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Lectures estivales #3 – un poil de Malraux et un brin de Yourcenar

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Mais pourquoi donc associer ces deux livres dans ma suite de lectures estivales ?

 

Réponse 1 : Ce sont deux romans très célèbres du xxe siècle : vrai. Néanmoins, entre l’un publié en 1930 et l’autre en 1951, il semble délicat d’y voir un lien direct.

Réponse 2 : les noms des deux auteurs contiennent des lettres qui valent cher au Scrabble… si toutefois les noms propres y étaient admis !

Réponse 3 : Je les ai depuis longtemps (l’un me fut offert !), je les ai commencés tous les deux et, interrompue dans ma lecture, je ne m’y suis jamais remise. Il était donc temps de s’y mettre pour de bon et l’un se trouvant au-dessus de l’autre, l’occasion a fait le reste. Vrai aussi. 

 

… mais en réalité, la lecture successive des deux m’a fait apparaître un lien sans doute plus profond. Enfin, commençons ces quelques mots.

 

 

·      André Malraux, La Voie Royale (1930)

 

On dit que Gide a eu du mal à lire les Conquérants : j’avoue avoir peiné à lire la Voie royale ! Non pas que l’écriture en soit pleine d’un vocabulaire si recherché que cela : ce serait plutôt l’inverse. Tout le récit est épuré, plein d’ellipses et de non-dits ce qui crée une atmosphère pesante.

 

Le sujet est simple : un aventurier mi-savant, mi-chercheur de trésors part avec un autre tout abimé par la vie à la recherche des temples et trésors sur l’antique voie royale et il va bien entendu leur arriver tout plein de trucs pas super cools. Récit d’aventures…

 

Mais un récit d’aventures que je ne donnerais pas à lire à mes 5èmes car ce n’est pas l’aventure qui fait le cœur de ce roman. Ou tout au moins c’est d’une autre aventure dont il est question : celle de l’existence. Et là, le livre n’est plus pesant, il est simplement plein de densité, d’une vraie densité humaine.

 

La vie, mais surtout la mort, ce sont les thèmes de prédilection de Vannec et de Perken. Triste ou bizarre ? Que nenni ! « Ce n’est pas pour mourir que je pense à ma mort, c’est pour vivre »… on pourrait presque entendre cette phrase dans les règles de nos ordres monastiques ! Mais la réflexion sur l’homme est bien loin d’une quelconque « anthropologie chrétienne », même si elle pourrait la rejoindre : qu’est-ce qui me fait exister ?

 

Après ce livre, je persiste à avoir du mal avec Malraux et une certaine lourdeur d’écriture – d’autant plus que je ne puis que rapprocher ce livre de Voyage au bout de la nuit de Céline, publié deux ans plus tard qui est à mon sens un bijou d’orfèvrerie ! Et d’ailleurs, est-il possible à quelqu’un d’aimer et Céline, et Malraux ? Je n’en suis pas tout à fait sûre - mais j’admire la force puissante des questions vitales qui prennent aux trippes ses personnages.

 

 

·      Marguerite Yourcenar, Mémoires d’Hadrien (1951)

 

Extrait des Carnets de notes des Mémoires d’Hadrien :

 

Retrouvé dans un volume de la correspondance de Flaubert, fort lu et fort souligné par moi vers 1927, la phrase inoubliable : « Les dieux n’étant plus, et le Christ n’étant pas encore, il y a eu, de Cicéron à Marc Aurèle, un moment unique où l’homme  seul a été.

 

J’imaginai longtemps l’ouvrage sous forme d’une série de dialogues, où toutes les voix du temps se fussent fait entendre. Mais quoi que je fisse, le détail primait l’ensemble ; les parties compromettaient l’équilibre du tout ; la voix d’Hadrien se perdait sous tous ces cris. Je ne parvenais pas à organiser ce monde vu et entendu par un homme.

 

 

Et les Mémoires d’Hadrien, eh bien, ce n’est peut-être qu’une longue lettre fictive à Marc-Aurèle mais, en réalité, c’est la réussite de tout cela : c’est la voie, c’est la vie de l’empereur Hadrien, c’est la vie d’un homme et c’est extraordinaire.

 

La plume de Yourcenar et son désir de justesse la fait peindre un grand homme cherchant à regarder sa vie et à se regarder sans trop s’y complaire. Le ton est juste et on se sent étrangement devenir tout proche de cet homme. Et j’insiste sur « cet homme » pour cet empereur romain puisque l’épigraphe contient sa mort et ces simples phrases « il n’a rien à perdre à ma mort. Et pourtant, la mince épaule s’agite convulsivement sous les plus de la tunique ; je sens sous mes doigts des pleurs délicieux. Hadrien jusqu’au bout aura été humainement aimé. ». 

 

 

Et comme un petit lien ?

L’ami qui m’a offert le premier roman portait en lui à cette époque cette grande question « qu’est-ce qu’être homme ? ». Et curieusement, alors que je les ai enchaînés sans trop y réfléchir, les deux livres s’efforcent, chacun à leur manière, de saisir ce qui fait l’essence d’un être par les lettres. Sans y parvenir, bien sûr, mais ce tâtonnement poétique est aussi le charme de la littérature.

 

 

Commentaires

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