Zabou the terrible

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Mot-clé - Homme libre toujours tu chériras Baudelaire

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lundi, mai 25 2009

Invitation... ?

 
Baudelaire, sur Barbey :
 
"D'Aurevilly vous invite à communier avec lui comme un autre à dîner.
- Nous communierons ensemble, et ensemble nous nous agenouillerons, humblement, le poing sur la hanche."
 

dimanche, mai 24 2009

Comme de longs échos...

 

 

Comme de longs échos qui de loin se confondent

On pourrait commenter (ah le commentaire composé… !), on peut commenter tout ce beau poème des « Correspondances », raconter, expliquer les synesthésies baudelairiennes, tout ce qui se mêle au niveau des sens, des ressentis... Oui, on pourrait.  

 

Et puis, il peut revenir ainsi, juste comme ça, en tête…

 

Comme de longs échos qui de loin se confondent

Dans une ténébreuse et profonde unité,

Vaste comme la nuit, profonde comme la clarté,

Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.

 

Vous ne trouvez pas qu’il fleure bon la vie, ce poème, aussi ?

 

Parfois, les échos font plus que se confondre, ils se répondent, l’un, l’autre, en de troublants parallèles. Toutes ces petites choses – ces « petits riens » ? – qui, un jour, après un temps, font sens « dans une ténébreuse et profonde unité ».

 

Qui devient, au gré de nos pas, chaque jour plus lumineuse.

 

jeudi, avril 9 2009

A la une !

 
Isabelle (pas moi hein ! Ma commentatrice !) m'a fait un superbe cadeau en continuant dans les commentaires du précédent billet mon pastiche tutoral (ça se dit ?) et magistral (parce que je suis en master 1, "ex-maîtrise" bien sûr !) du poète "L'Albatros" de Baudelaire. Vous n'aviez pas reconnu ? Bande de quatorze fois exécrables (c'est pas moi qui le dit, c'est Rimbaud !) que j'aime bien quand même (là, c'est moi qui parle). Pour la peine, vous relirez Les Fleurs du Mal, à l'endroit, et à l'envers, non mais ! Bref, du coup, je mets ce pastiche à la une ! Je ne pense pas qu'il soit vrai mais il est très amusant ! Merci !
 
Volatile non identifié
 
Souvent, pour s'amuser la tutrice de l'équipage
Concocte des exercices, vastes rigolades des mers
Que suivent, indolents compagnons de voyage,
Les tutorés glissant sur les gouffres amers.
 
A peine l'aura-t-elle rédigé, page blanche,
Que ce pauvre exercice, plein de trous et anxieux,
Espère farouchement que pendant qu'ils planchent,
Ils ne le froisseront, les tutorés hargneux...

Plein de subtilités, il est passif et veule,
Lui naguère si blanc, est raturé et laid,
L'un use de son stylo comme il ferait d'un(e) meule,
L'autre plie le papier pour qu'il puisse voler...

La tutrice est semblable au prince du français
Qui hante la grammaire, rit des difficultés,
Envoyée aux plus jeunes afin de les guider,
Son sens de l'humour leur fait tout apprécier !
 

samedi, février 14 2009

N'importe où hors du monde

Le gros problème de des Esseintes (le héros d’A rebours), c’est qu’il ne trouve pas ce qu’il cherche. Et pourtant, il cherche ce petit-là, partout, pour se libérer de ses « impuissances à vivre » (le mot est de Barbey, dans l’article du Constitutionnel, du 28 juillet 1884). Où ? Comment ? Mon futur mémoire tentera en partie de répondre à cette dernière question, intrinsèquement liée à ma problématique, mais peu importe ici.  

Pour le lieu, l’adulation du personnage pour Baudelaire et en particulier pour l’un des poèmes du Spleen de Paris nous en donne peut-être une réponse.

48. Any where out of the world

(N'importe où hors du monde)

    Cette vie est un hôpital où chaque malade est possédé du désir de changer de lit.  Celui-ci   voudrait souffrir en face du poële, et celui-là croit qu'il guérirait à côté de la fenêtre.

    Il me semble que je serais toujours bien là où je ne suis pas, et cette question de déménagement en est une que je discute sans cesse avec mon âme.

