Zabou the terrible

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mardi, mars 26 2019

En teinte d'Annonciation

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« Que j’exulte et jubile en ton Amour » : le réveil sonne… 

Annonce du jour à venir, 

Jour de fête, jour d’Annonciation,

Mais il est quand même bien trop tôt. 

 

D’un bâillement non réprimé, je me lève et saisis mon bréviaire : 

La journée sera longue, la journée sera rude, 

A Lui la première place : 

Me voici, Seigneur ! 

 

Ce sera un jour sans messe, un jour sans repos, un jour chargé.  

 

Petit-déjeuner, répondre rapidement à quelques messages – pas assez, 

Partir au travail, acheter quelques madeleines pour les collègues et pour moi-même, 

Journée de formation, longue, que viens-je faire là ? 

Que tout m’advienne selon Ta Parole

 

Et arrive 16h, cette heure où je dois intervenir comme professeur principal au conseil de discipline d’un vraiment pauvre gamin : je sais qu’il sera exclu et que cela sera juste. Mais j’ai appris à l’aimer, mais j’ai appris à le connaître, dans les circonstances tragiques de sa vie.

Alors, voilà, je n’ai pas envie d’être là, je n’ai pas envie de cela… 

Mais il faut être là, mais il faut tenir bon : 

Voici la Servante du Seigneur. 

 

Ce sont encore deux conseils de classe qui s’enchaînent, 

L’heure des bilans sonne, l’heure des recommandations pour progresser, aussi : 

Comment cela va-t-il se faire ?

Semer, sans savoir comment cela germera,

Ecole de la Confiance. 

 

C’était un jour sans messe, un jour sans repos, un jour chargé,

Mais pourtant un jour vécu à l’école de la Vierge Marie, à apprendre son Ecce,

A apprendre son Fiat…

Et dire, tard le soir, à l’heure de vêpres plus nocturnes que vespérales, 

Même quand le cœur est un peu trop fatigué pour consonner, 

A Celui qui est l’Alpha et l’Omega, même caché, de nos journées : Magnificat.

 

vendredi, février 22 2019

De l’accès au langage, de l’accès à l’amour

 

L’enfant nouveau-né braille au moindre besoin, presque sans raison : il ne sait pas encore exprimer ce dont il a besoin. 

 

L’enfant des banlieues, souvent, trop fréquemment, n’a pas les mots, n’a pas les codes : il a les insultes, il a les poings. 

 

La communauté qui n’est pas encore suffisamment libre ou qui ne se parle plus, quelle qu’elle soit, se met à murmurer ainsi que le peuple hébreu au désert, à médire les uns vis-à-vis des autres : elle n’a plus accès à la communication. 

 

Car il ne s’agit pas seulement d’accéder au langage, 

Il s’agit d’accéder à la parole, la vraie, et d’apprendre à entrer en communication avec l’autre : 

Liens à tisser et à retisser sempiternellement.

 

Mais la communion précède parfois cet échange si fructueux : 

Témoin l’enfant nouveau-né, si fragile qu’il ne saurait exister sans se blottir dans les bras de ses parents, ces derniers cherchant à précéder ses besoins… Car entre eux existe l’amour. 

 

Et pour les autres ? 

Pour les jeunes, il faut leur apprendre à se servir des mots, inlassablement : rôle éducatif ; 

Pour tous, il faut saisir le moindre petit pas vers la communication, vers une communion, par des gestes bienveillants et, surtout, par ce fameux « regard qui espère », même quand tout semble foutu : rôle de la petite fille Espérance, rôle de chacun qui accepte de veiller à cette aune ; 

Parce qu’entre nous tous doit exister aussi une forme de ce même amour, en responsables de nos frères que nous sommes. 

 

 

samedi, février 9 2019

L'huile de la prière pour l'entretien et pour quand ça grince

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Il y a des jours comme hier qui s’écrivent en mots trop gros :   

Violence, heurts, coups, douleur.

Des histoires qu’ailleurs on n’imagine même pas, 

Des pleurs d’élèves, des pleurs de collègues, 

De la colère, les côtés sombres de l’éducation prioritaire. 

Faire notre job de prof ? Comment quand la violence fait tache d’huile ? 

Et la suite ? Et l’accompagnement ?

Et moi comme consacrée là-dedans… Comment porter lumière et espérance ? 

 

 A contrario, une soirée faite de douceur, 

Avec une petite dizaine d’amies proches, 

Partager un repas « de filles », des nouvelles, des coups de gueule, 

Des rires et, parfois, dans l’intimité d’un ponctuel tête-à-tête, 

Me confier quelques lourdes intentions de prière sous-jacentes. 

Le soir, elles rentreront retrouver leur mari, certaines aussi leurs enfants, 

Leur joie et aussi ce qui fait quelques-uns de leurs soucis : 

Belle est notre vieille amitié, malgré les différences concrètes de nos vies. 

 

Moi je suis rentrée seule et je me suis agenouillée…  

Entre violence et douceur, 

Entre questions insolubles et poids des intentions, 

Entre la violence du jour et la douceur du soir : 

Porter cela de mes mains vides, 

De mon cœur un peu trop plein, 

Dans le silence amoureux de la prière. 

 

Les solutions ne s’écrivent pas là mais, en Lui, tout prend néanmoins une autre dimension. 

