Zabou the terrible

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RIP Eloi Leclerc

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F. Eloi Leclerc, l'auteur notamment de Sagesse d'un pauvre, est décédé ce jour. En guise d'hommage, je transcris ce petit texte qui en est issu... Un petit extrait que m'avait transmis il y a presque 10 ans feu mon père spirituel à une question connexe que je lui posais et que je garde encore tel un trésor. 

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- Sais-tu, frère, ce qu'est la pureté du coeur ? 

- C'est ne pas avoir de faute à se reprocher répondit Léon sans hésiter. 

- Alors, je comprends ta tristesse, dit François. Car on a toujours quelque chose à se reprocher. 

- Oui, dit Léon, et cela précisément me fait désespérer d'arriver un jour à la pureté du coeur. 

- Ah ! Frère Léon, crois-moi, repartit François, ne te préoccupe pas tant de la pureté de ton âme. Tourne ton regard vers Dieu. Admire-le. Réjouis-toi de ce qu'il est, lui, toute sainteté. Rends-lui grâces à cause de lui-même. C'est cela même, petit frère, avoir le coeur pur. 

Et quand tu es ainsi tourné vers Dieu, ne fais surtout aucun retour sur toi-même. Ne te demande pas où tu en es avec Dieu. La tristesse de ne pas être parfait et de se découvrir pécheur, est encore un sentiment humain, trop humain. Il faut élever ton regard plus haut, beaucoup plus haut. Il y a Dieu, l'immensité de Dieu et son inaltérable splendeur. Le coeur pur est celui qui ne cesse d'adorer le Seigneur vivant et vrai. Il prend un intérêt profond à la vie même de Dieu et il est capable, au milieu de toutes ses misères, de vibrer à l'éternelle innocence et à L'éternelle joie de Dieu. 

Un tel coeur est à la fois dépouillé et comblé. Il lui suffit que Dieu soit Dieu. En cela même, il trouve toute sa paix, tout son plaisir. Et Dieu lui-même est alors toute sa sainteté. 

- Dieu, cependant, réclame notre effort et notre fidélité, fit observer Léon. 

- Oui sans doute, répondit François. Mais la sainteté n'est pas un accomplissement de soi ni une plénitude que l'on se donne. Elle est d'abord un vide que l'on se découvre et que l'on accepte, et que Dieu vient remplir dans la mesure où l'on s'ouvre à sa plénitude. 

Notre néant, vois-tu, s'il est accepté, devient l'espace libre où Dieu peut encore créer. Le Seigneur ne laisse ravir sa gloire par personne. Il est le Seigneur, l'Unique, le Saint. Mais il prend le pauvre par la main, il le tire de sa boue et le fait asseoir parmi les princes de son peuple afin qu'il voie sa gloire. Dieu devient alors l'azur de son âme. 

Contempler la gloire de Dieu, frère Léon, découvrir que Dieu est Dieu, éternellement Dieu, au-delà de ce que nous sommes ou pouvons être, se réjouir à plein de ce qu'il est, s'extasier devant son éternelle jeunesse et lui rendre grâces à cause de lui-même, à cause de son indéfectible miséricorde, telle est l'exigence la plus profonde de cet amour que l'esprit du Seigneur ne cesse de répandre en nos coeurs. C'est cela avoir le coeur pur. Mais cette pureté ne s'obtient pas à la force des poignets et en se tendant. 

- Comment faire ? demanda Léon. 

- Il faut simplement ne rien garder de soi-même. Tout balayer. Même ce sentiment aigu de notre détresse. Faire place nette. Accepter d'être pauvre. Renoncer à tout ce qui est pesant, même au poids de nos fautes. Ne plus voir que la gloire du Seigneur et s'en laisser irradier. Dieu est, cela suffit. Le coeur devient alors léger. Il ne se sent plus lui-même, comme l'alouette enivrée d'espace et d'azur. Il a abandonné tout souci, toute inquiétude. Son désir de perfection s'est changé en un simple et pur vouloir de Dieu." 

Léon écoutait gravement, tout en marchant devant son père. Mais, à mesure qu'il avançait, il sentait son coeur devenir léger, et une grande paix l'envahir. 

Eloi Leclerc, Sagesse d'un pauvre

 

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