Zabou the terrible

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

Laïcité (pas si) positive ?

On peut suivre via Facebook aussi !

(Attention ceci est un billet programmé : je ne suis pas là !)

Au programme de 6ème en français nous avons les textes fondateurs. Parmi ceux-ci, évidemment et heureusement, nous avons la Bible à laquelle nous sommes même invités à laisser une assez large place notamment pour la découverte des expressions bibliques. C'est tant mieux : au-delà de toute croyance, à côté de combien de textes littéraires et de débats actuels risquez-vous de passer si vous n'êtes qu'ignorance face à la richesse féconde de ce livre pas tout à fait comme les autres ? 


 

Évidemment, quand vous annoncez cela à votre classe de 6èmes, vous allez les entendre piailler, surtout les élèves musulmans ! Il faut alors faire attention à ce que les Musulmans ne commencent pas à hurler d'un côté que le Coran c'est le meilleur et qu'il faudrait mieux l'étudier que "ce sale truc de chrétiens" et que les chrétiens de votre classe ne leur répondent pas alors vertement (euphémisme)... J'ai découvert cela cette année : c'est délicat à gérer... Heureusement, j'avais anticipé un peu en écrivant un petit texte expliquant d'une part que nous ne nous placerons jamais en cours sur le plan religieux et d'autre part les bonnes raisons de lire des textes bibliques. Alors, oh surprise, ce fut l'apaisement... Et les Musulmans de voir le lien avec leur religion aussi ; et les Juifs encore plus avec la mention de la Torah ; et, surtout, tous – ça, c'était mon but – de voir que, oui, cela pouvait avoir son importance. Cependant, il y a sans doute encore mieux à faire que cette expérimentation en évitant que le conflit initial n'ait lieu. 


Bref je vous racontais certes cette expérience mais j'aimerais là préciser d'un point. Alors que je distribuais un texte, deux petites de ma classe de me dire : 



– Nous, Madame, on a le Nouveau Testament chez nous, on nous l'a donné au caté et là on en parle à l'aumônerie. 

– Euh ? d'accord (histoire de ne rien dire d'autre) 

– Mais c'est pas pareil que la Bible avec ce que vous dites là ! C'est quoi cette histoire d'Ancien Testament ? Je savais pas que ça existait !  

Et là, et là, ô jeune prof catholique dans le public, tu vois les limites de la laïcité... Cette laïcité qui ne permet pas de dire : "mais où avez-vous été au caté ? C'est qui ton animateur d'aumônerie ? Faut rattraper ça de suite là les cocos !" 


Hum... Bon à défaut, d'ici quelques cours elles en sauront plus sur l'Ancien Testament et finalement sur leur Foi aussi... Et c'est déjà pas si mal ! ;-) 


Commentaires

1. Le mardi, février 18 2014, 20:40 par Tigreek

Ah ah ah, c'est bien les cathos ça ! ;)
Depuis 20 ans ça n'a pas beaucoup changé, rien sur l'AT... Je me souviens de mes copains d'aumônerie qui ne connaissaient pas les histoires des patriarches...
(oui, pardon, ceci était un troll gratuit :P )

2. Le mercredi, février 19 2014, 20:00 par nicole 86

Dans ce billet je lis plutôt les défaillances du caté et cela me rend bien triste, cinquante ans plus tard, rien n'aurait changé ! il y a si peu de temps que nous, cathos, avons le droit de lire la bible, l'encyclique DIVINO AFFLANTE SPIRITU date de 1943 .... et même si l'avant Vatican II vous parait bien lointain, l'image du père lisant la bible à toute la famille est issue des milieux protestants.

