Zabou the terrible

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

Il se sauva tout nu !

On peut suivre via Facebook aussi !

 

« Les disciples l'abandonnèrent et s'enfuirent tous.

Or, un jeune homme suivait Jésus ; il n'avait pour vêtement qu'un drap. On le saisit. Mais lui, lâchant le drap, se sauva tout nu. »

 

S’imaginer la scène prête toujours un peu à sourire tant on se demande ce qu’elle vient faire là (enfin, on se demande… « je » me demande plutôt : je n’oserais vous prêter les pensées farfelues qui me traversent trop souvent l’esprit pendant les lectures ou l’Evangile !) : on dirait une anecdote, une légère digression inintéressante du narrateur, à moins qu’elle n’ait un but strictement narratif, pour mieux faire ressortir le reste.

 

En la réentendant, en la relisant, je l’ai enfin un peu mieux écoutée et regardée.

 

Ce jeune homme, il a suivi Jésus, mais il le faisait couvert, caché. Certes d’un seul et unique drap mais couvert quand même.

 

Quand on le saisit, le voile tombe et il n’ose plus suivre ce Christ qu’il suivait – certes, les autres disciples ne valent pas mieux, mais il n’empêche.   

 

Ce jeune homme, il suivait le Christ ; mais il n’a pas osé le suivre dans toute sa vérité, dans toute sa pauvreté et là, c’est la vérité de son chemin qui éclate : il a peur, il ne saurait s’exposer à l’Amour. Cet Amour qui demande toujours de prendre le risque de la nudité, d’être vrai.

 

Ce jeune homme qui suivait le Christ, c’est bien sûr nous aussi.

 

Ce jeune homme, c’est le courage, la foi, le désir de suivre le Christ qui nous habitent – ou qui ne nous habitent même pas, parfois ;

Mais nous le parons comme lui de draps, de voiles, d’ornements superflus qui empêchent la vérité de notre être.

On a trop souvent la pétoche d’un Dieu qui n’est qu’Amour. 

 

Une semaine nous est donnée pour suivre le Christ à découvert.

Une semaine pour arracher ces voiles qui sont autant de filtres déformants entre le Christ et nous ;

Une semaine pour gagner en justesse, pour parfaire cette nudité du coeur profond qui a nom humilité ;

Une semaine pour oser s’exposer de tout notre être à l’Amour qui se dit jusque sur la folie de la croix et qui explose dans la lumière de Pâques.

 

Une semaine non pour se sauver, mais pour s’approcher nu de Lui.

 

Bonne grande Semaine Sainte !

 

Commentaires

1. Le dimanche, avril 1 2012, 08:22 par cybersister

J'aime bien la lecture que tu fais de ce "détail" auquel on ne s'attarde, pas en effet. Oser laisser tomber le voile... Pas facile.
Et la morale de l'histoire, c'est... marchons tout nus ?... Tu es sûre qu'on ne risque pas quelques soucis ?

2. Le dimanche, avril 1 2012, 13:50 par Nitt

+ 1 pour Cybersister.

Belle Semaine Sainte Zabou !

3. Le dimanche, avril 1 2012, 13:55 par s.u.père François

Pourquoi j'ai en tête la chanson "tout nu et tout bronzé..." ?
Une chose est sûre tu n'es pas favorable au port du voile (mais que vont faire les carmélites ?)

4. Le dimanche, avril 1 2012, 14:07 par Corine

Belle semaine sainte à tous! Osons dévoiler... :-)

5. Le dimanche, avril 1 2012, 18:06 par Anne-Claire

Et ce matin, en entendant cette phrase à laquelle je n'avais jamais prêté réellement attention, sourire, forcément. Et j'aime bien ce que tu en dis...

6. Le dimanche, avril 1 2012, 19:39 par C.S. Indhal

Ouf ! C'est une lecture sous forme d'invitation exigeante, que tu nous fais là !
Moi qui me contente de rigoler à la lecture de cette anecdote - et de me dire que nous aussi, nous aurions peut-être bien tout laisser tomber pour fuir, pour abandonner le Christ face au danger…
J'ai le droit de garder mon pseudo et de continuer à me cacher (un peu) derrière, même durant cette semaine sainte ? ;-)
Bonne marche vers Pâques et vers le Christ… dans l'humilité d'être simplement et totalement soi face à Lui et à Son amour !

7. Le dimanche, avril 1 2012, 23:41 par Vieil imbécile

Eh bien, t'es dure avec lui... il sortait à peine de sa douche, il a vu son rabbi arrêté, il s'est précipité sans prendre le temps de s'habiller (peut-être est-il fiancé à une vierge folle ?), les autres se sont enfuis, lui il a eu le courage de continuer à suivre (à moins qu'il n'ait pas osé courir avec son drap ?) et ce n'est qu'une fois tout nu qu'il put prendre enfin ses jambes à son cou (on imagine la scène...). Et il connut qu'il était nu. Croisement du vieil Adam et du nouvel Adam. Effacement de l'un au profit de l'autre, rappel de l'autre chassé-croisé, celui avec Jean le Baptiste.

Mais non, bien sûr, c'est toi qui as raison. Ce dévoilement préfigure le nôtre au jour du Jugement, dévoilement qui mettra à jour notre dévoiement, qui mettra en jeu notre tentation de refuser "la vérité de notre être". Pétoche non pas du Dieu Amour, mais de la mise au ciel de tout le mal qu'on a fait, de tout le bien qu'on n'a pas fait ; de la confrontation entre nos actes pitoyables et la merveille que nous sommes...

Merci pour cette réflexion qui en appelle tant d'autres ! Et bonne Semaine Sainte à toi aussi !

8. Le lundi, avril 2 2012, 15:04 par Tigreek

Lire ce texte, et ce verset qu'on pourrait qualifier de saugrenu, dans ce passage, me fait parfois penser à la célèbre photo d'une petite fille courant nue, bouche grande ouverte dans un cri de peur (ou de douleur ?), fuyant devant le bombardement de son village au napalm. Elle fuyait, elle aussi, comme le jeune homme. Elle fuyait, de terreur devant la mort qui s'abattait. Pour moi, la violence de ce passage n'est pas dans la fuite, instinct de survie souvent plus rapide que notre raison. Non, ce qui est terrible comme geste je trouve, c'est la façon dont il se retrouve nu : "on le saisit"...

Certes, c'est une lecture à contrepoint, un peu défaitiste peut-être ; mais le chemin de Pâques passe par Gethsémani et le Golgotha. Un combat contre ses peurs et contre les peurs des autres, aussi...

9. Le mercredi, avril 4 2012, 20:22 par Zabou

Je m'amuse beaucoup a posteriori de tous ceux qui m'ont dit y avoir pensé pendant la messe à cause de moi :-p ! 

@ Cybersister : si on marche vers Dieu et qu'il n'y a que Lui qui voit notre nudité... pas de soucis, non ? ;-) 

@ s.u. père François : elles créeront le voile transparent ! 

@ C.S. Indhal : hmmm, pas sûr, pas sûr ! 

@ Tigreek : et c'est tout de même beau de voir comment le texte biblique est susceptible de nous parler, de nous toucher différemment. Merci de ta lecture ! 

@ tous : bon, joyeux et saint Triduum ! 

Ajouter un commentaire

Les commentaires peuvent être formatés en utilisant une syntaxe wiki simplifiée.

La discussion continue ailleurs

URL de rétrolien : http://www.zabou-the-terrible.fr/trackback/1252

Fil des commentaires de ce billet