A l’aune de la prière, c’est à la couleur de Son amour plénier, offert, qu’on apprend peu à peu à nous laisser façonner : notre regard, les mots que nous posons sur les situations, les mots que nous oserons balbutier pour remettre un peu d’amour comme autant d’huile là où il faut entretenir, là où ça grince et enfin et surtout là où il semble tant en manquer que cela risque de casser. 

 

lundi, décembre 24 2018

Communauté éducative, communauté eucharistique

 

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            C’était il y a une dizaine de jours : en plein Avent, nous nous préparions à Noël par la messe mensuelle des étudiants du Centre Sèvres, lieu où j’étudie la théologie à temps partiel. Lors du chant final : O Come, all ye faithfull ou, si vous préférez selon votre sensibilité Adeste fideles ou « Peuple fidèle », il y avait quelque chose de très beau à nous dire que nous venions vraiment tous L’adorer, réunis, étudiants et professeurs, en cette église jouxtant notre lieu d’études par le même désir de mieux connaître et de mieux faire connaître Celui qui anime nos vies. 

 

            Communion, unité malgré notre diversité trouvée dans le Christ, rendue encore plus forte par la participation à la même table de l’eucharistie. Même action de grâce s’élevant des cœurs : nous formons une véritable communauté éducative. 

 

            Je m’en faisais la réflexion en retournant ensuite dans l’établissement scolaire dans lequel j’enseigne. Nous y parlons volontiers de communauté éducative. Mais, qu’est-ce qui nous unit ? Une même citoyenneté, une envie de grandir et de faire grandir, des programmes, un même ministre… la liste est longue et importante. Mais il faut bien constater que le tissu fraternel est plus lâche, plus multiforme et les mailles qui le constituent, dans les temps actuels, semblent se défaire chaque jour davantage et les accrocs s’y multiplient, de manière parfois inquiétante. 

 

            Faut-il pour autant en conclure que cette communauté n’a de commun qu’un lieu, un établissement scolaire, et que nous sommes condamnés à tâtonner, sans vraiment rien y trouver d’unifiant où nous soyons vraiment ensemble ? Ma foi me pousse à refuser cette option… Feu mon premier père spirituel, moine de son état, m’écrivait, dans une de ses dernières lettres, alors que je commençais mon travail en éducation prioritaire : « Tu trouveras Dieu en tes lascars qui sont, en secret, à Lui ». Dieu, mystérieusement, unit et unifie, de manière souterraine toutes ces vies, toutes nos vies : ramifications venues de Son centre. Le lieu d’unification est le même… mais c’est de nuit, mais c’est peu clair, mais c’est lointain et tout ténu. Alors à nous de cultiver, de faire jaillir cette même sève, même en ses extrémités, même en Ses « périphéries ». 

 

Mais rien de cela n’est possible sans Lui. Alors, en cette nuit, en cette vie : viens Seigneur Jésus, apporte Ta lumière en nos vies pour nous rendre capables de La porter à notre tour, par nos vies, à tous ceux qui en ont besoin, pour aider à l’unification et à l’édification de ce qui doit l’être. Amen. 

 

samedi, novembre 10 2018

Notes en vrac d'espérance

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            Ce sont de curieux moments que les conseils de discipline. 

 

            J’ai du mal à expliquer en quoi cela constitue une place de choix pour une chrétienne qu’y siéger tant ce sont indubitablement des moments douloureux, souvent accompagnés d’une certaine violence et qui me laissent intérieurement groggy plusieurs jours de suite. Mais, en même temps, ce sont des lieux porteurs d’une incroyable espérance pour qui ose y croire : et le chrétien a, ce me semble, à s’en faire particulièrement l’écho. 

 

            Quand l’élève a – gravement – fauté, on n’est pas juste là pour le juger et le « virer », même si la disposition de la salle s’apparente alors à un tribunal, qu’on y est grave et qu’il n’est pas rare de voir nos élèves et leurs parents y trembler, voire y pleurer. Et, pourtant, si l’on prend la peine de ce moment, ce n’est pas pour exclure d’un coup parce que le cadre a été outrepassé, c’est bien plutôt pour jauger la situation et, surtout, toujours, espérer. Il ne s’agit pas la petite et à la fois si grande Espérance chrétienne mais un peu tout de même : il s’agit d’espérer l’élève dans ce « plus beau », dans ce « meilleur » dont il n’a pas encore su faire preuve et réfléchir ensemble au moyen de l’y conduire. En gros, c’est ne jamais croire que tout est fichu, ne jamais s’y résoudre… même si cela n’empêche pas la sanction d’être posée. 

 

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dimanche, septembre 9 2018

Encore une rentrée ?

 

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            Une de plus ? Rien à découvrir ? Pas vraiment, non : est-il vraiment une rentrée semblable à une autre ? Même s’il est des rites incontournables pour entrer en l’année scolaire, les rentrées se succèdent sans jamais être similaires, apportant leur parfum de neuf, d’inconnu, d’aventure, même ! 

 

En tout cas, ça y est, je les ai tous rencontrés, ces environ cent élèves répartis en quatre classes : des visages certes déjà connus pour beaucoup mais aussi d’autres simplement croisés ou encore pleinement inconnus. Les vacances leur ont fait gagner qui une dizaine de centimètres (ah le petit 4èmedevenu grand 3èmequi te lance avec une immense fierté : « Madaaaaame ! Je vous ai dépassée, ça y est !!! »), qui un joli hâle, qui un beau sourire où la joie de l’été ne s’est pas éteinte sur un visage qui fut jadis si fermé. Ces changements physiques rappellent très clairement qu’il ne faut pas les enfermer dans ce que l’on connaît déjà d’eux, en bien ou en… moins heureux ! Que sera cette année ? Que sera cet enfant ? Ce n’est pas au professeur de le décider ou de le deviner et c’est heureux. 

