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Espérer entre frères

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            Je ne vous dirai pas son nom, je ne vous dirai pas non plus son prénom, ni qui il était exactement mais voilà, il est décédé, au loin, voici deux semaines. Et, aujourd’hui, à la paroisse, on célébrait ses obsèques.

 

            Dans mon entourage, on a demandé à l’enterrement de qui j’allais. J’ai eu du mal à répondre avec précision. J’avais déjà eu ce problème il y a un peu plus de deux mois, pour l’enterrement du père C.T.. J’avais répondu « je vais à l’enterrement d’un ami » parce que, pour lui, c’était vrai mais il y avait déjà ce léger trouble dans ma réponse parce qu’il était un ami, un prêtre avec qui j’avais travaillé au service de l’Evangile ET…. un « co-paroissien ». Comme lui dont on célébrait les obsèques cet après-midi.

 

            C’est difficile d’expliquer cela à qui ne « pratique » pas ou peu mais il y a un lien profond qui se crée avec ces gens en compagnie desquels on prie au moins une fois par semaine, parfois plus. Et a fortiori quand ces paroissiens participent à tout et sont engagés de partout, toujours prêts à un coup de main supplémentaire – et avec le sourire non forcé, svp ! Lui, au fil des ans, j’avais appris à le connaître, un peu…

 

            Il a fait partie d’abord de ces sourires de connivence que j’échange quand je croise quelqu’un de la paroisse dans les rues ; de ces sourires joyeux de ceux qui ne se connaissent pas forcément vraiment mais qui, pourtant, partagent le plus profond chaque semaine en partageant, en vivant de la Parole et du Corps du Seigneur. Pour chercher, chaque semaine à plus et mieux vivre de Sa Vie. Puis il est devenu un sourire reconnu un jour qu’il m’interpela avec son épouse alors que je passais pour la 3ème fois devant leur maison (j’avais oublié quelque chose à l’église et, comme le dit le dicton, quand on n’a pas de tête, on a des jambes). On échangeait quelques mots depuis lors et surtout ces deux dernières années, on avait été bénévoles ensemble pour l’assoc’ d’aide alimentaire de la paroisse au mois d’août. J’aimais le croiser, même de loin, et lui faire un grand signe pour lui souhaiter une bonne journée : même quand, entre chien et loup, je ne le distinguais pas, je savais qu’un sourire me répondait.

 

            Alors qu’en dire à tous ceux-là ? Comment expliquer qui il était ? Et pourquoi j’allais à l’église pour ses funérailles ?

 

Car il était naturel pour moi d’être là pour prier cet après-midi. Comme il était tout autant visiblement naturel pour tous les piliers de la paroisse d’être là, à l’église, cet après-midi. Ensemble.

 

            Sans doute parce qu’il était effectivement pilier de cette É/église où il aimait tant servir.

 

            Parce que, si la paroisse, c’est sans doute l’un des lieux où l’on arrive le plus à s’engueuler pour des pinailleries c’est aussi le lieu précis où nous sommes invités à exercer notre charité. Qui ne se vit pas seule mais donnée, en communion.

 

Être paroissien, c’est donc être chrétien d’un lieu particulier où je viens me nourrir avec l’aide de mes frères.

Venir à l’enterrement d’un paroissien, c’est donc simplement venir à l’enterrement d’un frère.

C’est en retrouver d’autres pour porter le défunt, sa famille et se porter ensemble dans la prière et dans l’Espérance. Et c’est aussi juste que beau.

 

Commentaires

1. Le mercredi, avril 17 2013, 20:50 par Isabelle

"Parce que, si la paroisse, c’est sans doute l’un des lieux où l’on arrive le plus à s’engueuler pour des pinailleries c’est aussi le lieu précis où nous sommes invités à exercer notre charité. Qui ne se vit pas seule mais donnée, en communion."
;-)
C'est beau, ce que tu écris là...
Et c'est un travail de tous les jours pour une joie de tous les jours.
Ça me fait penser qu'il faudra que je me rappelle ce passage demain. Et après-demain. Et...
;-D

2. Le mercredi, avril 17 2013, 22:14 par Nitt

Tu as dû en avoir des regards interrogateurs et interloqués quand tu as parlé de ces funérailles autour de toi.

En Bretagne, chez ma mère, quand quelqu'un du bourg est mort, tout le village va à ses funérailles, croyant ou non.
Dans mon ancienne paroisse parisienne, quand l'un des vicaires, un très âgé, a été rappelé par le Père, le curé l'a pleuré pendant la messe du lendemain, et une large partie de la paroisse s'est retrouvée à la messe d'aDieu.

Il est juste, et bon, et beau de porter ces âmes vers Dieu pour leur dernier voyage.
Cet ami que tu as accompagné te sourit de là-haut maintenant ; nul doute qu'il ne t'oublie pas.

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