Zabou the terrible

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Sur quelques enquêtes journalistiques à visée ecclésiale récentes

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            Je viens enfin de prendre le temps de lire l’enquête réalisée par Nicolas Senèze, Comment l’Amérique veut changer de pape, parue chez Bayard il y a quelques mois : évidemment, un livre inconfortable à lire par tout ce qu’il révèle de scandales dans notre Église. Si l’on parle en premier lieu d’abus sexuels aux USA, tout cela se fait sur fond d’argent et de pouvoir qui dysfonctionne : en un mot, c’est écœurant, sur tous les plans, et le travail minutieux du journaliste de La Croix permet de se rendre compte des terribles rouages de ces affaires. On comprend mieux aussi, à le lire, la virulence de certains textes plutôt très conservateurs croisés sur internet : les enjeux sont plus vastes et tendus que de simples désaccords sur quelques points précis de doctrine. En ce qui concerne ces derniers, le pape François promeut, comme dans tous les domaines, le dialogue sans se lasser comme l’indique cette citation figurant d’ailleurs dans l’ouvrage : 

 

Quand les leaders des divers secteurs me demandent un conseil, ma réponse est toujours la même : dialogue, dialogue, dialogue. L’unique façon de grandir pour une personne, une famille, une société, l’unique manière pour faire progresser la vie des peuples est la culture de la rencontre, une culture dans laquelle tous ont quelque chose de bon à donner et tous peuvent recevoir quelque chose de bon en échange. L’autre a toujours quelque chose à nous donner, si nous savons nous approcher de lui avec une attitude ouverte et disponible, sans préjugés. (Discours à la classe dirigeante du Brésil, 27 juillet 2013)

 

Les lobbys américains en sont loin et cherchent à protéger en premier lieu leurs intérêts, d’où notamment la fameuse affaire Vigano en 2018 et toutes les révélations qui ont suivi, notamment sur McCarrick (d’ailleurs, pof, on vient encore d’en apprendre une belle hier). L’auteur en démonte la genèse… Le résultat est, avouons-le, assez grinçant et inquiétant puisque ces lobbys, non contents d’attaquer régulièrement actuellement, cherchent aussi à peser sur le prochain conclave afin d’élire un pape selon leurs vues. Où est notre foi, qui devrait être première, dans tout cela ? 

 

            De manière plus générale, j’ai pensé, en lisant ce livre, à Omerta de Sophie Lebrun tant les deux ouvrages ont en commun non seulement d’aborder les abus sexuels dans l’Église, à deux niveaux différents certes, mais aussi le style de l’enquête journalistique qui vient appuyer par des faits là où cela fait mal. Cela n’en fait néanmoins pas des livres de scandale, bien au contraire. Ils sont bien différents d’un autre livre de « journaliste », le fameux Sodoma de Frédéric Martel qui, là où les deux journalistes veillent au sérieux de leurs sources, connaissent bien leur Église et son fonctionnement et ne laissent pas leur subjectivité prendre le dessus, agit en personne ne connaissait pas grand-chose au fonctionnement ecclésial et ecclésiastique et tire, de faits minimes, des conséquences lourdes. Alors que certains recoupements intéressants pourraient se faire entre le livre de Senèze et le livre de Martel (notamment sur les milieux conservateurs et fortunés américains, mentionnés par les deux !) qui pourraient permettre, peut-être, une Église plus saine, nous en sommes empêchés par le manque de sérieux de ce dernier, ayant tendance à l’affabulation grandiloquente. 

 

En tout cas, en sortant de la lecture d’un livre comme celui-ci, on se rend compte combien il y a à prier :

  • Pour les victimes d’abus, de toute sorte, a fortiori les mineurs… que cette prière résonne fortement en ce jour où nous fêtons les saints Innocents et leur cri innocent tendu également vers le ciel. 
  • Pour ceux qui commettent les abus, sexuels, financiers et de pouvoir : qu’ils cessent d’adorer leurs idoles pour se tourner vers le Seigneur de miséricorde. 
  • Pour notre Église : qu’elle sache enlever toute laide excroissance la défigurant pour être, pauvre peut-être, mais vraie, rayonnante du Christ. 
  • Pour notre pape François qui doit œuvrer à cette vérité, quoiqu’attaqué. 
  • Pour nous-mêmes et tous les membres de l’Église : car c’est de notre conversion à tous, qui que nous soyons, où que nous soyons, dont il s’agit en réalité vraiment. 

 

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