Zabou the terrible

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Mot-clé - Pas privés de désert

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dimanche, mai 15 2022

Madeleine Delbrêl nous parle du nouveau saint !

 

         Quelques mots, chère Madeleine, sur les canonisations du jour ? Oui, elle a des choses à dire car la vénérable Madeleine Delbrêl aimait profondément l’un des saints canonisés en ce dimanche 15 mai par le pape François : saint Charles de Foucauld ! Elle a même écrit un texte s’intitulant Pourquoi nous aimons Charles de Foucauld dont voici quelques lignes en ce jour de fête pour voir en quoi cet ami du Seigneur peut aussi pleinement être l’un des nôtres. 

 

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Source de  l'image : http://dessinsfranck.canalblog.com/archives/2015/06/06/32175971.html 

Besoin incoercible de prière devant Dieu, don sans mesure à tout être qui le sollicite. 

Imitation candide de la vie du Christ en Palestine, de ses gestes, de ses actes. 

Connaissance de son entourage et adaptation. 

Amour passionné du prochain. Amour fidèle de chaque instant pour l’humanité entière. (…) 

 

Il est pour nous le type de ces vocations théocentriques, qui captent l’âme directement pour Dieu dans le Christ. Ces hommes-là n’ont pas de choix à faire. Dieu touche tout l’horizon. Du fait même qu’il existe, il est éminemment préféré. 

Pour ces hommes, l’amour de Jésus Christ conduit à l’amour de tous nos frères comme pour d’autres la vocation à l’apostolat sera le chemin d’un don total au Christ. 

Cette gratitude vis-à-vis de Dieu se retrouve en effet vis-à-vis de son prochain. Charles de Foucauld lui donne sa vie de chaque jour, et l’on sait avec quelle largeur de don et de disponibilité, prêt à mourir pour lui – et il est mort par et pour lui – il n’attend pas les résultats, ne se trouble pas de son parfait échec, garde sa paix quand ayant passé presque une vie au désert, son seul bilan est la conversion, peu assurée, d’un nègre et celle d’une vieille femme. Il aime pour aimer, parce que Dieu est amour et que Dieu est en lui et qu’en aimant « jusqu’au bout » tous les siens, il imite autant que faire se peut, son Seigneur. (…) 

         Le père de Foucauld nous apparaît comme enraciné au carrefour de la charité. Il ne refuse aucune des démarches de l’amour. Il soude dans sa vie les deux extrêmes de l’amour : le proche prochain et le monde entier. (…) 

         Au mot caritas (c-à-d charité) écrit si souvent au-dessus du cœur et de la croix il fait rendre tout son sens en profondeur et en étendue. Il s’installe délibérément en vie de famille avec tout être humain qu’il rencontre. Et cette vie de famille, véritablement vécue, sera le signe nécessaire d’une autre vie de famille sans cesse approfondie et de jour et de nuit avec tous les hommes de la terre. (…) 

         Il est vraiment, en plein xxème s., un contemporain réel du Jésus de Nazareth. (…) L’Évangile, il est pour lui le tout de son apostolat visible. (…) 

         A côté de l’apostolat spécialisé, il pose la question du tout à tous. (…) il nous hisse au-dessus des compartiments sociaux, au-dessus des groupes humains pour que lisibles à tous, nous devenions comme un message universel. 

 

 

samedi, mars 31 2018

Dans le désert - 5

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Autre caractéristique du désert : le silence. Pas ce faux silence de nos rues animées quand elles commencent à s'endormir et à s'assourdir mais un silence complet, presque parfait, dense et profond. 

Grâce à lui, il semble plus aisé d'écouter le Seigneur dans notre coeur et les lectures de la Bible au désert semblent effectivement résonner plus profondément. 