 

            J’éprouve de plus en plus de la joie à la rentrée, non des diverses réunions qui, elles, ne m’enchantent guère, mais de découvrir, de faire connaissance, d’apprendre à rencontrer ces jeunes esprits qu’il faudra aider à former, à faire grandir. Et cela, c’est une grande mission, si belle que je pense qu’on ne s’y habitue jamais tout à fait : elle est différente à chaque rentrée. 

 

            Comme tous les ans, j’ai glissé une nouvelle liste de noms dans mon coin prière, ceux de « ma » classe, une manière comme une autre de me rappeler de toujours prier pour eux – après tout, ils ont écopé sans le savoir d’une consacrée comme prof principale – et, surtout, que c’est un plus grand que moi, le meilleur de tous les pédagogues (et pourtant, il a eu du boulot avec l’être humain !) qui forme et qui doit former à travers moi. Cette année, de surcroît, c’est en 3èmeque j’assurerai cette mission avec ce que cela comporte d’implications en termes d’aide à l’orientation et, même si j’ai confiance, je ne fais pas franchement la fière tant ce sont de premiers vrais choix de vie pour certains : Seigneur, je vais avoir besoin de Toi !

 

Alors, Seigneur, fais avec moi cette année comme avec le sourd-muet de l’évangile du jour, s’il Te plaît : 

Ouvre mes oreilles et surtout celles de mon cœur : donne-moi d’apprendre à écouter Ta parole pour écouter ensuite mes élèves à fond dans ce qu’ils bafouillent de leurs grands désirs ; 

Délie ma langue de ce qui l’entrave vers la Vérité et la justesse ; 

Donne-moi de parler correctement, c’est-à-dire dans une charité sans faille, qui sache trouver le mot juste pour encourager, pour reprendre sans décourager et sans me décourager, pour orienter et réorienter ce qui doit l’être, pour tirer vers le haut, pour pousser et ramener celui qui est à la traîne, pour enseigner, bref pour exhausser plutôt qu’exaucer. Amen.  

 

jeudi, juin 28 2018

L’inouï d’un grand amour

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            C’était il y a une semaine, lors d'une belle journée sportive avec les élèves : nous qui avions terminé l’épreuve où se trouvait le lieu du pique-nique, nous attendions. Nous ? Des élèves et trois professeurs dont deux arrivés cette année et puis moi : nous sommes encore en train de faire vraiment connaissance. 

 

            Il y avait notamment cette collègue que je sais en train de s’installer, de bâtir son foyer et, très probablement, de commencer à avoir l’idée d’y accueillir un enfant. Et elle de nous demander à l’autre collègue et à moi si nous avions des enfants, ce à quoi lui comme moi répondons non. Elle d’insister de savoir si c’était un choix, mon voisin bafouille quelques mots avant d’annoncer son homosexualité. Et moi, de bafouiller à mon tour « non, oui, enfin… c’est compliqué ». La conversation reprit entre mon voisin et elle et je me suis demandée : « si elle savait » !!! Qu’aurais-je pu répondre, a fortiori étant si proches des élèves et de leurs oreilles ? Que j’étais consacrée à Dieu ? Inaudible (« hein, consacrée ? C’est quoi ? »… loin de son champ de pensée) en plus d’être inouï, fou et incroyable ! Dire que j’étais « un peu comme une religieuse » et parmi eux, pourtant ? Rien que d’imaginer cela, ça me faisait sourire car j’étais en short et baskets, encore suante des cinq épreuves, ayant donné de l’énergie et de la voix pour soutenir mon équipe d’élèves : pas franchement le look porté par l’imaginaire commun français... Et pourtant, tout autant consacrée que mes sœurs qui ont choisi la plus cloîtrée des vies et qui en portent l’habit. Car nos oripeaux ne parlent pas seuls : ce sont seulement nos vies données qui comptent. 

 

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vendredi, juin 15 2018

Extraordinaire du menu, ordinaire de la foi

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C'était hier, nous nous réunissions pour ce que l'on appelle un "conseil d'enseignement", c'est-à-dire une réunion entre collègues enseignant la même matière. La spécificité de notre équipe est d'aimer profiter de ces moments pour prendre le temps d'un bon déjeuner pour lequel chacune (oui, nous ne sommes que des femmes) apporte une douceur, si possible distinguée (nous surnommons ces moments les "soupers fins des dames de Lettres", c'est vous dire !). 

Je savais qu'une de mes collègues ne pourrait pas profiter pleinement de celui-ci à cause du Ramadan... La nouvelle collègue de l'année le constate : "Ah oui, tu fais le Ramadan ?... Ben, c'est un peu comme chez nous le Carême, sauf que tout le monde fête Pâques et personne ne fait plus le carême !". Evidemment, moi (dont elle ne connaît pas le choix de vie à la différence de mes autres collègues mais dont elle sait que je fais des études de théologie) de lui répondre : "Ben... si, moi je le fais". 

- Ah, mais t'es vraiment une pure et dure toi ! 

- Ouais, c'est ça... une pure et dure." 

