Zabou the terrible

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Lectures estivales 2019 #2

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Tu m'as consacré d'un parfum de joie (Cerf, 2019) ou quand, après le vêtement dans la Bible, l'excellente Sr Anne Lécu s'attaque à un autre truc de meuf, au parfum ! Plus sérieusement, si ses angles d'attaque sont inattendus et originaux, ce qui n'est pas un mal, cela donne encore une fois un livre réussi, à encenser, car profond, nous permettant de lire autrement les textes bibliques par une attention à des détails qu'on laisse souvent de côté, jugés volatiles, et qui permettent pourtant de donner une fragrance nouvelle à des textes enivrants ! Plutôt qu'en parler longtemps ce qui serait entêtant, je préfère donc vous partager le délicat fumet de deux extraits parmi tant d'autres de son ouvrage odoriférant : 

Une autre lecture du lavement des pieds, en lien avec l'onction vétérotestamentaire de la Demeure : 

Le Christ met ses pas dans ces textes. Et lui aussi va verser son sang afin de consacrer la Demeure et tout ce qui s'y trouve : le corps de l'homme, la totalité de la vie de l'homme, le monde de l'homme et toute la création, qui reçoivent comme une onction par ce sang versé. Au cours d'un repas, alors que Judas, son ami, vient de le vendre, Jésus se lève et dépose ses vêtements et sa vie, puis il verse de l'eau dans un bassin, et se met à laver les pieds de ses disciples. Il les lave pour qu'ils aient part avec lui. 'Quand ils entreront dans la Tente du Rendez-vous, ils se laveront avec de l'eau afin de ne pas mourir'. Il les lave pour qu'ils soient saufs du sang versé. Et il lave les pieds de Pierre. Et il lave les pieds de Judas. Il les lave tous afin que tous puissent entrer dans le Saint des saints. Le Christ, par le lavement des pieds, lave les pieds de toutes les femmes et de tous les hommes de ce temps, afin que tous aient part avec lui. Il les lave, non pour les servir, mais pour remercier son Père du cadeau que nous sommes, pour lui. Au moment même où son sang va être versé, le lavement des pieds permet par anticipation que nous n'en soyons pas éclaboussés. Il porte la condamnation sur ses seules épaules et nous en délivre. Mais contrairement au grand prêtre, il ne rentre pas dans le Saint des saints, car il est le Saint des saints. Alors il sort, hors du sanctuaire, sur le parvis, et se laisse emmener sur la croix, nouvel autel, hors de la ville, pour rejoindre les indignes à qui il rend toute dignité. Là, son sang oint la terre et consacre tout l'univers, une fois pour toutes. A partir de ce moment-là, il n'y aura plus jamais de sang dans le geste de consécration. Nous serons désormais consacrés dans la vie de Jésus Christ, par son Esprit de joie, et par une onction d'huile. La mort est morte. 

p. 122-123

 

Sur la prière : 

Prier est une forme de don. Il n'est pas question d'efficacité mais d'amour. Celle ou celui qui prie choisit de faire une entame dans son emploi du temps, une entame inutile et pourtant essentielle. Il est là pour les autres, à la fois pour son Dieu qu'il cherche et pour ceux qui ne prient pas. Il est là pour habiter la respiration de Dieu et la faire entrer dans le monde qui manque parfois d'air. Les mystiques du détachement seraient vaines si elles n'étaient pas en même temps une école de l'attachement : prier Dieu, c'est aimer le monde, et ses habitants et nos proches et supplier le Seigneur qu'il soit présent à la vie de ce temps. Lorsqu'à l'heure de sa passion Jésus prie son Père, dans le chapitre 17 de l'évangile de Jean, il assure au Père que ses amis sont fiables, alors même qu'ils vont le laisser. Ce n'est pas une illusion, mais de l'amour qui croit et qui espère en l'autre. Notre prière, calée sur le souffle de Dieu, nourrie par lui, nous apprend à croire et à espérer y compris quand il n'y a pas de raison de le faire. Si nous laissons ainsi l'Esprit donner à nos jours son propre rythme et son propre ton, qui sait où nous serons menés ? Il se pourrait qu'à notre insu, notre vie exhale une belle senteur qui donne joie. 

p. 141-142

 

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