Zabou the terrible

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Méfiance ? Il t’a dit « confiance » !

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Discussions de fil en aiguille en salle des profs :

Diversité des sujets – même si nombreux sont ceux plus ou moins tabous ; diversité des personnes que l’on y rencontre…

 

Quand on est jeune stagiaire, le principal sujet de discussion, ce sont surtout beaucoup de collègues qui viennent spontanément nous éclairer de leur expérience d’ancien dans le métier.

 

Je reçois toujours avec joie ces conseils, quand bien même je sens qu’ils ne « colleraient » pas avec ma façon d’être, de faire, d’enseigner tant les trois sont liés. On ne peut en effet enseigner qu’avec ce qu’on est, qu’avec qui on est. Mais cela procède d’un vrai bon sentiment, celui d’éviter au jeune impétrant de tomber dans les terribles pièges du métier, si nombreux qu’on a parfois l’impression que le chemin vers le niveau « enseignant à peu près correct » est semé d’embûches ! Alors, j’écoute chacun…

 

Parfois, et le plus souvent, la discussion est joyeuse !

Parfois, a contrario, la rencontre est décapante tant l’expérience est terrifiante.

Et, parfois, elle est… surprenante.

 

Ainsi de cette collègue qui m’expliqua tout au long d’un trajet effectué en commun que le seul mot d’ordre à avoir, partout, était « méfiance » :

Méfiance vis-à-vis des collègues,

Méfiance vis-à-vis des élèves,

Méfiance vis-à-vis de l’administration.

 

« Tu as quel âge ? T’es bien jeune, p’tite, avec ce sourire que tu arbores toujours. Méfiance ! »

… Oui, et ?

Pourquoi me méfierais-je ?

 

Tu sais, chère collègue, moi, un jour, j’ai entendu dans le plus profond de mon cœur, en priant, comme une voix qui me disait « confiance ! » ;

Elle était douce et elle était belle, cette voix, même si elle était exigeante.

Et, aussi curieux que cela puisse te paraître, depuis ce jour-là, j’ai choisi d’apprendre à vivre cette Confiance et dans cette confiance, toujours et partout.

 

Ne te méprends pas sur ce que je raconte : ne pas être méfiant n’est pas être naïf. Il est clair que je ne dis pas grand chose sur moi en salle des profs, que je ne dis pas grand chose non plus à mes élèves et que ces derniers ne sont pas mes potes mais mes élèves, justement.

 

À partir de ces éléments de simple bon sens, il y a un truc auquel on tient quand on est catho, cela s’appelle le discernement : y a plein d’astuces mais la première et la primordiale, c’est de prier ses actes.

 

Je ne suis pas une supercatho-woman, loin de là, et, parfois, j’oublie mais, dans l’ensemble, pour toutes les choses importantes, je m’y tiens. Et mes décisions concernant mon nouveau travail en font partie.

 

Parmi ces décisions, vois-tu, il y a celle d’oser la confiance, de la choisir délibérément, quand bien même elle sera ou serait blessée –

Parce qu’il peut, effectivement, difficilement en être autrement au sein du monde ;
Mais, même là, quand elle est érodée, d’oser encore la donner, la redonner, sans cesse :

Avec discernement, certes, mais sans méfiance.  

 

De croire en l’homme, de croire en l’élève même le plus perfide,

Parce que Dieu croit en lui comme il croit en moi ;

Comme il croit en toi, aussi, d’ailleurs ;

Et qu’Il te fait – démesurément – confiance.  

 

 

Commentaires

1. Le samedi, octobre 20 2012, 08:38 par David

ouais ben méfiance quand même, hein ;)

plus sérieusement, parfois, la résistance du "système" évite (mais gâche aussi) la force d'une relation interpersonnelle... tout un équilibre. :)

2. Le samedi, octobre 20 2012, 11:16 par Corine

Ton billet a le joli goût de mes débuts...j'ai croisé la même collègue, et même si l'établissement était catholique ;-). Je peux te donner un conseil (...un peu fiable, je teste depuis 20 ans...quand même ;-) ): garde la confiance. Elle est mise à l'épreuve, souvent mais ouais. c'est ça. Garde-la bien. :-)

