Si tu pries dans la ville - de la durée et des hommes
Par Zabou le samedi, décembre 29 2012, 14:00 - Lien permanent
« Si tu pries dans la ville, tu n’y viens pas en touriste ni pour y faire des expériences. Si ton Seigneur t’appelle là, enracine-toi dans le quotidien, entends le Christ qui te parle de persévérance, de perte de vie. Laisse-toi façonner par ce réel (monotonie des jours, du travail, des transports, pauvreté des rapports humains, mais aussi richesse des solidarités, des amitiés). Tu es embarqué pour une longue aventure. Le Seigneur est le maître du temps. Sois patient. […]
Si tu pries dans la ville, c’est que tu y cherches d’abord le Seigneur. Tu es là pour lui qui t’a aimé le premier. Mais si tu es ici et non ailleurs, c’est aussi pour ces hommes et ces femmes. Tu es l’un d’entre eux. Tu es leur voix devant Lui. A chaque instant, tu les portes. Tu partages leurs fatigues, leurs soucis concernant leur santé, leur avenir, le travail, la crise économique, les incertitudes politiques, le chômage de leurs enfants… Toutes ces icônes défigurées, tous ces êtres créés à l’image de Dieu et à sa ressemblance. « Le christianisme est la religion des visages » (Olivier Clément). Ta prière restaure ces icônes et tu seras émerveillé de les voir sourire, retrouver leur visage d’enfant. Ce Portugais dont tu serres la main tous les matins, cet enfant mal-aimé qui te saute au cou, cette voisine qui vient te confier la santé de sa fille accidentée, ce drogué dépressif qui n’espère plus sa libération, cette manifestation qui passe…
Ne méprise personne, jamais. « Ne jugez pas ». Assume, intercède, adore, brûle comme le cierge, petite lumière dans la nuit. Laisse-toi évangéliser par les pauvres. Bien souvent tu découvriras l’Esprit à l’œuvre et des gestes d’amour dont tu te sais incapable. Accepte de recevoir. Tu es venu apprendre à prier dans les conditions ordinaires de la vie. Avec les hommes, pour eux. »
Mgr Guy Gaucher, cité dans Sources vives (nov. 2012), p. 120-121
Commentaires
Vaste programme!!! Mais que c'est beau!
Dans les paroisses que je fréquente, le lundi de Pentecôte, on organise une "prière oecuménique pour les villes". Au début, je ne comprenais pas : pourquoi prier pour les villes, plutôt que pour les campagnes d'où je venais ? Qu'est ce que ça change ? Et puis peu à peu j'ai saisi que le beau, dans la ville, il faut le trouver, et c'est peut-être moins facile qu'en pleine campagne où souvent, il suffit de lever le nez.
Alors, chaque année, j'entends la souffrance des chômeurs, des malades, des immigrés, des sans-voix, de ceux que la ville pourrait si facilement broyer... Plus que l'entendre je voudrais l'écouter, l'accueillir ! Et chaque année j'essaie de leur répondre l'espoir, le beau, l'enthousiasme, la joie qui peut déborder de chacun. L'Esprit, quoi ! Et pour pouvoir le dire sincèrement, il faut arriver à le vivre. Pour de vrai !
Bref. Je crois que je suis un peu hors-sujet, je te prie de m'en excuser. Il m'a parlé, ce chouette texte, il m'a fait penser à ce moment particulier
Hmm, parce que tu crois vraiment, chère Tigreek, être hors-sujet ? :-)
Merci au contraire de ce témoignage et lumineuse année à toi !
Jérusalem, Jérusalem, Jérusalem...
Bonne et sainte année dans la ville, Isabelle !
Merci, à toi aussi ! :-)