Zabou the terrible

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Le pape ? Le pape où ? #2

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Des nombre(ux) cardinaux et de l’ordinaire de la prière

 

 

Ok, là, ce n’était pas une occasion ordinaire !

 

Forcément aussi, dans les prochaines semaines, les pronostics pour le futur conclave iront bon train

 

On cherchera le meilleur papabile puis l’on se rappellera posément, à intervalles réguliers et pour paraître sérieux et mesurés, l’adage « qui entre pape au conclave en sort cardinal ».

 

On tâchera d’évaluer les « forces » en présence ;

On mesurera l’impact des discours comme autant de « programmes » politiques : les amitiés, les inimités, les influences…

Bref, on parlera de l’Église comme d’une institution politique.

C’est vrai mais en partie car l’on passe comme souvent à côté de l’essentiel.

 

L’été dernier, membre du « staff » d’organisation d’un gros pèlerinage, j’ai eu la chance de rencontrer et d’échanger quelques mots avec plusieurs cardinaux : s’il ne faut pas être naïf et imaginer que notre Église n’est constituée que d’anges, j’ai été frappée par une chose, l’humanité et l’humilité, très certainement puisées dans la prière.

 

Celui chez qui je me suis rendue avec un prêtre, à son domicile personnel, le cardinal S., m’a tout spécialement marquée.

 

Il faut dire que le « rang » d’une personne ne m’a jamais spécialement impressionnée car j’ai toujours tendance à voir en l’autre un frère avant de considérer ce genre de choses. Cela n’exclue pas le respect, bien au contraire, cela implique qu’il cherche à être profond pour chacun.

 

Là, donc, je fus impressionnée par la simplicité de cet homme,

Tout de même cardinal,

Tout de même président d’un conseil pontifical.

 

La première chose que j’ai vue en arrivant chez lui, c’était la porte entrouverte sur un oratoire et le tabernacle, au fond. Comme si c’était le Seigneur qui était bien le 1er qu’il fallait voir.

La seconde chose que j’ai remarquée, c’est qu’il nous a accueillis… pieds nus !  

La troisième chose, ce fut un entretien où nous pouvions vraiment, ce prêtre et moi, nous exprimer quant au pèlerinage et être écoutés. Ce fut aussi ma demande impromptue d’un petit message vidéo, filmé juste avec mon iPhone, que le cardinal accepta et improvisa : simplicité…  

La quatrième chose, c’est la plus importante, c’est ce que lui disait : quelques mots, toujours posés. Et ce bouleversant « on ne donne plus d’importance à la prière, elle est oubliée » qui m’a donné envie de pleurer tellement il venait du cœur et révélait Celui qui fait sa vie. Rien qu’à y repenser, j’en ai encore la chair de poule.

 

Je ne vous raconte pas cela pour vous donner un témoignage d’un moment qui m’a marquée mais parce qu’il me semble emblématique de l’essentiel : les cardinaux, s’ils ont été nommés tels, ce n’est pas seulement à cause d’une remarquable qualité humaine ou intellectuelle, c’est parce qu’ils cherchent aussi, comme chacun, à toujours laisser plus le Christ vivre en eux.

 

Et, aujourd’hui, à l’heure où l’un d’entre eux deviendra notre futur pape, cela me semble bien plus important qu’évaluer les forces en présence.

 

On nous montrait souvent Jean-Paul II en prière dans sa chapelle,

On raconte qu’il y passait des heures, qu’il y portait les intentions envoyées au Vatican,

On se rappelle de ses dernières prières, dans la souffrance sans doute inouïe de son corps ;

 

Benoît XVI, lui, plus pudique, n’a pourtant eu de cesse d’en parler et d’y puiser la douceur de ses discours.

Quand on le lit, en effet, notamment les textes de ses audiences, ce n’est pas une quelconque rigueur qu’on lui prête qui en ressort, mais bien la douceur et la force d’un message, d’une Parole, d’une Personne.

 

 

 

Hop, un extrait de sa dernière audience avant l’annonce de cette démission datant du 6 février 2013 :

 

« Alors qu’Adam ne reconnaît pas qu’il est une créature et veut se mettre à la place de Dieu, Jésus, le Fils de Dieu, est dans une relation filiale parfaite avec le Père, il s’abaisse, il devient le serviteur, il parcourt la voie de l’amour en s’humiliant jusqu’à la mort en croix, pour remettre en ordre les relations avec Dieu. La Croix du Christ devient ainsi le nouvel arbre de la vie.

 

Chers frères et sœurs, vivre de foi signifie reconnaître la grandeur de Dieu et accepter notre petitesse, notre condition de créature en laissant le Seigneur la combler de son amour, pour qu’ainsi s’accroisse notre véritable grandeur. Le mal, avec son poids de douleur et de souffrance, est un mystère qui est illuminé par la lumière de la foi, qui nous donne la certitude de pouvoir en être libérés : la certitude qu’être un homme est un bien. »

 

Et puis ce choix d’une démission, cette humilité, d’où peut-elle venir ?

Avoir choisi « Benoît » comme nom de pape, c’était d’ailleurs aussi choisir de se placer sous le patronage du père des moines,

C’était placer son pontificat et ses actes sous la marque de la contemplation.

 

Un cardinal qui ne serait qu’homme d’un parti, d’un courant, d’une tendance, serait-il déjà cardinal mais surtout aurait-il la force d’accomplir un ministère si écrasant qu’il ne peut s’accomplir que par la grâce de Dieu ?

 

Il serait bon que les médias se concentrent ces jours-ci sur la prière,

Pour que le futur élu, qu’on l’ait désigné papabile ou non,

Qu’on le trouve plutôt comme ceci ou comme cela,

« Qu’il soit puissant ou misérable », d’Europe ou d’ailleurs,  

Soit avant tout - et sera simplement, de toute façon – et le devienne toujours plus, un homme de Dieu.

 

Commentaires

1. Le mercredi, février 13 2013, 09:00 par Demetrios

Merci Zabou pour ces belles réflexions, qui nous changent des monceaux de blagues faciles (bon, certaines sont parfois très drôles, j'avoue... !;-)) et des pronostics façon tiercé sur the Next-One (beaucoup moins drôles). Très belle entrée en Carême !

2. Le samedi, mars 2 2013, 20:01 par quoiNonne

En souvenir du fondateur du site Internet où nous nous sommes rencontrés, cela me plairait que le prochain pape soit un évêque du Portugal mais ces "belles réflexions" me font surtout dire qu'il vaut mieux que la décision vienne de bien plus haut.

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