Zabou the terrible

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Un an après la CIASE – quelques libres propos

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            Je ne pouvais pas laisser passer cette date – je n’ose écrire cet « anniversaire » – sans en dire un mot tant ces révélations ont été un raz-de-marée dont nous n’avons pas fini de sentir le ressac des vagues. 

 

Des vagues qui permettent de porter plus loin ceux dont la parole avait été jusque-là éteinte ; 

Des vagues qui montrent la violence possible de la marée humaine ; 

Des vagues qui viennent entrechoquer les certitudes ; 

Des vagues qui nous laissent dans l’inconfort de l’instabilité :

Que sera demain ? 

 

            Un an plus tard, est-il vraiment plus facile de poser un mot sur ce sujet ? Peut-être pas vraiment. Il subsiste déjà, comme l’an passé, la difficulté à poser des paroles qui respectent pleinement la vie et le ressenti unique de chaque victime : il n’est pas possible de parler à leur place. Mais il faut aussi parler du « et maintenant ? » et les choses ne se simplifient alors pas. Il est vrai que l’Église a mis en place une série de mesures réelles, une instance de réparation, des groupes de travail et il convient de voir tout ce chemin parcouru avec gratitude et comme un premier pas sur lequel s’appuyer avec confiance pour bâtir la suite. Et, en même temps, il est difficile de pouvoir en être pleinement heureux et il convient de le reconnaître en vérité : retards inhérents à l’humain, réticences qui peinent à se lever face à la réalité, ras-le-bol de certains ou, pire, désir de tourner la page définitivement. « C’est bon quoi, on en a assez fait ». 

 

            De l’autre côté, quand on dit qu’il faut continuer à interroger les conditions qui ont permis à de tels abus non seulement de se vivre mais encore de proliférer dans le silence, certains feraient vite de nous des révolutionnaires alors qu’il ne s’agit évidemment pas de mettre l’Église à plat ! 

 

           Bien au contraire, il s’agit d’aider l’Église – c’est-à-dire toi, moi et nous-mêmes, d’abord – à se placer vraiment sous la motion de l’Esprit Saint et à être une ecclesia semper reformanda.

             Bien au contraire, il s’agit de la rendre plus vivante en acceptant qu’elle ose porter l’interrogation constante sur ses fonctionnements : pas seulement des petits conseils pratiques de bonne conduite – essentiels AUSSI, évidemment – mais en osant réfléchir sur chacune de nos pratiques. Qu’est-ce qui pourrait encore conduire à des pratiques abusives ? Il s’agit non pas de faire de l’Église une société parfaite utopiste mais seulement d’évaluer nos actions de pécheurs sous le regard du Christ. Avouons-le, si nous sommes engagés dans l’Église, nous savons tous qu’il y a encore largement place pour un chemin de conversion tant personnel que communautaire. 

            Bien au contraire d'une révolution, il s’agit également et simplement de libérer toujours plus la parole en Église, entre chrétiens : en créer des lieux et des conditions – la synodalité ? – et cela même quand les prises de parole nous semblent déplacées. Personne n’est de trop dans l’Église et mon frère souffrant doit pouvoir s’exprimer facilement, même s’il gueule, même s’il chiale, même s’il me dérange – parce que, avouons-le, la souffrance d’autrui n’est jamais agréable à « supporter ». 

 

            Bref, la route est amorcée mais elle est encore longue : sans doute faut-il voir cette année comme une simple étape d’un chemin à continuer de parcourir, ensemble. 

 

          Avec quelques amis, l’an passé, nous avions lancé le hashtag #AussimonEglise quelques jours après la publication du rapport, pour montrer combien nous nous sentions concernés et combien nous voulions agir par notre prière, notre compassion, mais aussi par nos manches retroussées là où nous étions. Ce hashtag est toujours et plus que jamais d’actualité. Cette Église qui comprend victimes et abuseurs, cette Église qui avance mais parfois renâcle aussi, qui tâtonne à enlever toutes les zones obscures dans sa suite du Christ qui la fonde, c’est #AussiMonEglise et c’est pour cela que je continue de la regarder, d’y appartenir avec foi et d’y travailler avec espérance, certes, mais aussi avec exigence ! Il en va de toi, il en va de moi, il en va vraiment de chacun d’entre nous : il en va de nous conformer toujours plus à notre foi dans Celui qui a donné sa vie pour nous. Et ce ne sont pas que des mots mais bien une aventure de vie. 

 

... Continuandum...

 

Commentaires

1. Le jeudi, octobre 6 2022, 07:55 par Chantal

Merci Zabou. Je suis en accord avec chacun de tes mots.

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