Zabou the terrible

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En maturation de rentrée

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Un extrait de la belle préface de Mgr d’Ornellas au livre de Marguerite Léna L’Esprit de l’éducation (éd. Parole et Silence), comme pour se préparer à notre rentrée d’éducateurs… et des mots peut-être particulièrement bienfaisants en ces temps troublés (oui, la citation est assez longue mais cela le mérite) : 

 

            L’éducation est inhérente à la vie humaine. Quand le petit d’homme vient au monde, il est livré au geste éducateur qui l’accueille. Quel que soit ce geste, le plus simple, le plus normal comme celui de la jeune accouchée vis-à-vis de son nouveau-né l’accueillant sur son sein, ce geste porte en lui confiance, sécurité, amour et croissance. Il est éducateur. Le petit d’homme est livré à l’éducation. Ainsi en est-il de toute vie humaine grandissante. C’est pourquoi les adultes ont, par le fait même qu’ils sont adultes, la noble mission de l’éducation. Ainsi en est-il de toute vie humaine arrivée à maturation. Nous ne nions pas la spécificité de la tâche de l’éducation dans les métiers qui la requièrent de façon particulière. Mais, au-delà ou en amont de ces tâches spécifiques et nécessaires, que nous le voulions ou non, il est une attitude de l’être et de la présence, une qualité de la parole, qui sont éducatives ou, au contraire, ne le sont pas. 

            Tel est le lien « fraternel » qui relie les générations. Tous, nous recevons d’un « frère » aîné ! « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? » lit-on dans l’Écriture Sainte. C’est un frère en humanité, arrivé à maturation, qui fait advenir en son semblable encore enfant ou jeune, la pleine force de la dignité humaine. Nul ne conquiert la liberté dans un combat solitaire. Même si nul ne peut advenir à la liberté à la place d’un autre, ce chemin qui y conduit se parcourt avec un guide, un « frère » davantage expérimenté, un aîné. La relation adulte-enfant est singulière. Elle a sa figure originale et spécifique. Elle est d’une autre nature que la relation adulte-adulte ou enfant-enfant. Ne pas le discerner est source de méprises graves et, parfois, mortelles. 

            La Bible dévoile à quelle profondeur la vocation de l’éducation est inscrite au sein de toute vie humaine. Le peuple d’Israël, après de longues années de vie avec son Dieu, semée de joies et de désespoirs, de refus obstinés et d’élans de confiance, finit par entendre l’appel qui le fait vivre : « Écoute, Israël, Unique est le Seigneur ton Dieu. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force ». Jésus, Messie d’Israël, n’aura pas d’autre ambition que de le refaire entendre au Peuple que son Père ne cesse d’enfanter au milieu du monde. A la question qui lui est posée sur le « plus grand » commandement parmi tous ceux que contient la Loi de Dieu, il répond sans hésiter : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit ». (Mt 22,37). 

            Mais sait-on la portée exacte de ce « plus grand » commandement ? Lisons-le en entier : « Tu aimerais le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. Que ces paroles que je te dicte aujourd’hui restent dans ton cœur ! Tu les répéteras à tes fils, tu les leur diras aussi bien assis dans ta maison que marchant sur la route, couché aussi bien que debout… » (Dt 6, 5-6). Ainsi, dans le « plus grand » commandement, celui qui donne la vie, est inscrit l’acte de l’éducation, de la transmission aux fils. Impossible de recevoir de Dieu « le plus grand commandement », sans entendre de Lui l’invitation à entrer avec générosité dans la tâche éducative. Celle-ci appartient à ce qu’il y a de « plus grand ». 

            Cette tâche n’est pas un fardeau ni une nécessité à laquelle il faudrait se résigner, elle est une joie, elle est une source de vie, tant pour le « fils » que pour celui qui éduque. Car l’acte éducatif fait être vraiment homme celui qui le pose, vraiment femme celle qui s’y adonne. Et chaque adulte ne se trouve en vérité que quand il transmet à la génération qui le suit ses propres raisons de vivre en liberté et en paix. 

 

Mgr Pierre d’Ornellas

 

 

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