Hier matin, j’ai été confrontée à mon premier cas de sèche collective : un cours de rattrapage de 8h30 à 9h30, annoncé comme tel dans le carnet depuis plusieurs jours ;
Hier matin, au lieu d’une classe à peu près complète, j’ai eu des élèves en nombre tel que les doigts d’une seule main étaient déjà trop nombreux par rapport à ceux nécessaires pour les compter ;
Hier matin, j’ai été, je l’avoue, très en colère.
Mais très vite aussi je me suis demandée pourquoi étais-je donc en colère ?
En fait, j’ai été surprise devant cette violence soudaine qui m’habitait… Pourquoi suis-je en colère ?
Ce sont eux qui jouent avec leur scolarité, leurs bêtises diverses partout, la suite d’un début d’année plus que pas terrible… pas moi.
Il y avait certainement la colère d’avoir perdu une heure de sommeil, point un peu délicat et presque douloureux quand on n’est pas du matin et que c’est la période des conseils de classe et de diverses réunions ;
Il y avait aussi très certainement le fait de l’avoir pris pour moi… c’est un peu débile, je sais bien qu’il faut distinguer son « rôle » - dans le sens tant de fonction que de théâtre – de professeur de sa vraie vie. Mais il n’empêche… On passe tant de temps à préparer des cours qu’on y met un peu, beaucoup de soi. Et qu’un séchage, on a beau savoir que c’est plus un acte de paresse et de révolte adolescente, qui ne nous est pas directement destiné, c’est vrai qu’on le vit un peu comme un gros crachat dans la figure de notre investissement. C’est bête.
J’ai réfléchi en me tournant vers Celui qui est pour moi mon modèle d’éducateur, le Christ.
Lui qui s’est pris de vrais gros crachats dans la figure, pas de manière figurée ;
Lui qui a toujours appliqué à la politique de la main tendue…
Tu ferais quoi, Toi, Seigneur, à ma place ?
Les élèves furent repris et punis de leur acte… oui.
Et maintenant ?
Toi, Tu pardonnes toujours,
Toi, Tu tends la main, toujours.
Tu sais bien qu’on ne peut pas être de gros bisounours lançant des cœurs <3 à qui mieux mieux… surtout avec ces jeunes-là ;
Tu sais qu’il nous faut être droits, fermes et nous-mêmes le plus exemplaires,
Mais Toi Tu regardes,
Mais Toi Tu aimes à plein, à fond, vraiment…
Tu sais, j’ai beau m’interroger,
Je n’arrive pas franchement à savoir ce que Tu aurais fait,
Mais Toi Tu n’aurais certainement pas eu cette colère en Toi,
Tu aurais repris avec des mots justes, sans doute, qui pointaient pile sur leur cœur… mais Toi, Tu sais faire.
Il reste à espérer, il reste à prier :
Pour que la punition porte du fruit,
Pour qu’ils grandissent, comme de belles pousses,
Pour que vraiment mon cœur soit plein d’un juste et non naïf « je vous pardonne » comme Toi, Tu le fais si souvent avec mes merdouilles à moi,
Donne-moi Seigneur de les aimer, ces élèves pas faciles, comme Toi Tu les aimes.