bonne partie des blogueurs catholiques français et l’affirmation du père Gagey me fait plutôt sourire… Avant tout parce que le blogueur catholique moyen – s’il existe ! – il est plutôt du genre « très engagé dans sa paroisse / dans un mouvement » et qu’il se forme le plus possible, avec ce qui lui est donné et ce qu’il est.
Mais je crois qu’il y a dans ces propos - s’ils sont toutefois justement rapportés - une méconnaissance plus profonde de ce qu’est la blogosphère catholique. Diverse dans ses sensibilités comme dans ses formes, elle converge pourtant dans le même désir de dire une Foi commune qui les anime. C’est le point de départ, l’Essentiel.
Si la blogosphère n’était faite que d’universitaires[2], ce serait une catastrophe : ce serait un peu comme dire que l’évangélisation, elle ne doit passer que par des docteurs en théologie. Ben… ben non. Sinon, ouch à l’Evangile !
La chance des blogues catholiques, c’est qu’ils ouvrent une possibilité inédite de dire le Christ avec des mots personnels, des mots de nos vies pour laisser y transparaître Celui qui est la Vie. Pour dire aussi aux absents de la messe dominicale, que Le suivre est un chemin de bonheur, qui n’est pas réservé aux coincés d’un autre âge qu’ils imaginent, semi-extraterrestres croyant en des valeurs aussi rigoristes qu’inaccessibles.
S’il est pourtant certain que nous sommes les uns et les autres principalement lus par des catholiques, je suis touchée depuis que j’ai ouvert ce blogue[3] par tous les échanges qu’il a permis. Je ne compte plus le nombre de conversations qui ont prolongé tel ou tel article, lu par des personnes souvent assez éloignées de l’Eglise et qui l’avaient croisé au détour d’un lien Facebook. Nous sommes, blogueurs, aux avant-postes… Je n’ai pas toujours la réponse à leurs questions mais ce que je peux partager avec eux, ce sont ma Foi, ma joie, ma vie, ma propre recherche et la croiser avec la leur : je peux vous dire que je garde vraiment en mon cœur certaines de ces conversations.
Il est bien sûr évident que chaque catholique doit avoir à cœur de se former, et en particulier tous ceux qui sont amenés à dire leur Foi d’une manière plus publique : mais cela procède d’une nécessité intérieure, de notre Foi elle-même dirais-je, d’un mouvement d’Amour qui pousse à mieux connaître Celui que nous servons. Mais cela n’est pas parce que nous aurons oublié le numéro d’un paragraphe pour citer le Catéchisme que nous n’aurons pas porté témoignage. Le plus souvent à notre insu, et c’est tant mieux.
J’aime bien la conclusion de J.-M. Guénois, alors je vous la cite pour finir :
Cette armée d'électrons libres peut certes déplaire à l'Eglise catholique, l'embarrasser ou la gêner tels des aiguillons. Mais elle lui rend un service qu'elle n'imagine pas sur la toile en assurant une présence « catholique » non officielle et très tonique. Car le propre des blogs et autres tweets est justement leur « a-institutionnalité ». Ils sont nés libres et doivent le rester. Loin de s'opposer, ils complètent la communication institutionnelle - elle-même en cours de réforme - de l'Eglise catholique
Commentaires
Ah ? "Connaître en vrai", pour toi, ça veut dire IRL ?
Moi je pensais qu'il suffisait d'être amis sur FaceBook ^^
Plus sérieusement, je crois que tous les blogueurs catholiques peuvent témoigner de ces échanges et de cette évangélisation réelle du "continent virtuel", au jour le jour, par la présence et par la parole. Quand je vois la qualité globale de ces "blogs cathos", je suis heureux. Ce serait chouette que tous les cathos non blogueurs - il y en a, si si, j'vous jure - soient capables de témoigner de leur foi avec cette simplicité et cette qualité de formation.
Merci Zabou pour cet article, un régal au réveil !
Comme je me retrouve dans ton témoignage. J'avoue que j'ai été (agréablement) surprise, en me lançant dans un blog, de découvrir d'autres blogueurs qui affirmaient leur foi, souvent très profondément, et que j'ai là puisé force et réflexion. Cela m'a donné un peu d'assurance pour y apporter aussi quelques notes personnelles.
Merci à tous ceux qui contribuent ainsi à un témoignage de foi et d'Eglise.
Et bon Avent à tous
nihil obstat #prêtreaudelàduterritoiredesaparoisse
Juste pour prolonger un peu ... parce que je ne crois pas sérieusement deux minutes que quelque ecclésiastique ait songé à nous recadrer... Sur le sujet des prêtres-blogueurs (celui du dessus se reconnaitra), ça pose une question d'ecclésiologie super intéressante, quant à la sphère d'autorité et de responsabilité pastorale, sur la territorialité, tout ça... dans la limite où ce qui déborde de la zone pastorale du prêtre est seulement sa parole, mais pas des sacrements. Qu'il soit curé ou vicaire, qu'emporte-t-il même de la mission de son évêque au-delà de la de son diocèse ? Dans ce cas, peut-on encore dire "là où est l'évêque" ? etc, etc...
La présence virtuelle, comme ça, pourrait paraitre un peu inédite dans l'histoire, pourtant on se rappelle pratiquement chaque dimanche à la messe que Saint Paul communiquait aussi ses enseignements à distance, par des lettres. Toutefois, il y avait une adresse, un destinataire identifié, ce qui n'est pas le cas avec le blog. Et pourtant... pourtant, nous utilisons bien aujourd'hui les épitres comme si elles émanaient d'un blog : nous ne sommes pas ses premiers destinataires, mais nous prenons leurs contenus pour nous quand même. Enfin bref.