Pure et dure... parce que tu "fais" le Carême ? L'appellation me fait sourire personnellement mais ce qu'elle reflète est moins souriant. Pourquoi faire le Ramadan est-ce assez in ou tout au moins naturel et pourquoi le Carême est-il devenu visiblement un truc de spécialistes ? Quelle marche d'attractivité avons-nous ratée ? 

Je n'ai pas les réponses, ni même envie de me lamenter mais peut-être que semer, qu'évangéliser, c'est aussi dire simplement et clairement ce que nous vivons, le plus naturellement possible. Pour qu'on puisse dire : "les catholiques pratiquants existent, ils sont parmi nous, j'en ai rencontrés !"... et ils ont même l'air assez normaux, portant des vêtements ordinaires, dans un monde ordinaire... la suite dans l'épître à Diognète ! :-)  

mardi, juin 12 2018

La conception virginale expliquée non pas à mais par mes 3èmes

Ce soir, en réunion CdEP, à la fin du repas, grosse discussion sur la laïcité, sur ce qui se dit ou pas en classe. En guise de clin-Dieu, voici une scène vécue la semaine dernière en 3ème alors que j'expliquais l'origine de Monseigneur, puis de Monsieur et enfin de Madame... 

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Elève 1 :  Madame, et Notre-Dame ? 

Moi - Prof : Tu parles de la cathédrale de Paris ? Eh bien, c'est une appellation chrétienne pour désigner la Vierge Marie, mais tu vois c'est le même principe, c'est pour honorer quelqu'un... 

Elève 1 : Nan, mais Marie, c'était la meuf de Jésus nan ? 

Elève 2 : T'as rien compris, c'était sa reum ! 

Elève 3 : Même dans le Coran, ils en parlent ! 

Elève 1 : Attends, mais comment ça peut être sa mère si elle est vierge ? C'est juste impossible ! 

(Prof, silencieusement dans sa tête en s'amusant terriblement de la scène : Rien n'est impossible à Dieu) 

Elève 4 : Ben, tu vois, là, au lieu du papa, c'est le Saint Esprit qui lui a mis un enfant dans le ventre ! 

Elève 1 : Ah oui.... (gros silence)

Prof : On vient de perdre ***élève 1*** je crois... 

 

samedi, mai 19 2018

Neuvaine de Pentecôte de prof

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Je ne sais pas si cela fait cela à tous les profs mais j’admets que j’ai du mal avec les corrections de concours, non pas pour l’acte un peu répétitif mais parce que, contrairement aux copies de nos élèves, cela manque de chair et d’os. Certes, il y a de vrais candidats derrière les lignes et il est essentiel de l’avoir toujours en tête mais ce ne sont pas des personnes avec lesquelles nous avons écrit patiemment un bout d’histoire ensemble, cours après cours et que l’on continue d’aider à grandir par notre travail de correction. Je l’avoue, je n’aime pas trop ces corrections « hors-sol ». 

 

Alors quand tu es convoquée pour corriger un concours une fois, ça passe en serrant déjà un peu les dents, mais quand tu es convoquée pour deux sessions d’affilée, ça passe franchement moins bien : surtout quand le temps de correction du deuxième paquet est plus que restreint, te forçant à travailler à des heures indues et à rater de nombreuses heures de cours auprès de tes élèves, ce que tu penses être ta première mission. Et d’ailleurs, c’est cette mission-là qui te passionne. C’est ainsi, tu l’acceptes quand même, mais quelle neuvaine de Pentecôte !!! Et Dieu dans tout ça ?

 

Quasi-quotidiennement, je prie les vêpres avec un vieux prêtre de mes amis. Mercredi en fin de journée, agacée de la situation, j’ai ajouté à l’intercession : « pour que nous sachions chercher et trouver Dieu en tout ». Évidemment, il m’interroge après l’office sur le sens de cette prière : mes fichues copies, père… ces copies… comment y chercher, comment y trouver Dieu ? Aridité maximale et qu’est-ce que j’en ai assez ! 

 

Au fil des (très) longues heures devant mes copies numériques, j’ai beaucoup repensé à cela : comment y chercher Dieu ? 

 

Peut-être que la clef conjuguait à la fois cette humanité dont je déplorais le manque et la très proche fête de Pentecôte ? 

Je n’ai pas réellement trouvé une réelle clef, magique, mais, souvent, après cette réflexion, je me suis mise à prier : Viens Esprit Saint. 

 

Quand je commence à fatiguer, viens Esprit Saint, pour me donner ta clairvoyance et ta justesse ; 

Quand je m’énerve sur une copie, viens Esprit Saint me donner ta douceur et ta patience ; 

Quand le temps s’étire, viens Esprit Saint, me donner ta force. 

Mais, surtout, viens Esprit Saint sur chaque candidat jouant ici une partie de son avenir : 

Viens Esprit Saint l’aider à écrire sa vie bien plus en grand, bien plus en profondeur que dans ces quelques lignes. 

 

vendredi, mars 9 2018

Ce que je sais malgré tout

Seigneur,

Tu le sais bien, c’est bloquée de partout que je suis rentrée avant de me poser un peu avec Toi : la tête comme dans un étau, les épaules serrées… comme si mon corps réceptionnait la violence et le stress de ce qu’il venait de vivre.

