Zabou the terrible

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Deux livres pour densifier notre prière

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            Aujourd’hui, j’aimerais vous parler d’un dominicain et d’un jésuite : c’est vrai que ce serait un bon début de blague ou le commencement d’une féroce disputatio, mais ce n’est pas le cas ici. Je voudrais vous parler en réalité de deux ouvrages lus récemment qui me semblent importants à ouvrir pour faire gagner en épaisseur notre réflexion sur les abus dans l’Église. De plus, ils sont venus densifier certes ma pensée mais également ma prière ces derniers jours car ce sont avant tout deux livres de croyants, nous faisant nous tourner résolument vers l’espérance. 

 

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S’il s’agit du livre d’un exégète, il s’agit aussi du livre d’un spécialiste des abus : en effet, Philippe Lefebvre, dominicain et enseignant à Fribourg a été l’un des « lanceurs d’alerte » concernant les abus sexuels dans l’Église, notamment en ce qui concerne la sombre figure de Tony Anatrella. C’est fort de cette connaissance et de cette expérience qu’il présente cet ouvrage qui, non content d’être limpide, permet un heureux pas de côté pour penser les abus à l’aune de la Parole de Dieu. Comment cette idée lui est-elle venue ? C’est tout simplement celle de son expérience personnelle comme il l’exprime dans l’avant-propos : 

 

Dans l’ambiance de non-écoute, de non-réponse, d’incompréhension, de paroles tueuses ou mordantes, de menaces incessantes, de suspicions et de pressions qui viennent de Dieu sait où, dans cette ambiance donc, où l’on est immédiatement plongé quand on s’engage dans l’aide aux victimes, une parole m’est apparue  salutaire, éclairante et véritablement accompagnatrice : la Parole de Dieu. C’est cet accompagnement par la Parole, cette lumière qu’Elle donne, cette rigueur à laquelle Elle oblige dont je voudrais donner ici un écho. 

 

Idée bizarre ? Quelques lignes plus loin, il affirme encore plus fortement : « évoquer l’abus et l’emprise, Bible en main, c’est aller au cœur de la Parole biblique qui, depuis le commencement, met en garde contre tout désir de mainmise, contre tout pouvoir abusif, contre tout assujettissement des personnes et de la création ». Et c’est ce que l’auteur nous montre de manière lumineuse : quand, au commencement, tout est donné, tout se tord rapidement et les abus apparaissent quand la parole divine est pervertie, quand le désir de puissance outrepasse la simple action de grâce de ce qui est gratuitement offert. Cela arrive tellement de fois… même le Fils de Dieu en est une victime !

 

L’auteur nous fait traverser diverses péricopes des deux testaments, plutôt inattendues, nous invitant à prêter attention à des courtes paroles ou à des personnages sur lesquels on passe souvent rapidement, montrant notamment combien le traitement des « petits », entre autres celui des femmes et des enfants, est paradigmatique dans la Bible. Attention, il ne s’agit pas pour autant de récits d’abus qui seraient étirés et actualisés ici mais plutôt  d’un « désir d’élucider théologiquement (…) ce qui se passe quand des abus ont lieu, quand ils sont connus et pourtant tus, quand le silence s’installe. (…) les violences dans l’Église ne sont pas un à côté, douloureux et minoritaire, d’une institution par ailleurs en pleine forme. Elles sont le visage de ce qui est représenté quand est accompli liturgiquement le sacrifice eucharistique : l’innocent bafoué, interdit de parole, assassiné, qui ressuscite et vient juger les vivants et les morts ». 

 

            Un livre qu’on a envie de prolonger en augmentant notre lectio divina comme vrai lieu pour aussi bien mieux comprendre que mieux prier.  

 

 

 

 

Je dois l’avouer : j’ai longuement hésité avant d’ouvrir ce petit livre que je savais être témoignage personnel. Non parce que j’avais peur de lire un témoignage de victime mais parce que l’auteur a été l’un de mes professeurs apprécié du Centre Sèvres, et, en plus, mon directeur de cycle lors de mon baccalauréat canonique dont l’accompagnement des études a été humain, chaleureux et toujours d’une appréciable justesse… alors, lire son témoignage ? Je ne voulais pas tomber dans le voyeurisme mais, en lisant les articles autour de celui-ci, je me suis dit qu’il fallait le lire et ce fut avec raison. 

 

            Là, oui, nous sommes en plein dans le récit d’un abus mais il ne s’agit pas de raconter les sombres détails de ce qui s’y passe. Car c’est surtout et plutôt du récit d’une vie dont il s’agit : la vie d’un homme devenu prêtre jésuite et enseignant qui a découvert seulement très récemment la cause des divers maux psychosomatiques dont il souffrait de longue date. Cette cause était un déni, une amnésie profonde des abus subis de la part d’un prêtre quand il était enfant. C’est donc l’histoire d’une prise de conscience progressive, qui s’inscrit dans une existence formée et rompue à la relecture de vie. C’est pour cela qu’il aborde tant de sujets connexes et si importants, avec autant de franchise que de délicatesse : ses réactions, la question de la justice, le pardon… mais aussi quid de sa vocation et de sa relation à Dieu après le choc de la révélation, aussi libératrice que difficile ? 

 

            J’ai retrouvé un ton qui m’avait beaucoup plu lors de son cours d’anthropologie théologique qui s’organisait en trois temps successifs « naître – mourir – ressusciter ». Un cours qui n’était jamais simpliste mais qui osait se frotter autant aux beautés – l’art tant pictural que littéraire était souvent convoqué ! – qu’aux apories de nos vies : je crois que, comme plusieurs de mes camarades, nous en sommes sortis en aimant mieux notre incarnation. Je me rappelle qu’à l’époque, il n’avait pas hésité à parler de l’accompagnement récent du décès de sa mère et combien il en découvrait une foi différente, passée au tamis de la proximité de la mort. Il y a quelque chose de cela ici aussi, avec une retenue pudique : être croyant après et malgré tout cela ? Oui, et même avoir relu son existence en assumant la part de joie qu’elle comporte. 

 

            Si vous n’avez pas encore lu de témoignages de victimes, sans doute celui-ci est-il à lire : pour mieux prier ce Dieu qui sait rester cette infime lumière dans le noir plus total.  

 

J’ignorais que la joie puisse coûter un tel prix. Il n’y a vraiment que celle des naissances qui, à ce qu’on m’a dit, passe par les douleurs. Les résistances à dénoncer le mal commis pèsent sur elle comme une grande menace. J’espère pourtant ne plus me la laisser ravir. Ce sera un combat. Un enfant veillera. 

 

 

Commentaires

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