Zabou the terrible

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Une affaire de chair

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         Récemment, comme souvent ou peut-être comme trop souvent, je me suis encore retrouvée dans le couloir assise par terre à côté d’une élève pour causer. On ne parlait même pas d’elle-même mais d’une autre avec qui on cause trop souvent aussi de cette façon parce qu’elle traverse des grosses galères. C’étaient ces dernières qui mettaient les nuages bien bas dans le cœur de la première, ainsi que dans nombre des nôtres de profs : comment soutenir ? Sans bien réfléchir, j’ai dit quelques mots sur le fait que c’était cette compassion qui nous rendait vraiment humains ; le fait de se sentir touchés soi-même à plein des malheurs d’un autre. En y réfléchissant, je n’y changerais pas grand-chose : c’est dans cette aptitude à être sensibles à ce qui touche la chair d’autrui que nous-mêmes devenons plus incarnés, plus humains. 

 

Or, ces derniers jours, il a été beaucoup question de chair la liturgie. A l’Annonciation, le 25 mars, on parle certes d’Esprit mais la grande affaire est bien charnelle : de l’inouï d’un Dieu qui prend notre chair et qui dépend pour cela d’une femme, de son accueil, de sa chair. Et que dire des liturgies dominicales qui faisaient se succéder des guérisons ? S’il y en a bien un qui se fait proche de la chair humaine souffrante, c’est bien le Christ. Quant aux Rameaux, n’est-ce pas la suite de l’abaissement de l’incarnation qui nous est montrée, bien plus que la seule « montée » vers Jérusalem ? Lire le prophète Isaïe en 1ère lecture nous le dit bien : «  J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient, et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe. Je n’ai pas caché ma face devant les outrages et les crachats. Le Seigneur mon Dieu vient à mon secours ; c’est pourquoi je ne suis pas atteint par les outrages, c’est pourquoi j’ai rendu ma face dure comme pierre : je sais que je ne serai pas confondu. » 

 

         Je repensais à cela, troublée que j’étais par le trop-plein de violence de certains sur les réseaux sociaux ces derniers temps – qui a limité par contrecoup ma propre écriture. 

 

Comme s’il devait y avoir des injonctions à choisir un camp, une option, une pensée au lieu d’être simplement chrétien ; 

Comme si l’on pouvait être un meilleur chrétien en mettant de l’ardeur à clamer une pensée en descendant celle de l’autre, parfois en jouant au jeu des amalgames faciles (qui nous guette tous, soyons-en conscients) ; 

Comme si l’essentiel n’était pas donné par ce critère de la charité qu’est celui de la chair :  nous faire infiniment proches de la chair souffrante du monde et choisir, voire re-choisir cette posture chrétienne fondamentale contre toute forme d’indifférence, contre toute forme d’idéologie, voire d’idolâtrie. 

 

Il est vrai que cette posture n’est jamais triomphaliste, qu’elle n’est jamais bien sûre d’elle-même et laisse inquiet, qu’elle peine parfois à s’orienter, prise dans les larmes qu’elle est, mais elle ne choisit pas autre chose que se tenir là, auprès des plaies béantes de notre monde, connues ou méconnues, et cherche à les tenir ensemble, sans en oublier. 

Sa seule espérance n’est ni de droite, ni de gauche : elle se célèbre en particulier cette semaine et ça la ravive  même profondément puisqu’elle a nom résurrection. 

 

 

Commentaires

1. Le mardi, avril 4 2023, 03:55 par GIRAL ODILE

Merci belle montée vers Pâques...

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