Quoi ? Trois conseils de discipline d’élèves ayant commis des actes graves lors d’un récent voyage scolaire que j’accompagnais, les trois qui se sont soldés par des exclusions définitives. C’est la deuxième année que je siège dans cette instance souvent désagréable mais je n’avais encore jamais vécu cela : des actes dont j’étais un des témoins niés ! En 4h30, j’ai vu de la violence, du mensonge mais aussi de grandes détresses : 4h30 de plongée non-stop dans la pâte humaine, ça ne laisse pas tout à fait intacte… Heureusement, je sais que Tu y étais avec moi.

Et il fallait poser une sanction, et il fallait voter… Tu sais, Seigneur, cela fait partie des jours où j’envie ceux qui sont bardés de certitudes sur ce qu’il convient de faire : tous pourris les jeunes de banlieue ? Excluons-les tous ! Et, de l’autre côté, l’attitude qui ne vaut guère mieux : Oh ces pauvres petits… Tellement malheureux qu’il ne faut surtout pas les punir. Souvent, j’écoute ces personnes et ne dis rien : je demeure dans l’inconfort. Ne le dites pas trop fort mais cela fait la cinquième année que j’enseigne en éducation prioritaire et je crois que je ne sais toujours pas ce qu’il convient de faire. En réalité, je le sais de moins en moins : je m’efforce simplement d’aimer, au moins mal.

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samedi, février 17 2018

Dans le secret de Son cœur

 

Pas de billet… mais alors, pas là pendant le Carême ? Si, je préfère chercher à christianiser mon usage de l’internet plutôt qu’en supprimer l’accès, mais en voyage scolaire au début de ce temps : au loin, dans la belle Andalousie, carrefour de la rencontre des cultures juive, musulmane et chrétienne, lieu où apprendre à mieux connaître celui qui diffère de moi.

 

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Et, durant ce temps, entrer en Carême pour la consacrée que je suis. Comment ?

Un temps, j’ai envisagé de jeûner comme l’Église le demande, comme je le fais habituellement, mais, avec 48 adolescents compliqués à gérer autour de moi, j’y ai renoncé : cela aurait été contraire à la plus élémentaire des prudences que ne pas chercher à être la plus en forme possible, pour mieux servir.

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Aller à la messe ? Mais quand aurais-je pu ? Certains m’avaient dit avant le départ que c’était facile : ils ignorent ce que c’est qu’accompagner un groupe hors pèlerinage chrétien. Alors, avant de partir, le samedi matin précédent, j’avais demandé à recevoir l’eucharistie hors messe comme pain et force de la route pour toute une semaine sans messe et j'en gardais le souvenir dans mon cœur, comme un trésor précieux. 

 

Entrer en Carême ?

Il ne me restait que le plus ordinaire de mes jours pour entrer en Carême bien pauvrement.

Ces jours qui ressemblaient parfois à des Cendres tant l’adolescence est un âge de construction souvent ingrat, souvent compliqué. Mais je sais bien que la finalité du Carême, c’est de mieux découvrir, sous ces Cendres imposées sur nos fronts au début de ces quarante jours, le feu de l’amour de Dieu.

Alors, tout mercredi, sans ces cendres, j’ai tout de même cherché à découvrir le feu de cet amour dans le cœur, dans la vie et dans les réactions parfois houleuses de ces ados qui nous étaient confiés. J’ai cherché à Le découvrir « caché au creux du monde comme un feu, puisqu’Il est avec nous ».

 

« Choisis en toute sécurité l’amitié du Christ. Il veut que tu Lui donnes l’hospitalité : fais-Lui un lieu (ps. 131, 5). Qu’est-ce que cela signifie : ‘fais-lui un lieu’ ? Ne t’aime pas toi-même ; aime-Le, Lui. T’aimer toi-même, c’est Lui fermer la porte. L’aimer, c’est la Lui ouvrir ».

(Saint Augustin, commentaire du ps. 131)

 

Exercice du regard, exercice du cœur, exercice de la prière : pour apprendre à mieux Le trouver pour mieux L’accueillir.

 

Mercredi des Cendres de pauvreté et de simplicité ;

Début de carême dans le secret de mon cœur,

Parce qu’Il est présent, agissant, aimant dans le secret du cœur de ces ados…

Ces ados aussi présents que toi ou moi, dans le secret de Son cœur.

 

Bon chemin de Carême à tous,

Tournés vers la joie de Pâques qui illumine déjà tout !

 

samedi, novembre 25 2017

Pour que chaque rencontre demeure unique

 

Un autre, et puis un autre, et puis encore un autre…

Seigneur, je suis claquée, je ne vais pas bien y arriver.

Les rencontres parents-profs ou ce difficile art de lutter contre l’habitude,

De lutter contre : « encore un… comme les autres », même inconscients, qui font surface quand on enchaîne une vingtaine de rendez-vous en un temps très restreint ;

De lutter contre l’inattention à ce que racontera tel parent sur ses difficultés avec son enfant qu’on a déjà entendues chez tel autre et qui nous font réagir : « Ah il ne parvient pas à se concentrer…. mais il a son portable pour travailler ? » ;

De lutter contre toute fatigue, pour accueillir vraiment, pleinement… même ceux qui vont te raconter leur vie parce qu’ils ont besoin de se confier.

 

Ces parents parlent de leur « petit chéri » avec attention, avec amour, et, s’il est unique à leurs yeux, il devrait pleinement l’être pour nous aussi :

Oh, bien sûr, sur le papier, on le sait et on a même conscience de combien il faut les connaître le plus à fond pour mieux les aider, mais, ainsi, toute une soirée ?

