D’émois de Toi
Par Zabou le jeudi, avril 10 2014, 22:54 - Lien permanent
A chaque fois, quand je prends une douche là-bas, je me rappelle des copains, d’une retraite ensemble et de ce délire-là d’imaginer, à chaque fois, les moines en train de suer à la tâche et de nous maudire quand nous avions besoin d’eau chaude ;
A chaque fois que je prends une douche là-bas, je pense à cela et j’explose de rire toute seule sous la douche.
A chaque fois que je suis là-bas, j’hume l’air, le vent, je regarde l’eau du grand fleuve, son irisation par le soleil, comme autant de douces madeleines proustiennes ;
A chaque fois que je suis là-bas, il y a cet Amen qui vient se poser en surimpression d’un autre en mon cœur ;
A chaque fois que je suis là-bas, je suis tout émue d’action de grâce à capter tel détail lumineux ;
A chaque fois que je suis là-bas, à l’unisson des frères, j’entends chanter mes propres prières passées encore écrites au présent ;
A chaque fois que je suis là-bas, je ne rentre qu’avec émotion dans ce petit oratoire – parce que si Dieu, en s’incarnant, a rendu toute la terre sacrée, il est des lieux où, pour chacun, Il s’est dit plus présent –
Où j’ai usé mes genoux de nombreuses fois,
Où la moquette porte encore sans doute la saveur de mes larmes,
Où une caméra cachée capterait à chaque fois un large sourire de ma part.
On se rappelle nos premiers émois amoureux,
Quid de nos émois religieux ?
Ne sont-ils pas tout autant précieux,
Ne sont-ils pas tout autant, et follement, amoureux ?