3. Le samedi, octobre 20 2012, 15:26 par Lucie de Passage

Le système de titularisation puis d'évaluation des professeurs, et même les relations interpersonnelles dans la communauté éducative ainsi que le fonctionnement des établissements, met souvent en place un jeu de surveillance mutuelle entre les différents personnels. C'est un fait, il est plus ou moins étendu, donc certains personnels de l'EN n'en font pas l'expérience. Quand on a fait cette expérience, on en a rien à secouer de l'avis de ceux qui nieraient la réalité de ce fait : on l'a soi-même expérimenté à suffisamment de reprises pour l'avoir cerné, constaté chez soi, chez d'autres, partagé avec d'autres, pour en avoir une idée assez objective. Cela n'empêche pas d'avoir confiance en soi, en son métier, sa vocation, ses valeurs, en certains collègues, évidemment. C'est simplement un constat sur le fonctionnement de certains établissement, sur les déviances potentielles en germe dans tout établissement, à cause de sa structure organisationnelle et celle du ministère entier. Le dire n'invalide pas une attitude de confiance dans sa vie, dans le sens de son métier, etc. Ce message n'est pas un conseil de plus, et désolée s'il en produit l'effet, et te paraît donc aussi lourd que les autres témoignages de collègues. Je comprends que quand ça se passe bien, on ait pas forcément envie de recevoir de conseils. Quand ça se passe mal, on n'a que cela pour se raccrocher ! Et les formations IUFM sont sans doute superflues pour les uns et bien insuffisantes pour les autres, "les uns" et "les autres" étant en partie construits par des situations dans lesquelles l'institution les a placés.

4. Le dimanche, octobre 21 2012, 21:24 par Isabelle

J'admire! Merci

5. Le lundi, octobre 22 2012, 23:35 par Zabou

Tout un jeu d'équilibre, ça oui, je le crois ! 

En fait, @L., j'ai justement pu tester ce système - si désagréable... - de surveillance mutuelle dans mon établissement en m'apercevant très vite que tous mes collègues étaient vite au courant de mes moindres faits et gestes. Et c'est pour cela que je parle de "discernement" et que, dans les faits, je parle vraiment très peu en salle des profs. 

Maintenant, je ne suis pas d'accord avec cette collègue concernant la méfiance. Pour moi, mettre en place la méfiance, que cela soit dans les relations avec les collègues ou avec les élèves, c'est biaiser dès le départ la relation en ne cherchant pas à la placer dans la justice et dans la justesse. Se méfier dès le départ - malgré la situation réelle - empêche ce que David nomme "la force d'une relation interpersonnelle" puisqu'on ne la situe pas dans la vérité. Et, oui, cela me gêne et notamment parce que je suis chrétienne. 

Sinon, je ne considère pas les conseils comme lourds comme je le dis dans mon billet car je ne considère pas que cela se passe bien mais je ne considère pas que cela se passe mal non plus. J'apprends jour après jour à enseigner ! 

Pour l'IUFM enfin, ce n'est pas le sujet de ce billet mais ne crois pas que je râle tant après elle parce que je m'estime supérieure, absolument pas. Tant mieux si, toi, tu avais pu y bénéficier de vraies formations au contenu solide... Moi, j'aimerais bien qu'on m'y apprenne vraiment quelque chose, je ne considère pas savoir enseigner ! Mais, depuis le début, je n'ai pu que constater l'inanité des formations proposées. Alors, oui, je râle après le temps que j'y perds. 

6. Le mardi, octobre 23 2012, 20:29 par L.d.P. (zut il me manque un g dans un miroir).

Hé bien c'est affreux à dire, mais lire les premières lignes de ton commentaire m'a fait frémir, flash back dans le "KGB national". Moi aussi la méfiance me gênait profondément, mais j'avais payé un peu cher la confiance... Il fallait que j'arrive à appréhender, avant de parler ou d'agir, quel allait être l'impact du dit sur l'image que je donnais avec toutes les conséquences que cela pouvait avoir. En fait, j'ai pu mesurer dans la douleur à quel point j'aimais la sincérité et la spontanéité et combien elles étaient précieuses. Mais après, je pense comme toi qu'il faut essayer de mettre d'abord de la confiance là où c'est possible, mais franchement, pour moi ça n'a pas été beaucoup possible !!! Après, il y a plein de bonnes expériences aussi, mais on est bien obligé de tirer des conclusions des mauvaises, tout simplement pour se protéger, et pour essayer de les partager et de faire bouger les choses. Je comprends tout à fait ton exaspération devant l'IUFM, je dois dire que chez moi il y avait aussi des formateurs fidèles et très compétents, qui finalement m'ont appris plein de choses, au milieu de beaucoup d'inadaptation à nos besoins les plus urgents. Les contenus étaient généralement intéressants mais à long terme, et vraiment ce n'était pas le moment. Je suis sûre que tu essaies de le vivre le plus positivement possible : au moins on a des échanges avec les autres, le temps de souffler, de laisser émerger les émotions, réactions et analyses de la semaine, en faisant semblant de regarder le powerpoint... Car oui, le jeu d'image était aussi présent (dans ce petit monde...).

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