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Ce qu’est vraiment la chasteté des consacrés – un scoop ?

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Peut-être parce qu’il est encore meilleur en ces temps de creuser cette belle vertu qu’est la chasteté, considérée cette fois du seul point de vue des consacrés, un extrait du récent ouvrage du dominicain Jean-Marie Gueullette, tout entier consacré ( !!!) à cette question. 

 

            « Parce qu’ils sont donnés à Dieu, le religieux et le prêtre veillent à ce que, au fond de leur cœur, des créatures ne prennent pas la place de Dieu. Cela n’empêche en rien de nouer des relations profondes avec d’autres, de s’impliquer dans l’amitié ou la compassion ; mais cela invite à ne faire d’aucune créature une idole. Cela se traduit par le fait de renoncer à construire une relation exclusive avec quelqu’un, comme dans le mariage, mais cela va aussi beaucoup plus loin, puisque l’enjeu est de faire en sorte qu’aucune créature ne prenne toute la place. (…) 

 

            Envisager la virginité de cette manière est beaucoup plus exigeant que de chercher à préserver son corps de toute relation sexuelle. C’est tout au long d’une vie et dans toutes sortes de circonstances, qui n’ont pas toujours de lien avec la sexualité ou l’affectivité, qu’il faut veiller à ce que « l’esprit ne soit pas obscurci par les intermédiaires ». Le désir ne doit jamais se porter sur des personnes, sur des biens ou sur des projets, bref sur des créatures, de la même manière dont il se porte sur Dieu. Cette virginité, qui s’acquiert et grandit tout au long de la vie, n’est pas une conséquence directe de la virginité physique. Celle-ci n’a pas de valeur en soi, elle peut être due à une immaturité qui a rendu inaccessible la vie sexuelle, ou à un enfermement sur soi qui rend incapable d’entrer en relation. Si elle est le fruit d’un choix préférentiel accordé à Dieu dès la jeunesse, elle pourra en revanche constituer un fondement pour la chasteté, à la condition de ne pas être considérée comme un état immuable, qui préserverait, par exemple, de l’adultère du cœur. C’est tout au long de la vie, par une maturation qui est un bel exemple de ce qu’est la loi de gradualité, que ceux qui ont pris ce genre d’engagement en découvrent les conséquences, de manière analogue à l’homme marié qui découvre toujours plus combien la fidélité à son épouse dépasse l’abstention de relations sexuelles avec d’autres femmes, mais vient interpeller de nombreuses situations et infléchir sa manière d’être ou de parler. Nous aussi, nous n’aurons jamais fini de découvrir comment le don de nous-mêmes que nous avons fait au Christ et à l’Église se concrétise dans les choix les plus quotidiens, afin de faire grandir en nous la virginité, la disponibilité de notre être profond à Dieu. Si nous laissons envahir le plus profond de notre vie psychique et spirituelle par des soucis, même pastoraux, même au nom de la compassion, l’espace qui devait rester vierge pour Dieu n’est plus disponible. » 

 

Jean-Marie Gueullette, La Vie en abondance – la vertu de chasteté pour les prêtres et les religieux, p. 142-143. 

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