Zabou the terrible

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Au cœur, Présence

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Au cœur d’une journée, le temps d’un repas.

Ce repas du vendredi où l’on a pris l’habitude, comme pour celui du jeudi, de se réunir à quelques collègues joyeux drilles autour d’une même petite table et de partager non notre repas que chacun apporte de chez soi, mais le temps de celui-ci ;

En sus, souvent, quelques carrés de chocolat avec le café pour le terminer, et, toujours, des bons mots à l’esprit vif.

 

Pour ce midi, cela faisait quelques jours que je me demandais ce que je ferais :

Venir avec eux ? Me mettre dans un coin, isolée, sous prétexte de corriger ? Partir seule marcher dehors ? … déjeuner normalement pour ne pas choquer ?

 

Ce matin, à 6h, j’avais fait cuire quelques pâtes :

Petite quantité, sans rien d’ajouté : juste de quoi ne pas tomber d’inanition lors d’une longue journée à faire passer des oraux.

 

Car, au cœur du Vendredi Saint, ce n’est plus le repas qui compte ;

Mais il reste le temps de celui-ci… 

 

Peut-être y avait-il de la lâcheté en moi à ne pas vouloir paraître différente, à ne pas vouloir m’affirmer chrétienne de manière frontale ;

Mais en même temps, je ne crois pas au signe de contradiction en lui-même :

Il me semble qu’il ne fait sens que s’il ne vise pas à la contradiction mais à un Autre, avant tout, et reste compréhensible :

Sinon, ne voudrions-nous pas paraître à bon compte pour des martyrs, enfermés dans la certitude de notre différence contradictoire ?

Ce qui m’a décidée, c’est que le temps de ce repas devait être, pour sonner juste, offert :

Et les prochains, n’étaient-ce pas alors mes collègues ?

 

Mes piteuses pâtes et moi-même nous sommes alors installées à côté de la collègue que je subodorais catholique et à côté d’une autre.

Evidemment, les commentaires sont allés bon train :

« Beuuuurk, tes pâtes, elles font pas envie ! »

Et la collègue d’à côté de s’affirmer aussi catholique : « Oh, moi aussi, ça a été riz aujourd’hui ! » (bingo, trouvée !)

Celle de gauche : « tu aurais pu au moins mettre une sauce ! »

Moi, souriant : « Non…. Aujourd’hui, non. »

La catholique, heureuse (et moi aussi) d'avoir trouvé une complice : « J’ai au moins mis des légumes dans mon riz… Je sais bien que c’est Carême ! »

 

« Je… Enfin… »

Bien sûr, j’ai commencé par bafouiller parce que l’Amour, ça ne s’explique jamais très bien et que le chemin de notre Foi n’en est rien d’autre qu’une histoire magnifique, bien qu’en deçà du chemin de la Croix.

 

« Ce n’est pas tant que c’est le Carême,

C’est qu’on est Vendredi Saint,

Et que…. ça compte énormément pour moi »

Silence un peu interloqué, beaucoup interrogatif, de ma voisine de gauche,

Tandis que d’autres collègues écoutaient la scène.

Je lui lance un sourire,

Le même que celui qu’elle avait trouvé la veille « désarmant » :

« Mais ne t’inquiète pas,

C’est un choix et… ça va très bien ! »

 

Voilà comment, un vendredi saint, je me suis révélée catholique pratiquante ;

Voilà comment, moi qui croyais ne pas en parler lors de ce Triduum, j’ai affirmé, en biais, ma Foi en Dieu.

J’aurais aimé savoir si bien Le vivre que jamais je n’aurais eu besoin de Le dire tellement Il serait devenu évident ;

Cela n’a pas été le cas mais il faudra désormais le vivre comme un appel permanent à Le rendre plus palpable, à Le laisser apparaître.

Désormais, il faudra marcher toujours plus dans le mystère de la Croix, pour aimer mieux.

 

Commentaires

1. Le vendredi, mars 29 2013, 23:16 par Anne-Laure

Beau témoignage... et comme je comprends ton hésitation !
Ici, cela fait quelques années que j'"abandonne" ma collègue le mercredi des Cendres et le Vendredi Saint - mais ce sont les autres jours que j'offre... Et cette année, pour la première fois, j'avais une église à proximité où aller me recueillir : un luxe, qui offre en plus un surcroît de discrétion...

2. Le vendredi, mars 29 2013, 23:26 par Thib

Merci pour ce billet, merci pour ton témoignage. En effet, il n'est pas facile de s'assumer pratiquant dans ce genre de moment ! Mais ayons confiance dans le Seigneur et qui sait ? Il fera peut-être de grande chose de cela !

En plus, chose géniale, tu as rejoins cette collègue ! Hamdoulilah ! Bonne routé à toi UDP !

3. Le samedi, mars 30 2013, 00:06 par Incarnare

Le pire, c'est que y'a encore quelques années, les gens auraient compris intuitivement. Sans peut-être partager, mais ils auraient compris. De nos jours, le manque du b.a.-ba de culture religieuse fait que certains t'inviteront lourdement 5 fois à aller déjeuner quand bien même tu leur dis que non, merci, c'est bon.

L'avantage du privé sur le public, c'est de pouvoir légitimement affirmer sa foi (sans lourdeur, mais je n'hésite pas à dire "pas de déj' pour moi, c'est vendredi saint").. enfin légitimement, tu trouveras toujours des (encore plus) ignorants pour t'affirmer que la laïcité confine la foi à l'intime.

Enfin rien de tout ça aujourd'hui. Juste une réunion de 12h30 à 13h30 et une autre dans la foulée avec des gens différents. Chacun a supposé que j'avais déjeuné avec les précédents :)

Ce qui m'impressionne toujours, c'est que moins les gens en savent, plus ils sont indifférents.

4. Le lundi, avril 1 2013, 21:57 par sic transit

L'établissement où j'enseigne, qui propose le "repas de Noël" le jeudi avant les vacances, proposait le "repas de Pâques" (gigot, friandises) ce vendredi...

5. Le vendredi, avril 5 2013, 22:40 par Zabou

... c'est bien pour ça que je ne vais pas à la cantine ! ;-) 

Euh, enfin.... non, pas que en fait ! 

Pour l'instant, pas de retour là-dessus en tout cas comme quoi il fallait y aller sans crainte :) 

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