    «Dis-moi, mon âme, pauvre âme refroidie, que penserais-tu d'aller d'habiter Lisbonne?  Il doit y faire chaud, et tu t'y ragaillardirais comme un lézard.  Cette ville est au bord de l'eau; on dit qu'elle est bâtie en marbre, et que le peuple y a une telle haine du végétal, qu'il arrache tous les arbres.  Voilà un paysage selon ton goût; un paysage fait avec la lumière et le minéral, et le liquide pour les réfléchir!»

    Mon âme ne répond pas.

    «Puisque tu aimes tant le repos, avec le spectacle du mouvement, veux-tu venir habiter la Hollande, cette terre béatifiante?  Peut-être te divertiras-tu dans cette contrée dont tu as souvent admiré l'image dans les musées.  Que penserais-tu de Rotterdam, toi qui aimes les forêts de mâts, et les navires amarrés au pied des maisons?»

    Mon âme reste muette.

    «Batavia te sourirait peut-être davantage?  Nous y trouverions d'ailleurs l'esprit de l'Europe marié à la beauté tropicale.»

    Pas un mot. -- Mon âme serait-elle morte?

    En es-tu donc venue à ce point d'engourdissement que tu ne te plaises que dans ton mal?  S'il en est ainsi, fuyons vers les pays qui sont les analogies de la Mort. -- Je tiens notre affaire, pauvre âme!  Nous ferons nos malles pour Tornéo.  Allons plus loin encore, à l'extrême bout de la Baltique; encore plus loin de la vie, si c'est possible; installons-nous au pôle.  Là le soleil ne frise qu'obliquement la terre, et les lentes alternatives de la lumière et de la nuit suppriment la variété et augmentent la monotonie, cette moitié du néant.  Là, nous pourrons prendre de longs bains de ténèbres, cependant que, pour nous divertir, les aurores boréales nous enverront de temps en temps leurs gerbes roses, comme des reflets d'un feu d'artifice de l'Enfer!»

    Enfin, mon âme fait explosion, et sagement elle me crie: «N'importe où! n'importe où! pourvu que ce soit hors de ce monde !»

 

vendredi, janvier 23 2009

Ivresse

 
       En ces temps troublés, il convient de savoir revenir à l'essentiel. Baudelaire, essentiel ? Parfois, oui, je le crois volontiers, quand on le lit et qu'il vous saisit, c'est-à-dire souvent. Bêtement hédoniste, osez-vous dire ? Je ne crois pas. Et puis cela dépend de votre lecture : pour ma part, j'ai choisi mon ivresse et souhaite en être ivre longtemps, ma vie durant. Tout est là, même. Et vous ?
 
Enivrez-vous
 
       Il faut être toujours ivre. Tout est là : c'est l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve.
 
       Mais de quoi ? De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. Mais enivrez-vous.
 
       Et si quelquefois, sur les marches d'un palais, sur l'herbe verte d'un fossé, dans la solitude morne de votre chambre, vous vous réveillez, l'ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l'étoile, à l'oiseau, à l'horloge, à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est ; et le vent, la vague, l'étoile, l'oiseau, l'horloge, vous répondront : "Il est l'heure de s'enivrer ! Pour n'être pas les esclaves martyrisés du Temps, enivrez-vous ; enivrez-vous sans cesse ! De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise."
 
in Charles BAUDELAIRE, Le Spleen de Paris
 

mardi, juin 17 2008

Comme une ambiance d'épilogue, alors un cri du coeur

 
[I]
Epilogue.
 
Paris entre chien et loup
 
Le coeur content, je suis monté sur la montagne
D'où l'on peut contempler la ville en son ampleur,
Hôpital, lupanar, purgatoire, enfer, bagne,
 
Où toute énormité fleurit comme une fleur.
Tu sais bien, ô Satan, patron de ma détresse,
Que je n'allais pas là pour répandre un vain pleur ;
 
Mais comme un vieux paillard d'une vieille maîtresse,
Je voulais m'enivrer de l'énorme catin,
Dont le charme infernal me rajeunit sans cesse.
 
Que tu dormes encor dans les draps du matin,
Lourde, obscure, enrhumée, ou que tu te pavanes
Dans les voiles du soir passementés d'or fin,
 
Je t'aime, ô capitale infâme ! Courtisanes
Et bandits, tels souvent vous offrez des plaisirs
Que ne comprennent pas les vulgaires profanes.
 
Charles Baudelaire
(in Projets d'un épilogue pour l'édition de 1861 des Fleurs du Mal)