Enterrement ce jour,
Deuxième en une semaine :
Il est des temps plus joyeux…
Mais cette fois d’un voisin.
Temps des témoignages au début,
Temps privilégié aussi pour connaître, pour prier,
Pour celui qu’on ne connaissait que par des discussions – certes parfois longues et belles – dans l’escalier.
Beaux témoignages justes, nombreux et touchants de la famille, profondément remuée par ce décès brusque, soudain, l’ayant laissée désemparée.
Et puis, à la fin, un témoignage d’un collègue du défunt…
D’un collègue peu habituel dans une église :
Athée, anticlérical, politisé et autres choses ayant de l’affinité.
Il ne s’agit pas de critiquer les athées, les anticléricaux, ni les francs-maçons ;
Comme tant d’autres, j’en fréquente au quotidien, j’en ai jusque dans ma propre famille et, en fait, j’ai beau ne partager aucunement leurs opinions, je les aime bien, je les aime tout court même, car je crois foncièrement que la différence est richesse ;
Mais il est question ici d’opportunité, de lieu, de temps.
Quand un témoignage se transforme en tribune politique,
Quand un témoignage se transforme en critique virulente de la religion,
Quelque chose de l’ordre d’un malaise s’installe.
Quand un témoignage, lu à l’ambon, clame notamment « ne laissons pas les religions prendre le pouvoir », alors qu’il est ici, devant, le corps d’un homme et devant une famille ayant choisi des funérailles chrétiennes pour l’un des leurs,
Il y a quelque chose qui ne résonne pas juste :
Maladresse ?
Malaise, mal-être.
Dans ce discours, le mot « laïcité » cachait un anticléricalisme crasse : c’était le droit de cet homme…
… Mais ce n’était pas le lieu, ni le temps de clamer ceci.
Et à l’heure où la « laïcité » a tendance à être mise à toutes les sauces, il serait bon dans le fond, elle qui dit si souvent aux religions de rester chez elles (c’est un autre débat !), qu’elle apprenne à respecter ces lieux, ces espaces, ces temps qui leur sont propres.
Pourquoi vouloir créer du conflit un jour où il est seulement question de prière ?
Pourquoi dire sa haine à peine masquée de la religion chrétienne par des mots que nous entendons déjà si souvent ailleurs dans nos vies ?
Convaincre des adeptes ? Laissez-moi rire !
A ce même ambon, ensuite, j’ai proclamé la Parole de Dieu qui parlait d’Espérance ;
Et puis, le prêtre qui célébrait a fait de même avec l’Évangile.
En proclamant ces mots auxquels je crois et que je voulais dire de la part du Seigneur notamment à la pauvre mère du disparu, j’avais le cœur encore plein de ce malaise.
Mais je suis restée sur ce mot d’Espérance, sur ce doux mot-là ;
Ce doux mot qui allait plus loin que les silences figés, pétrifiants, glacés d’une assemblée peu habituée à prier,
Ce doux mot qui allait surtout plus loin que la mort,
Ce doux mot qui porte, en germe, tout un monde pacifié en lui.
En Lui.