C’est souvent difficile de savoir rester vraiment présente à l’autre.

 

Seigneur, donne-moi de ne pas me laisser prendre par l’habitude à chaque fois qu’entre un parent d’élève,

Donne-moi l’art de l’écoute,

Donne-moi de saisir toujours mieux ce qui fait que l’enfant en question est unique, comme il l’est à Tes yeux.

Donne-moi de savoir discerner le beau en chacun pour le dire à chaque parent en sus de ce qui va moins bien et de ne jamais l’oublier,

Donne-moi de réconforter, de montrer les efforts concrets à apporter, d’encourager de manière réaliste… et surtout, tout cela, même lors du vingtième rendez-vous,

Pour les aider à grandir,

Pour donner confiance à ces petits qui sont les Tiens.

 

http://www.vousnousils.fr/wp-content/themes/sharp/timthumb.php?src=http%3A%2F%2Fwww.vousnousils.fr%2Fwp-content%2Fuploads%2F2012%2F12%2FLes-Profs-90.jpg&q=90&w=750&zc=1

Source de l’illustration : BD Les Profs

samedi, septembre 23 2017

Musique !

 

La session de rentrée de mon année au Centre S. était consacrée à des questions d’esthétique musicale. Le premier jour, nous avons ainsi fait des exercices d’écoute de morceaux extrêmement différents : qu’est-ce qui me plaît, me touche ? Qu’est-ce qui me surprend ? A quoi suis-je hermétique ? … Passionnant de voir nos différences et de chercher à mettre des mots dessus.

 

http://lepachot.com/k/2017/07/infopiquet-concert-mai-chorale-les-echos-temps-note-musique-dessin-imprimer-facebook-comment-dessiner-de-en-coloriage-notes-dessins-humoristiques-clavier-a-facile-dessinees-couleur-300x300.jpeg

 

Travaillant à côté, je n’y ai assisté que par bribes et suis donc repartie avec un CD sous le bras afin de poursuivre les exercices d’écoute jusqu’à ma bribe de temps libre suivante. En me confiant le CD, le professeur de me dire :

- Vous enseignez le français ? est-ce que vous faites lire de la poésie à vos élèves ?

- Oui, mais vous savez, ce sont des jeunes de banlieue, cela ne fonctionne pas très bien en général comme partie du cours…

- Même en banlieue, ça reste des humains ! C’est bien de leur en lire et de leur en faire lire. »

 

J’étais d’accord mais je me suis dit que, s’il avait drôlement raison sur l’importance de la poésie, c’était vraiment sous doute l’un des genres auxquels il m’était le plus difficile de faire adhérer plus de quelques élèves.

 

Une nuit passa et, le lendemain matin, j’allais en cours en poursuivant les exercices d’écoute - cette fois, des passages de classique : du Josquin Desprez, du Bach et du Mozart… Me revint alors une discussion avec les élèves quelques jours auparavant : « Non mais vraiment Madame, il n’y a personne qui écoute Mozart pour le plaisir ! ». Et moi, je faisais certes un exercice mais j’écoutais Mozart ou Bach pour le plaisir.

 

Qu’est-ce que ce jésuite avait raison de mettre le doigt là-dessus ! Éducation si nécessaire pour appréhender le Beau sous toutes ses formes : poésie, peinture, musique… Non pas pour que cela « serve » forcément à quelque chose, a fortiori dans un monde souvent bien matérialiste, mais bien seulement pour apprendre à goûter, à savourer, à se laisser surprendre ou déranger, à entrer en relation différemment avec le monde. Parce que mes élèves sont bien des humains, oui, il convient de chercher à leur offrir cette éducation à l’Art comme à chacun. Peut-être qu’être prof chrétien, c’est finalement voir le Beau en l’autre mais aussi apprendre à lui faire voir le Beau… qui nous parle si souvent de Dieu !

 

lundi, septembre 11 2017

Dis-moi ton nom car je le veux savoir

 

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Récemment, un sympathique concours de circonstances m'a fait rencontrer chez des amis quelqu'un qui a eu le même accompagnateur spirituel que moi, décédé aujourd'hui. Evidemment, nous avons échangé de nombreuses anecdotes à propos de cette figure haute en couleurs. Et puis, il y eut celle-ci que j'ai reçue comme un véritable apophtegme en ces temps de rentrée où l'enjeu pour les profs est de retenir sans se tromper une bonne centaine de prénoms. 

 

Un jour, le père cherchait le nom de quelqu'un sans trouver ce qui était rare. Il s'est exclamé : "Je n'arrive pas à m'en souvenir, incroyable ! Bon, c'est simple, je n'ai pas dû assez l'aimer !". 

 

Et bim dans ton petit coeur de prof ! Ou quand un vieux moine fait encore des étincelles outre-tombe dans ta vie... Autre forme de communion des saints ? ;-) 

 

lundi, septembre 4 2017

Aimables !

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Ca y est, aujourd'hui, je les ai revus ou tout au moins croisés tous ces élèves, avec grande joie ! 
Mais il faut bien avouer que le coeur sourit parfois plus à retrouver celui-ci plutôt que celui-là, surtout quand il faut dès à présent commencer à reprendre Untel... 
Et pourtant, qu'ils sont tous aimés semblablement dans le coeur de Dieu, tous préférés chacun dans leur unicité ! 
Alors, prier pour eux en cette rentrée, c'est aussi prier pour rendre mon coeur et mon regard semblables au Tien, c'est prier pour les trouver tous aimables - même celui qui semble avoir oublié la politesse en vacances - c'est vouloir les regarder avec cette certitude qu'en Toi, ils sont tous infiniment aimés, par-delà toutes ces pelures maladroites d'adolescents en croissance, au plus profond de leur être. 

