Ce jour-là, j’avais un rendez-vous important dans le quartier de la Bourse. Il ne s’agissait absolument pas d’une quelconque question financière mais, au contraire, plutôt d’une question culturelle ou intellectuelle, au choix. Evidemment, je traînais dans le coin déjà très tôt…
Dans le quartier de la Bourse à Paris, il y a une église un peu particulière, la basilique N.-D. des Victoires. Elle est particulière parce que je ne l’ai jamais trouvée belle et pourtant, j’aime venir y prier… Dans ce quartier clinquant, qui semble souvent en voie de déshumanisation, elle est un lieu de silence… C’est assez fou : elle fait partie des églises parisiennes ou, à peine la porte franchie, on entre dans un silence d’une très belle densité. Un vrai lieu de calme et de prière.
Je disais que je ne l’avais jamais trouvée belle : c’est exact mais pourtant le nombre d’ex-votos qui y sont affichés m’a toujours paru magnifique et j’aime marcher dans l’église et les contempler, comme un parcours d’action de grâce.
Dans cette basilique dédiée à Marie, il y a surtout cette immense statue de la Vierge Marie ;
Et, dans cette basilique, il y a aussi toujours quelqu’un à prier devant cette statue.
Avant mon rendez-vous, c’est bien sûr à elle que je venais me confier, elle qui est notre exemple d’accueil du don de Dieu dans toute sa vie, c’est-à-dire pour nous autres gens ordinaires, dans tous les domaines de notre vie : long chemin de conversion.
Mais ce jour-là, voyez-vous, je venais de vivre une période de trop plein et malheureusement surtout de trop plein de mauvaises nouvelles. Et puis, à cette heure-là, j’étais stressée.
Alors, je n’arrivais pas à prier : j’étais devant, à regarder la statue, pleine de mes pensées, peinant à les orienter vers Lui.
Abaissant mon regard, je vis deux femmes qui priaient, à genoux devant la statue. Prêtant l’oreille, je découvris qu’elles priaient le chapelet à voix basse et j’entendais comme des bribes de « Je vous salue Marie ».
Alors, je me suis comme glissée dans leur prière,
Je m’y suis associée par le cœur et de toute ma force.
Sans qu’elles le sachent, ces deux femmes furent mes portes d’entrée en prière, à une heure où j’en avais besoin.
On ne connaîtra jamais la fécondité possible de nos prières murmurées, chuchotées à la seule oreille du Seigneur.