Zabou the terrible

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

Marcher en crête

On peut suivre via Facebook aussi !


 

Je ne suis pas de ceux qui tutoient les sommets mais je connais le monde des cimes.

 

Je connais surtout ces lignes de crêtes, ces lignes étroites, sises entre deux précipices où l’on ne peut avancer qu’en funambule.

Je connais ces bourrasques qui t’emportent d’un côté ou de l’autre, ces coups de vent, ces coups de sang qui te font chavirer d’un côté, puis soudain de l’autre, sans jamais savoir si tu pourras te rattraper.

Je connais la peur du vide, cette peur qui n’est pas vertige a priori mais vertige devant la profondeur, la gravité du fait, qui t’entraîne.

Je connais la douleur des égratignures du côté, juste dans ces ronces venues là on ne sait pas trop comment. Mais présentes.

Je connais la peur de poser ce pas-là, de dire cette parole-là, cette peur de mal ajuster ton sac parce que le poids risque de t’entraîner, de te faire lourdement chuter.

Je la connais si bien cette ligne de crête, avec tous ses détours dangereux, que je n’aime pas m’y avancer. Mais son passage vient toujours au détour d’un chemin qui la cachait.

Et pour aller plus loin, pour avancer, il faut s’y risquer.

 

Il y a certes cette corde qui te rattache à ton guide mais, avec le brouillard qui caractérise la ligne de crête, tu ne la vois plus vraiment.

Il ne te reste que le baudrier de la confiance autour de la taille, qui te ceint les reins.

Rien d’autre ;

Et pourtant, tu entends les bourrasques souffler et tu te sens désarçonné.

Tu ne vois pas grand-chose dans le brouillard ;

Tu n’entends pas grand-chose dans la tempête ;

Tu cherches alors à t’intéresser au petit, toi qui voudrais tant découvrir le Grand mais te perds dans l’immensité ;

Tu prêtes attention aux étincelles ;

Tu prêtes attention à ces tout petits bruits et, dès que tu le peux, à leur contrepoint du silence ;

Mais tout cela ne suffit pas tant les vents violents continuent à fouetter ton visage.

 

Tu n’as vraiment plus que ce seul baudrier et tu le regardes :

Tu le trouves bien serré, bien ajusté autour de ta taille :

Et, soudain, bêtement, cela te redonne confiance.

 

Et la claque de la rafale fait naître un étrange sourire sur ton visage :

Pas ce sourire que tu arbores habituellement, ni un sourire forcé.

C’est autre chose.

 

C’est le sourire du funambule des tempêtes,

De celui qui a remis sa confiance à l’artiste aérien par excellence,

À cet orfèvre de l’altitude qui donne légèreté dans la gravité, poids dans l’évanescence, confiance sur la crête,

 Au pleinement divin et pleinement humain ;

 

C’est le sourire de celui qui Lui donne ses surpoids, ses surcharges, pour apprendre à marcher par tous les temps.

Car demain, il faudra continuer avec le baudrier,

Et, pour cela, encore mieux se laisser ajuster.

 

Commentaires

1. Le samedi, septembre 29 2012, 10:06 par Henri

Bon dimanche et bonne semaine avec Lui.

2. Le samedi, septembre 29 2012, 20:55 par Eliette

Magnifique Zabou. Merci! Ca décoiffe ;)

3. Le vendredi, octobre 5 2012, 12:04 par France

De qui est-ce? Magnifique, merci!

4. Le lundi, octobre 8 2012, 21:23 par Zabou

@ France : euh, de moi, tout simplement. 

Ajouter un commentaire

Les commentaires peuvent être formatés en utilisant une syntaxe wiki simplifiée.

La discussion continue ailleurs

URL de rétrolien : http://www.zabou-the-terrible.fr/trackback/1319

Fil des commentaires de ce billet