États généraux de silence pour chacun
Par Zabou le jeudi, janvier 17 2013, 23:38 - Lien permanent
Ca chauffe…
Un lien posté sur Facebook, un mot trop haut, un mot plus ou moins rigolo et, hop, ce n’est plus la critique constructive, le débat d’idées, ça dérive en quelques instants.
Ca chauffe… et ça clashe parfois.
Et j’en suis triste.
J’en suis triste parce c’est déjà signe que, même si j’ai veillé à ce que rien de ce j’ai pu partager ici ou là ne porte de critiques contre les êtres, eh bien, je n’ai pas veillé assez pour que cela soit perçu comme tel.
C’est donc un échec, un échec personnel même.
Et si ces personnes me lisent, qu’elles sachent que je leur demande pardon pour les avoir blessées sans le vouloir.
Maintenant, je suis choquée également par un autre échec : celui de l’art du débat, celui de la disputatio intelligente dont je vantais les mérites il y a quelques mois ici même.
Sur les réseaux sociaux, il y a de moins en moins de débats : chacun est catalogué et sommé de se taire si la pensée diffère.
Est-ce réseaux-nner plutôt que raisonner ?
Est-ce débattre ?
Est-ce aimer ?
Pourtant, si la priorité est d’aimer ;
La seconde qui vient juste après, juste contre, est celle de la liberté,
Notamment celle de pensée.
Partager ce que je pense et crois juste ;
Diffuser ce qui m’interpelle n’a pas à être régenté… bien évidemment du moment qu’il y a assez d’amour, c’est-à-dire, certes, jamais suffisamment !
Pourtant, je n’ai pas simplement à parler de fleurs des champs,
J’ai le devoir de chercher à aimer mieux mais aussi le droit de m’exprimer : c’est en tenant ces deux pôles d’une même main que doivent s’effacer les tensions en les plaçant en Lui.
Alors, j’aimerais lancer un appel au silence
Un appel non à se taire mais à savoir ou tout au moins à apprendre à lire l’autre,
A savoir lire et chercher à comprendre sa pensée
Avant de se lancer dans des diatribes virulentes,
Simplement parce qu’il n’est pas comme moi,
Parce qu’il ne pense pas comme moi.
Cet appel, je le lance pour moi mais aussi pour nous tous :
Lire, s’instruire, s’interroger
Mais aussi faire lire et partager,
Sans forcément se sentir obligé de commenter la pensée d’un autre.
Quant à la question du « mariage entre personnes de même sexe » qui est cause de cela, on voit apparaître aujourd’hui des propositions de référendum du côté des « contre » : c’est peut-être mieux que rien mais je peine à y adhérer notamment à cause de tout cela.
Si, déjà, mettre au vote une question éthique me gêne profondément sur le principe (et non pas parce que je crains une quelconque défaite), n’est-ce pas encore risquer d’augmenter la non-discussion, la non-écoute, bref, créer une irrémédiable fracture et rendre impossible le fructueux dialogue ?
La seule solution,
Après avoir réglé juridiquement les cas particuliers urgents car ils ne sauraient régler le général,
Après le silence de la lecture – qui peut et doit ouvrir à celui de la prière chez les croyants –
N’est-ce pas encore et toujours des « états généraux » où participent de vrais spécialistes qui prennent le temps de faire et de consulter de vraies études sur plusieurs années ?
N’avons-nous pas épuisé la mine des arguments pour nous égosiller ainsi à nous insulter ?
N’est-ce pas la seule solution réellement admissible, réellement raisonnable, à laquelle chacun puisse adhérer sans parler simplement avec ses trippes ?
Donnons sa chance au temps qui ne saurait être qu’un allié !
Donnons sa chance au temps,
Pour le laisser être celui de l’homme.
Et nous qui croyons en Dieu,
Laissons ce temps être celui de l’homme,
En le laissant être celui de Dieu.
Commentaires
Merci Zabou... oui, le temps et la prière sont nos meilleurs alliés pour que, quelle que soit l'issue donnée à ce projet de loi, la blessure, les blessures ne soient pas trop profondes et puissent guérir. En udp alors !
tout pareil, même si je ne me sens pas à ta hauteur sur le sujet de la disputatio. Je trouve aussi assez troublant d'être réguli-rement sommé à prendre parti publiquement. Avoir une idée, mais se tenir en deça du débat semble une traitrise, parfois.
pareil pour le référendum, et pour d'autres raisons encore.
Il y a un temps pour tout, et le temps qui arrive maintenant est sans doute celui du silence, pour ne pas creuser encore plus de fossés et raviver encore plus de blessures. Merci pour ce billet.
Même opinion. Ce qui me frappe depuis le début des échanges sur le sujet, c'est l'étendue des souffrances des uns et des autres. Et une souffrance cachée, un peu (beaucoup) jugée honteuse, dont on ne parle pas, peut-être parce qu'on se sent maladroit, ou qu'on appréhende de faire mal à quelqu'un qu'on aime.
Le témoignage le plus flagrant que j'aie pu lire de cette souffrance silencieuse est celui de Zvezdo : http://zvezdo.canalblog.com/archive... (lire le billet, puis le commentaire du blogueur). Une souffrance qui enfle également sur des préjugés, des deux côtés, d'une absence de dialogue, laquelle absence vient, précisément, d'une souffrance que l'on n'ose pas exprimer, parce qu'on a l'impression d'être assis sur une poudrière...
Tout ça pour dire que si j'ai choisi également le silence et la prudence, ce n'est pas par couardise ou par manque d'opinion, mais parce que tout le monde est à fleur de peau, et qu'à ouvrir ma grande bouche j'aurais surtout peur de faire plus de mal que de bien. Essayer d'écouter, toujours, et désamorcer les bombes du ressenti avant qu'elles n'explosent, parfois, si c'est possible.
Merci beaucoup Zabou pour cet appel à prendre de la hauteur, par le silence. A méditer, avant de parler
Merci Zabou...
Thanks aussi pour la piqûre de rappel...
Pouet pouet!
D'accord avec toi, Zabou : il est bon parfois de faire silence, pour éviter de parler à tord et à travers. Ces temps-ci, il y a beaucoup de polémiques, aussi il est nécessaire de prendre de la hauteur pour ne pas faire dégénérer le débat en pugilat.
Et comme toi, je ne suis pas favorable à un référendum : on ne met pas aux voix la définition du mariage.