Mieux qu'une histoire de piécettes
Par Zabou le mercredi, août 23 2017, 23:30 - Lien permanent
Aujourd'hui, la liturgie nous proposait l'évangile des ouvriers de la dernière heure (Mt 20, 1-16) comme on aime souvent l'appeler. Moi je l'aime bien cette parabole parce que je suis sûre que j'aurais été un peu du style à murmurer intérieurement alors cela me fait toujours du bien de l'entendre.
Le pitch ? Des ouvriers viticoles ayant trimé toute la journée se trouvèrent fort dépourvus lorsque le soir fut venu... Euh, enfin presque : ces bosseurs et des ouvriers ayant seulement à peine mouillé le maillot en fin de journée (ils s'y sont mis à 17h uniquement pour une fin de travail à 18h... Tranquilles ! Pires que des profs !) reçoivent à la fin le même salaire, celui qui avait été convenu avec les plus matinaux qui avaient commencé dès l'aube. Cris de ceux-ci de voir les autres recevoir le même salaire ! Injustice ! Mais que font les syndicats de vignerons ?
Alors on explique souvent que la justice de Dieu n'est pas la nôtre, que Son coeur est plus grand que le nôtre : c'est bien vrai. On en profite aussi pour se rappeler que la jalousie spirituelle, c'est tout de même très malheureux : et si mon frère converti récemment a une vie spirituelle plus dense que la mienne, qui suis-je pour en être aigri ? Et surtout, quel besoin ai-je de comparer ce qui n'est pas comparable ? ... si tant est d'ailleurs qu'on sache vraiment "où" nous en sommes dans notre vie spirituelle.
Mais si ce denier que chacun reçoit en fin de journée, c'était surtout l'Amour du Bon Dieu ? Le Christ utilise cette parabole pour parler du Royaume des Cieux dont le maître mot est l'amour. Alors, que Dieu pourrait-il donner d'autre - et d'ailleurs, que Dieu peut-il faire d'autre que de donner ? - qu'un Amour plein, entier et vraiment indivisible ?
Un 1/2 amour, un amour sous conditions, un amour qui dose et hiérarchise est-il amour ?
Aux croyants de toujours comme aux imprévus de Dieu arrivés à la dernière minute, Dieu se propose de donner le même salaire : Son Amour. Parce qu'il ne peut pas donner plus, tout comme Il ne peut donner moins. Alors, Il traite chacun en égal non pas spécialement parce qu'Il est juste dans Son apparente injustice mais surtout parce qu'Il nous veut non seulement ouvriers à Sa vigne mais surtout commensaux à la table de Sa vie.
Commentaires
On a travaillé ce texte en "groupes de maison", dernièrement. Une autre interprétation possible est aussi que dans l'histoire, le maître donne à chacun le salaire correct pour une journée. Autrement dit, ce dont chacun a besoin pour vivre, et faire vivre sa famille (n'oublions pas qu'à l'époque, un ouvrier doit faire vivre une maisonnée entière)... Et si la grâce de Dieu, c'était de nous donner chaque jour ce dont on a besoin ? Et si la grâce que nous pouvions lui rendre, ce serait de le louer de ce don chaque jour ?
Peu importe qu'on soit "tombés dans la marmite" ; ou arrivés plus tard à la foi... La grâce est la même et oui, Dieu nous veut tous à sa table...
!
Et, au fait, ça fait plaisir de te lire à nouveau plus régulièrement sur ton blog :-)
Humainement parlant, que mon collègue qui lambine toute la journée ou qui vient juste d'arriver dans l'entreprise ait le même salaire que moi, me met en rogne !
Divinement parlant, que l'on ait "travaillé" toute notre vie ou seulement les 5 dernières minutes pour le Royaume… Dieu nous aime tous avec la même intensité ! Mais là je trouve cela normal et même très bien que Dieu n'aime pas en fonction de nos prouesses… et je dirais même… heureusement !
@Agnès : Heureusement en effet ! ;-)