3. Le samedi, février 22 2014, 21:46 par L.

Coucou !
La laïcité ne t'empêche pas de faire reprendre cette remarque à l'ensemble de la classe, ne serait-ce qu'à partir d'une précision de vocabulaire, en expliquant ce que signifie ancien et nouveau testament, et même aumônerie, en parallèle avec d'autres lieux de pratiques comme tu l'évoques dans ton billet. Et rien ne t'empêche de dire à cette occasion que cette question sur l'Ancien Testament peut être approfondie dans une aumônerie.
En revanche, je pense qu'il y aurait des effets indésirables si un prof commence à entrer en relation en aparté avec un groupe d'élèves, qui se trouvent par là privilégiés, sur la base de ses propres croyances religieuses.
Les élèves sont souvent très demandeurs sur le sujet de la religion, et nous pouvons et même devons avec des réponses sans sortir du cadre de la laïcité : du moment que cela vient d'eux, il suffit de recadrer leurs remarques qui sont parfois très personnelles et parfois trop prosélites, en réexpliquant à chaque fois le statut de la religion à l'école, ou la différence entre types de croyances, la transgression stricto sensu n'étant pas en soi un problème si elle est systématiquement suivie d'une reprise par le prof pour le groupe.
Bon courage pour la suite de tes aventures !
PS : j'ai (re)vu les patriarches en hypokhâgne, je les avais tout bonnement oubliés, voir jamais connus avant (sauf Abraham). Les voies vers la culture et la foi sont multiples et peuvent changer, sans aucun mépris que ce soit pour les patriarches.

4. Le samedi, février 22 2014, 21:48 par L.

avoir et pas avec

5. Le jeudi, mars 6 2014, 22:19 par Zabou

@ L. : ne t'inquiète pas, il n'est absolument pas question de créer une quelconque "connivence" avec ceux qui partagent ma Foi ! 

Pour le reste, ce n'est pas si simple.. C'est un apprentissage de chaque instant : les élèves sont à la fois très demandeurs et très campés sur leurs positions. Il y faut de la délicatesse et du discernement à chaque fois il me semble. 

6. Le lundi, juin 23 2014, 17:51 par Cha

Un grand moment de l'année de 6ème aussi pour moi, les textes fondateurs !
Je voulais, pour ma première tentative, travailler sur la multiplicité des textes religieux monothéistes, dans l'idée un peu démago mais tout de même intéressante pour des 6èmes, de chercher ce qui rapproche plutôt que ce qui divise. Et puis, cela me semblait être plus intéressant du point de vue des textes , qui est qd même ce qui nous intéresse (par exemple voire qui parle dans le Coran/la Genèse ... Se demander pourquoi nous n'avons pas les mêmes détails dans la Torah et dans le Coran sur l'histoire de Moïse ...)
J'ai pris conseil auprès de l'imam de la mosquée juste à côté du collège (enfer et damnation si mon principal l'avait su !) et il a été très intéressant et heureux de ma démarche. Il m'a donné une très bonne idée de séance introductive : travailler sur les points de vue, en demandant à des élèves de jouer une scène très simple (par exemple, deux frères se disputent et leur mère leur demande d'arrêter, et ne veut pas savoir qui a commencé ), et aux autres élèves d'être "observateurs", et d'écrire ensuite sur une feuille ce qu'ils ont vu et compris : on voit ensuite en en lisant 4 ou 5 à voix ahute que tout le monde a vu la même scène, mais avec des différences ... Certains vont avoir particulièrement remarqué la dispute des frères, d'autres le fait que la mère soit en colère, certains vont juger que ce qu'a dit la mère était juste, d'autres seront révoltés de cette interprétation ... Pas mal du tout !

7. Le lundi, juin 23 2014, 17:59 par Cha

Et pour la pique sur le cathé : J'ai également prêté à mes élèves, en vue d'un travail d'écriture, mes propres livres de la collection "Ce que nous dit la Bible", illustrés par Kees de Kort (années 70 à fond, mais très bien faits !) [http://www.laprocure.com/grains-bible-recits-ancien-nouveau-testament-kees-kort/9782853005289.html]
Quand j'étais petite (années 80), on les avait lus au cathé, et j'aimais beaucoup.
Après un travail assez drôle de traduction/transcription des noms (Moïse = Moussa, Eve = Hawa, etc ...), mes petits élèves ont littéralement a-do-ré !

Ajouter un commentaire

Les commentaires peuvent être formatés en utilisant une syntaxe wiki simplifiée.

La discussion continue ailleurs

URL de rétrolien : http://www.zabou-the-terrible.fr/trackback/1510

Fil des commentaires de ce billet