Zabou the terrible

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Thomas selon Jean selon Pierre

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Parce que je me suis prêtée à un petit exercice priant… L’Évangile de demain imaginé d’un autre point de vue !

 

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/0/07/Le_Caravage_-_L'incrédulité_de_Saint_Thomas.jpg/280px-Le_Caravage_-_L'incrédulité_de_Saint_Thomas.jpg 

                 C’était le premier jour de la semaine. J’étais troublé. Il y avait eu la mort de Jésus, cet homme exceptionnel que je suivais et que j’aimais de tout mon cœur, cet homme qui était mon ami, mon frère et mon maître : j’en ai été bouleversé de tristesse. Mais depuis peu, j’étais encore plus troublé car, moi, Pierre, j’étais entré dans le tombeau du Seigneur et je n’avais vu que des bandelettes et des linges… Alors, bien sûr, Jean, lui s’est mis tout de suite à croire parce que c’était écrit quelque part dans la Bible selon lui, et puis Marie de Magdala a dit L’avoir vu mais que croire ? Ce n’est qu’une pauvre femme, en plus complètement amoureuse du Seigneur : elle serait capable d’en avoir des hallucinations liées à sa tristesse ! Je suis troublé… j’aimerais tellement croire qu’il est ressuscité, qu’Il n’est plus mort… Mais enfin, cela ne semble pas très possible. Et puis, les Juifs nous recherchent, nous ses disciples les plus proches. On se réunit entre nous mais nous avons peur d’eux, nous sommes tristes de sa mort. A quoi bon tout cela ? Ne faudrait-il pas mieux nous disperser, reprendre nos métiers et garder de Lui le souvenir d’un homme bon et doux, d’un ami et d’un vrai prophète du Seigneur ? Nous doutions ensemble, nous pleurions ensemble. 

 

        Et puis, soudain, Lui. Lui, là, au milieu de nous : incroyable ! Il y avait les marques de ses souffrances sur Lui et en même temps, Il était lumineux. Il y avait quelque chose de victorieux qui se dégageait de Lui, de tout son être. Et la paix, Sa paix : oh, oui, elle était bien avec nous cette paix. J’ai senti la joie alors en mon cœur, une joie qui débordait de partout en Le voyant, même si je ne savais pas comment Il avait fait. Qu’importe ? Il était là ! Avec moi, avec nous : j’avais envie de rire comme un gamin, d’exploser de joie non contenue !
        Ensuite, Il a fait des choses bizarres. Il nous a dit, après nous avoir donné Sa paix : « De même que le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie ». Il avait déjà fait un coup comme ça, avant, en nous envoyant deux par deux mais là, c’était général, pas précis… Qu’est-ce que cela voulait dire ? Nous étions enfermés à double tour et Lui nous envoie ? Où ? Comment ? Il avait donc oublié les Juifs et que cela s’était mal terminé pour Lui ? Et il a continué, il a soufflé sur nous en disant : « Recevez l’Esprit Saint. A qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. » Je n’ai pas encore compris la signification de ce geste de nous souffler dessus mais ce que je sais, c’est qu’à ce moment-là, j’ai senti une force en moi et je me suis senti pardonné de ma trahison. J’étais heureux aussi de sentir Son Souffle sur mon visage : les marques de Sa passion disaient Sa mort, Son Souffle disait Sa vie. Il y avait quelque chose de vivant, de plus que vivant là : et moi aussi, je me sentais vivant comme jamais ! 


       On a raconté tout ça à Thomas qui n’était pas là mais il a ri de nous ! Oui, c’est vrai que nos propos n’étaient pas très clairs et moi-même je n’ai pas bien compris ce que Jésus disait et faisait. Je crois que je vais demander à Jean de m’expliquer en catimini ce que le Seigneur avait voulu dire sinon je vais encore passer auprès des disciples ainsi qu’à la postérité pour un gros balourd incapable… déjà que ce n’est pas trop gagné, je crois ! Mais en tout cas, Il était là, cela, j’en suis sûr et certain. Je l’ai vu, de mes yeux vu. Et ce Thomas quoi qui ne nous croit pas alors qu’on le lui dit ! Même pas fichu d’être là quand c’est important : d’accord, moi, j’ai renié Jésus dans la cour, je n’en mène toujours pas large à ce sujet… mais au moins, j’étais là moi ! Et aujourd’hui, je crois que, justement, j’ai été pardonné. C’est fou de le croire et de le dire mais je crois que c’est aussi ce qu’Il a voulu me dire. Je l’ai renié mais je l’ai quand même suivi par amour lors de son jugement : peut-être est-ce pour cela qu’Il veut que j’apprenne à pardonner à mon tour, comme Lui ? Pour Lui ? 