Donne-moi, Seigneur, de tous savoir les voir dans cette amabilité : pour mieux enseigner, pour mieux travailler, pour mieux aider, pour mieux aimer. 

mercredi, août 30 2017

Petite prière de rentrée

 

Seigneur, donne-moi la grâce d’un regard neuf.

Ne permets pas que je pose sur ces élèves et sur ces collègues déjà connus un regard qui les enferme dans ce que je sais d’eux :

Donne-moi de savoir les découvrir comme si je les rencontrais pour la première fois,

Fais-moi la grâce d’une oreille écoutante, sachant se laisser surprendre,

Ainsi que le cadeau d’un cœur toujours prompt et prêt à l’émerveillement.

 

Permets, s’Il te plaît que je sache voir dans chaque rencontre, même à travers toutes les difficultés, une icône vivante de Toi,

Et, pour cela, donne-moi cette grâce d’un regard sempiternellement nouveau.

 

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mardi, juillet 4 2017

De l'art de jardiner ensemble plutôt que de cultiver seul son jardin

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Yeux pétillants et complices vendredi dans les ultimes minutes de la dernière épreuve du brevet : Quelques avions en papier en formation, d’autres qui se relisaient avec ardeur et enfin les autres qui regardaient passer les minutes jusqu’à l’heure où, enfin, ils seraient libérés.

 

Sourires mutuels avec beaucoup…. Il faut dire que c’est la première génération de collégiens que j’accompagne d’un bout à l’autre : nous sommes arrivés ensemble dans ce collège, eux en 6ème, moi pour mon année de « néo-tit’ », c’est-à-dire l’année après le stage, parachutée là je ne sais exactement comment.

 

Dans cette salle que je surveille, certains élèves eus en 6èmes, ou à d’autres niveaux, parfois plusieurs années de suite (3 ans sur 4 pour l’un d’entre eux !), ou pour des occasions ponctuelles : rares étaient ceux avec lesquels je n’ai pas eu l’occasion de partager ne serait-ce que quelques heures en 4 ans. On se connaît bien.

 

Et elle, cette bonne élève, qui me dit en me rendant sa copie : « Ah madame, on finit le collège aujourd’hui, là… Et c’était vous notre prof de français en 6ème, et puis notre prof principale en 5ème… ça fait bizarre de vous quitter, là, tout le collège ». Elle mettait des mots sur ce qui m’habitait : c’était bizarre leurs dernières heures au collège ; c’était beau de les voir passer leur brevet.

 

Pour moi, une légère émotion avec une joie teintée d’une certaine fierté : mes petits piou-piou tout perdus – comme leur prof qui arrivait ! – d’il y a 4 ans en arrivant au collège – qui avaient néanmoins pris très/trop rapidement leurs marques – allaient quitter le nid et devenir de (presque) grands lycéens. Oh pas tous avec des ailes fourbies, certes, souvent difficilement, souvent avec beaucoup d’hésitation encore, mais tout de même un chemin fut parcouru, pour et avec chacun et cela me faisait quelque chose. Des liens entre nous se sont créés en quatre ans, presque malgré nous. Et certains de ces anciens 6èmes de me rappeler quelques anecdotes sapides de leurs premiers mois au collège, et d'en sourire ensemble de concert.

 

On entend parfois une méfiance excessive vis-à-vis de l’attachement, dans les milieux catholiques comme professoraux alors que créer des liens humains est aussi tout ce qu’il y a de plus humain. Je me méfie d’un enseignement ou d’une foi sans incarnation qui ne prendrait jamais le risque de la relation.

 

Il me semble que ce n’est pas l’attachement qui est néfaste mais la possession : vouloir enfermer l’autre, en l’occurrence le garder collégien alors qu’il n’a plus désormais besoin que d'un peu d’aide pour s’envoler vers d’autres horizons où il sera confié à d’autres. Enfermer ces élèves dans leurs comportements passés, aussi, et ne plus espérer en eux, et ne plus rêver pour eux. 

 

Le professorat, c’est un lieu tout spécifique où apprendre à vivre la chasteté : on sème, on soigne, on cultive et, puis, la pousse ayant gagné un peu de vivacité, qu’elle soit de piètre ou de fière allure, on laisse vivre sans savoir comment elle fleurira, ni sous quelle forme, simples instruments par ce que l’on tente d’apporter de pédagogie, de connaissances et d’enthousiasme.

 

Quatre ans où nous avons appris à jardiner ensemble, côté prof et côté élèves… Bonne route, chers petits ! 

Et, même si vous ne croyez pas en Celui qui est ma vie et que je ne vous ai jamais parlé de Lui, que le Seigneur vous bénisse et vous garde sur les chemins que vous emprunterez ! 

mardi, juin 27 2017

Raid ? Ready !

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Il y a quelques jours était organisée dans mon collège la journée annuelle de "raid" pour nos 5èmes. Non, il ne s'agissait ni d'une opération de police, ni d'un produit contre les insectes mais bien d'une journée organisée par nos collègues d'EPS dans un beau cadre de verdure où les élèves, répartis en équipes avec un professeur dans chaque, se confrontent lors de diverses épreuves sportives. 

