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La case "père"

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            Cette année, je suis professeur principal d’une classe très difficile. Oh, en cas individuels, j’ai déjà géré pire : mais, en termes de collectif, d’ambiance de classe, non. Je n’ai jamais vu ça, je n’ai jamais géré ça. Plusieurs élèves posent problème et l’ensemble de la classe n’est pas au travail : il n’est pas de journée sans que je reçoive des mails de collègues pour me faire part de leurs doléances. Dans cette ambiance délicate, quatre cas plus problématiques se dégagent du lot et je note que, dans ce cadre, trois sur quatre ont un père absent, d’une manière ou d’une autre ; pour le quatrième, c’est encore plus compliqué familialement parlant. Un cinquième cas, qui vient d’arriver, se réveille aussi et est géré par l’ASE. En réalité, si je regarde la liste de ma classe, ils sont encore plus nombreux à ne pas avoir de case « père » renseignée ou en indiquant un bien loin géographiquement (sans même tenir compte des divorces où les parents restent relativement à proximité). 

 

            Bien sûr, il ne s’agit pas de nous servir de cas particuliers pour en tirer des conclusions générales, hâtives : certains sont élevés par un seul parent et s’en sortent très bien. Mais mon regard de prof en zone sensible, là où vivent les plus pauvres d’entre nous, constate tout de même que la plupart des élèves les plus problématiques sont aussi des victimes, en quelque sorte, de familles défaillantes. Je n’ai pas l’aplomb de statistiques pour le montrer : c’est juste ce que je vois, au quotidien. 

 

            Vous me voyez venir… Je ne comprends pas pourquoi un projet de loi puisse créer les conditions dans lesquelles un enfant n’aurait plus, dès le commencement, de père biologique. Je conçois qu’on rêve d’un enfant plus que tout, je conçois la souffrance des personnes homosexuelles (et pourquoi mettre les femmes seules dans le même sac ?) mais l’enfant à venir ? Je pose vraiment cette question, avec inquiétude. Même un divorce – et je le dis en connaissance de cause, en tant que fille de divorcée – est à apprendre à digérer pour un enfant (même si je sais bien qu’il est de bon ton de dire qu’un enfant s’en remet facilement : je pense qu’aucun enfant de divorcé ne le dirait), alors, l’absence de père non du fait des aléas de la vie mais par une loi le permettant ? Cela me met profondément mal à l’aise, a fortiori vu le caractère absurde de certains débats entendus à l’assemblée, même si je veux aussi garder confiance dans le bon sens des femmes à ce sujet. 

 

            De l’autre côté de cette réflexion, il me semble que les « non », que les propositions de manifestation, ont tendance à se focaliser justement sur l’unique « non », non pas assez à dire ce que nous souhaitons. Rester dans le négatif me semble insuffisant. Le titre du document des évêques, dirigé par Mgr d’Ornellas, Quelle société voulons-nous pour aujourd’hui et pour demain ? posait une bonne question : il faudra aussi l’exploiter. Je rêve d’une société en tout cas moins technique, plus simplement humaine de mon côté mais je sais aussi qu’il faudra discerner davantage pour l’avenir. Peut-être que nous manifester, c’est avant tout aussi cela : discerner, comme chrétiens, parmi les autres, ce que nous souhaitons vraiment, et dans tous les domaines, comme suite pour la vie, pour notre monde, pour notre humanité. 

 

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