       Et Thomas qui, lui de son côté, veut aller jusqu’à toucher le Seigneur ! Et ses plaies ! Notre témoignage ne suffirait donc pas ? Pourquoi ne pas nous faire confiance alors que nous avions vécu tout ensemble avec Lui ? Pourquoi ne pas partager notre joie et rester dans la tristesse ?

 

         Pendant une semaine, avec les autres, j’ai cherché à convaincre Thomas de la résurrection du Christ. Rien n’y a fait : l’échec total face à son rationalisme habituel. On aurait presque dit Nathanaël et son habituelle franchise – d’ailleurs Nathanaël avait quand même trouvé moyen d’essayer de convaincre Thomas en disant : « Tu me connais, je suis un vrai fils d’Israël qui ne sait pas mentir, c’est Jésus lui-même qui l’a dit ! Eh, bien, tu peux me croire, quand Jésus a soufflé sur moi, il avait une telle haleine de chacal que j’ai cru en la réalité du tombeau… et donc de sa résurrection ! » – J’ai trouvé l’argument plutôt douteux mais c’est pour vous dire à quel point nous nous sommes escrimés, les uns et les autres selon nos talents, pour le convaincre. Moi, j’étais simplement heureux de savoir le Seigneur vivant : je ne comprenais pas ce qu’Il faisait exactement avec ses manifestations, ni ce qu’Il voulait faire de nous mais Il a vaincu la mort, cela, c’est sûr et certain. Et ça, je ne sais pas pourquoi, mais je crois que cela change tout. Je crois que ce qui vient de se passer change et changera tout pour toujours.


       Les Juifs continuaient à nous faire des misères… Le corps disparu de Jésus, ça les inquiétait et puis, Son message d’amour, pensez bien qu’il ne plaisait pas trop aux chefs et aux prêtres : il y a de quoi ! Nous, on restait caché, on se doutait bien que le Seigneur se manifesterait à nouveau. Pour une fois, j’ai eu tout bon : huit jours plus tard, on était à nouveau tous réunis, cette fois avec Thomas, toutes portes fermées et là, le Seigneur revint nous donner Sa paix. Comme la première fois, j’ai senti un amour paisible en mon cœur, quelque chose qui n’avait pas une saveur terrestre, quelque chose d’autre, de bien plus fort.


      Ce qui était très fort aussi, c’est Jésus qui s’est tourné immédiatement vers Thomas, avec Son art incroyable qu’Il avait de savoir ce qui habitait nos cœurs. Il lui a proposé de mettre la main dans Ses plaies ! En ajoutant « cesse d’être incrédule, sois croyant ». Thomas a été bouleversé, je l’ai bien vu à sa figure : l’émerveillement incarné ! Jamais vu comme ça le Thomas qui aime tant faire fonctionner sa caboche ! Il est tombé à genoux et il a dit : « mon Seigneur et mon Dieu »… je crois que je ne l’ai jamais entendu dire quelque chose qui venait autant du cœur. Et Jésus ne le quittait pas des yeux avec Son regard si bouleversant parce qu’Il ne contient que de l’Amour. Et Thomas Le regardait avec intensité.
       Jésus s’est alors exclamé : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu ! ». Je ne suis pas bien intelligent mais j’ai cru percevoir cette fois quelque chose de la mission, de l’envoi qu’Il nous faisait. Nous, ses apôtres, Il se montrait à nous, pour nous, mais dans un but : c’était à nous de Le dire à ceux qui ne Le verraient pas. A nous de dire que la mort était vaincue. De dire qu’Il était le Seigneur de la vie plus forte que la mort. De dire qu’Il était Dieu…

 

      Mais ce jour-là, je ne suis pas allé plus loin dans ma réflexion. Comme Thomas, je suis tombé à genoux et j’ai dit « mon Seigneur et mon Dieu », le regardant, le contemplant, les yeux ruisselant de joie. Sachant qui j’étais : un pécheur pardonné, vivant de Sa paix, pardonné de mes péchés, contemplant la gloire d’un Dieu ressuscité. 


     En mon cœur, je portais déjà les générations qui vivraient après, y compris des siècles après, leur souhaitant d’être des apôtres à genoux, capables de dire « Mon Seigneur et mon Dieu » pour être envoyés à leur tour, dans la foi et dans l’humilité de vases d’argile portant une immense nouvelle !

Commentaires

1. Le dimanche, avril 3 2016, 22:51 par Zabou

Y a de l'écho pas loin dans mon diocèse, par là : http://dimail.over-blog.com/2016/04...
:)

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