Zabou the terrible

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Garder la culture de la rencontre

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            Quelles rencontres à l’heure du Covid ? L’autre demeure un appel et, en même temps, il est aussi quelqu’un que je risque de blesser ou qui risque de me contaminer, d’où les gestes de distanciation sociale. Et, pourtant, ces risques existaient déjà, quoique de manière moindre : le coronavirus n’a fait que nous rendre davantage conscients de notre vulnérabilité commune, en augmentant ces probabilités de blessures mutuelles. Rencontrer, c’est toujours risquer. 

 

            Or, cet été, je voyage différemment : en train, un voyage différent, plus lent, ouvert à la contemplation, mais non moins riche en possibles grâce à l’existence des pass « Interrail ». Avec une amie, nous faisons donc en une petite semaine un « Tyrol Train Trip ». En Autriche, nous découvrons que le masque est de rigueur ainsi que la plupart des mêmes mesures que chez nous en France et, pourtant, le pays est moins touché et l’autre n’est pas devenu source de méfiance inconsidérée. 

 

            Ainsi de plusieurs échanges avec des locaux mais sans doute la plus belle rencontre a-t-elle eu lieu ce midi, alors que nous mangions sur le pouce en terrasse. Un vieux monsieur, à la table d’à côté, s’excuse de nous déranger et se lance à nous parler en français : 80 ans de jeunesse ! Il avait étudié à « l’Alliance française » à Paris, boulevard Raspail, entre 1965 et 1970 ! Intérieurement, je pensais qu’il n’avait pas dû être déçu du voyage à ces dates mais lui de nous chanter non les louanges de Paris mais de la langue française, la plus belle des langues d’Europe s’exclamait-il quoique se disant « citoyen de Salzburg » ! Il était heureux de pratiquer car cela se perd avec le temps, avant de nous confier celui qu’il estime être le plus grand des Français : Albert Camus ! Un amoureux des Lettres ce monsieur ! Nous avons continué à deviser quelques minutes, le laissant tout heureux d’avoir rencontré des Françaises. 

 

            Touchée de ce moment, je suis repartie en rendant grâce en mon cœur des rencontres inopinées mais aussi en songeant à l’importance de la culture : dans son sens étymologique où nous cultivons mutuellement la terre commune d’une part, dans les réflexions d’Hanna Arendt à cet égard d’autre part. Dans un fragment de Qu’est-ce que la politique, elle utilise la métaphore des oasis qui résistent à l’ensablement généralisé de nos vies « les oasis constituent tous ces domaines de la vie qui existent indépendamment, ou tout au moins en grande partie indépendamment des circonstances politiques ». Il m’est avis que la foi – dans une région où « Grüss Gott » est la salutation commune, n’ayons pas peur d’en parler ! – comme la culture en sont une : les deux nous ouvrent à la Rencontre / rencontre quand les peurs et les craintes pourraient conduire à un grave ensablement de nos vies : par l’isolement, voire le repli sur soi. 

 

 

 

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