Et alors ? Au-delà d'être une bonne journée pleine de rigolades et de sueur  - y compris du côté des professeurs, invités à participer au mieux de leurs capacités pour donner des points à leur équipe ! - c'est un moment vraiment précieux pour voir et passer du temps avec nos élèves dans un cadre différent de celui des cours et, encore mieux, de vraiment faire quelque chose pleinement avec eux.

Evidemment, nous sommes en plus un certain nombre de profs à être "à fond" et à jouer pleinement le jeu de la compétition sympathique ! Nous courons, nous jouons, nous encourageons... nous nous défions aussi entre nous ce qui amuse bien les élèves. Je garde en tête cet élève assez insupportable en cours qui se trouvait dans mon équipe me dire en rentrant : "Hey m'dame, merci, c'était chouette le raid avec vous !". Ou comment s'entraîner à changer de regard l'un sur l'autre. 

C'est un peu la même idée quand j'ai la joie d'accompagner les élèves des CHAM (Classe à Horaires Aménagés Musique) pour leurs journées de répétition. Passer du temps avec eux mais aussi prendre vraiment le temps de faire des choses avec eux, y compris de discuter simplement sans enjeux spéciaux. J'ai souvent l'impression qu'après ces moments les temps plus formels de cours sont d'une meilleure qualité : on a appris à mieux se connaître, à se faire davantage confiance réciproquement et, assez logiquement, on travaille mieux ensemble. C'est la force de ces journées différentes. 

 

Je me dis que c'est assez pareil avec le Seigneur. Si on Le prie régulièrement (et encore... ?), on peut parfois oublier de Lui proposer d'agir avec nous dans chacune de nos actions, L'omettre de ces instants en apparence plus profanes de nos journées. Oh, bien sûr, Il ne saurait être tout à fait absent... mais pourtant, qu'est-ce qu'on gagnerait en familiarité si nous n'oubliions pas de L'inviter à faire et à être avec nous dans tout ce qui émaille nos jours ! Quelle qualité de relation établirait-on ! Et qu'est-ce qu'on travaillerait bien mieux ensemble au Royaume de Dieu pour la joie du monde ! 

 

mardi, mai 30 2017

Prise en flag ou l'apophtegme unifiant du macaron à la pistache

Long temps de la fin d'année où fatigue et presse savent se conjuguer. Pour moi, il y a toujours l'enjeu de tenir ma vie professionnelle et tout le reste ensemble sereinement, en unifiant la totalité dans la prière puisque l'ensemble fait ma vie "de consacrée" qui appartient à Dieu, origine, fin, arrière-plan et joyeux compagnon de chacun de ces jours. Et parfois...  

 

J'avais aujourd'hui un rendez-vous pour mes études de théologie et, n'ayant pas cours le matin, j'avais mis autour de mon cou une petite croix en bois. Ce que j'appelle en mon for intérieur mon mode "cathostensible" : une petite croix comme signe simple de Celui à qui j'ai donné ma vie et qui, avant tout, l'a donnée pour moi.   

Il y avait aussi un peu de course aujourd'hui afin d'ensuite rejoindre mon collège pour quelques rendez-vous avec des parents et un conseil de classe. Dans ma poche, une croix de Taizé afin d'évidemment changer mon tour de cou mais non point l'essentiel avant de rejoindre mon établissement. Avant de reprendre le train, je me dis qu'un petit goûter (car, oui, je suis une affreuse prof qui aime bien goûter) serait bienvenu pour tenir jusque tard. Et là, arrivant à proximité d'une échoppe de la gare, la vendeuse m'interpelle et s'exclame : 

"Oooooh, mais c'est la maîtresse de ma fille ! Bonjour Mme P**** !" 

Incroyable mais vrai : je tombais sur la mère d'une des élèves dont je suis professeur principale ! Un de mes rendez-vous de la semaine suivante ! Et... j'avais autour du cou ma croix. Et... j'avais un bouquin au titre bien catho dans les mains. Et.... j'étais un peu, voire beaucoup, gênée, je dois l'avouer. Que faire ? Rien, il était trop tard : il ne me restait qu'à assumer, mine de rien et à sourire. 

Mais la maman de mon élève, musulmane comme je le savais par ailleurs, était elle aussi tout sourire. Pas de choc de son côté. Ni de question, sinon la joie de me voir... et de m'offrir un gros macaron à la pistache ! En plein Ramadan ! 

Je suis donc repartie vers le collège avec un bon goûter sous le bras et la promesse de revenir la voir lors d'un prochain passage. Mais je suis aussi repartie en me disant que la couverture de mon identité secrète mais profonde de catholique-consacrée venait d'un coup de prendre un sacré choc. 

Et pourtant... y avait-il eu là atteinte à la laïcité ? 

Dans le fond, cette classe a, sans le savoir, une consacrée comme prof principale. Dans mes études de théologie ou dans les cours que je donne, je suis bien la même, partout. 

Au bout d'un moment de perplexité quant à cette scène, je me suis mise à sourire dans le train. Je pense que, durant ces premiers mois de vie consacrée, je suis encore en train d'apprendre, de découvrir, le don de Dieu spécial de cette forme de vie, qui ou plutôt ce que je suis devenue tout en étant la même... 

Et si les autres étaient aussi patients apprentissages de notre identité ? 

Et si les autres étaient aussi patients apprentissages de notre unité de vie ? 

 

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