@Pneumatis Sissi, c'est pas mal ton idée : , il y a bien un destinataire identifié, même s'il n'est pas géographique. D'accord avec toi sur la sur-interprétation de JMG vis-à-vis de la réflexion gageyenne : pas choquant d'espérer une formation plus poussée pour ceux qui engagent - ne serait-ce qu'infimement - l'Église. Voire (interprétation d'@mgrgiraud) de les soutenir.
Quant à la conclusion de Jean-Marie Guénois, je suis d'accord avec le fond (sans la 1ère phrase...), mais j'espère et je pense qu'il projette quelque chose de faux sur l'Église : embarras et gêne me semblent largement surpassés par soutien et espoir.
Oui, un peu plus de visage découverts serait plus honnête. Et un peu moins d'amusement et d'ironie. Plus de sérieux, de gravité envers la mission à remplir. Ce n'est pas un "divertissement". Trop de blogueurs catholiques le prennent sur ce ton.
Il n'y a pas de "lol" ou de "Ben… ben non" dans les lettres de saint Paul.
Je suis d'accord avec Pneumatis : la blogosphère, c'est tout de même un nouveau territoire pastoral. Il peut être pertinent de réfléchir aux liens entre la structure ecclésiale et cet ensemble informel des "blogueurs cathos". Il est bien entendu très difficile de le structurer et de le définir très précisément (Est-ce que moi, qui publie de la poésie et quelques réflexions philosophiques, je suis un 'blogueur catho' ?) ; mais d'un autre côté, le fait que n'importe qui puisse ouvrir un blog sous l'étiquette "catho" pour y afficher toutes sortes d'opinions, sans se soucier d'être en cohérence avec la doctrine de l'Eglise, voire parfois avec l'Evangile, ça pose un vrai problème ! Et ce n'est pas, à mon sens, un très bon témoignage envers les personnes en recherche.
Peut-être qu'un évêque délégué à la question de l'évangélisation sur internet pourrait ouvrir une liste de diffusion à laquelle pourrait s'inscrire les blogueurs cathos, et qui permettrait ainsi une formation continue et sur la base du volontariat ? Des rencontres annuelles "en vrai" (ou IRL pour les plus geeks d'entre-nous) seraient aussi une bonne chose. Enfin bon, je propose comme ça à la volée, je n'ai aucune prétention à détenir LA solution, hein. Moi, mon boulot, c'est de soulever des problèmes…
Merci pour cet article sympa auquel je souscris. Il ne faut pas en vouloir au P. Gagey : on ne peut pas être expert en tout... (il est expert en théologie, peut-être pas en blogosphere...)
Dommage que les réunions de la Fasm aient lieu à Paris...
Bonne soirée !
Rien ne nous intéresse davantage que lorsque l'on nous parle de nous-mêmes.
C'est à dire nos défauts, nos manies, nos lubies, nos vices, nos obsessions, nos blogs.
Simplement quelques mots en réponse à ces commentaires qui en demanderaient certainement plus.
Il est clair que la blogosphère, relativement nouvelle, a encore à être réellement prise en compte dans tout ce qu'elle implique et dont nous n'avons peut-être même pas encore conscience aujourd'hui. En cela et en plein d'autres points, la réflexion au niveau épiscopal me semble très importante.
Toutefois pour le problème de l'autorité de la parole, que cela soit pour un prêtre ou pour un laïc, je ne sais pas... Il ne me semble pas qu'un bloggueur catholique ait la prétention de parler au nom de l'Eglise. Il parle plutôt en son nom propre, en tant que catholique et selon sa vocation propre : je pense que la nuance est ici importante et même essentielle.
De plus, il me semble aussi qu'un bloggueur qui ne serait pas "en phase" ou pas assez solide dans sa foi serait très vite décrédibilisé sur la blogosphère catholique.
Par ailleurs, il me semble important aussi de nous montrer humbles, en recherche également, n'ayant pas réponse à tout : nous sommes avant tout des disciples et des pécheurs ; nous ne nous exprimons pas comme le Christ qui parlait "en personne qui a de l'autorité". Et j'imagine par exemple très bien un catéchumène témoignant de son cheminement sur un blogue : ce serait passionnant et pertinent de lire sa démarche, dans ses hauts et ses bas. Bien sûr, dire cela n'exclue pas, comme je le disais à la fin du billet, de chercher à toujours mieux se former ! ;-)
Enfin, deux réponses plus personnelles :
@ Lionel : très certainement, malheureusement... mais bon, je trouve tout de même cela intéressant
@ Vivien : j'ai du mal à comprendre votre commentaire. Déjà, il n'est pas question de "visages découverts" ici, ni de la question du pseudonymat : si je blogue sous mon surnom, il suffit d'une recherche google pour l'associer à mon vrai nom ; et réciproquement. Et les bloggueurs catholiques se rencontrent souvent "en vrai" entre eux : rien de caché là dedans. De plus, il n'y a pas de "lol" ici mais certes un "ben... ben non" mais je n'ai jamais eu la prétention d'être Saint Paul ! Je suis simplement Zabou, catholique et heureuse de l'être, en profondeur. Dans les fruits de l'Esprit Saint, il n'y a pas le "divertissement" mais il y a la joie : je crois que j'en ai reçu ma part, une part qui ne me sera pas enlevée : est-ce péché que vouloir la partager ?