J'aurai toujours dans mon coeur, justement, une messe célébrée à l'aube dans le désert marocain : sept personnes, pas plus, dont le célébrant. Pas grand chose à voir, un simple corporal posé sur le sable, une gourde comme burette, mais du pain, mais du vin et nous tous autour, assis comme nous le pouvions dans le creux d'une dune. Dans l'immensité désertique silencieuse, Dieu se rendait présent et c'était simplement fabuleux. 

Il n'y avait pas besoin de mots supplémentaires, le silence du désert était particulièrement de mise : Dieu était et cela suffisait. Foin des bavardages, Il était, Il voulait demeurer chez chacun de nous. Je fus plus éblouie par cette certitude confiante que par le soleil. 

Aujourd'hui, Samedi Saint, jour par excellence du silence, je repense à cela... Je ne peux reproduire ce silence, le bruit de la ville vient à moi et puis les pensées futiles sont moins aisément envolées. Mais Dieu est au tombeau, mais cette nuit, nous célébrerons sa résurrection et encore et toujours davantage le fait qu'Il veuille habiter chez nous, ressuscité, pour nous envoyer proclamer, bien plus fortement que tous les bruits, Sa Bonne Nouvelle. 

lundi, mars 12 2018

Dans le désert - 4

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Août 2017, désert du Néguev, lecture de l’Exode : les conditions sont campées pour comprendre qu’il fait chaud, très chaud, trop chaud et que c'est en réalité le but que nous le faire éprouver. 

 

Alors, lors d'une longue marche, à l’issue du déjeuner frugal et, hélas, sans manne, un point sur l’eau a été fait. A qui en restait-il ? Qui n’en avait plus ? Nous étions partis avec 3 ou 4l d’eau par personne le matin mais chacun réagit différemment face aux hautes températures – par exemple, je ne bois jamais beaucoup (oui, je sais que je devrais). Ainsi, pour finir notre chemin désertique, nous avons été mis en binômes, l’un ayant de l’eau, l’autre n’en ayant pas.

 

Ayant encore presque 2l., je fus mise en binôme avec une dame n’ayant plus qu’une goutte… et nous qui ne nous connaissions pas vraiment encore, nous voici lancées pour faire un bon bout de chemin ensemble. Et nous voici parties à deviser joyeusement de nos vies, de Bible, de Dieu même, un peu puis beaucoup, avec une profondeur confiante assez rare pour des personnes qui ne faisaient que vivre dans un même groupe depuis trois jours, de pays différents, d’âges différents, d’états de vie différents, qui plus est dans un état physique pas possible de puanteur après deux jours dans le désert (mais ça, nous ne nous en rendions heureusement pas compte). J’ai partagé mon eau, elle a aussi partagé généreusement sa vie et sa foi : personne ne donnait plus que l’autre, nous marchions simplement en apprenant à nous recevoir mutuellement comme dons de Dieu. Plus largement, après avoir murmuré de faim et de chaleur comme les Hébreux dans le désert, nous faisions l’expérience de nous laisser unifier les uns avec les autres, les uns par les autres et par Lui : ensemble, nous devenions un vrai groupe. 

 

Si, autour des puits, nous le savons bien, il est souvent question de mariage dans la Bible, j’ai pu constater qu’autour de l’eau, il est tout de même bien question d’Amour et de vie. Et cela était bon.

 

Et si vivre le désert, c’était laisser de la place pour mieux vivre chaque rencontre comme un don de Dieu ? Comme une Rencontre ?

 

dimanche, février 25 2018

Au désert – 3

Vivant présentement moi-même le vivifiant désert de la retraite, un petit billet programmé… parce qu’il est parfois tentant de chercher le Seigneur toujours ailleurs, dans un lieu de pèlerinage, de désert ou de retraite (eh oui !), alors que ce lieu est avant tout au plus intime de nous-mêmes. Ici, c’est Grégoire de Nysse qui s’exprime dans une lettre au sujet de ceux qui tiennent absolument à aller en Terre Sainte : à transposer à tous nos désirs volontaristes ?

 

« Qu’aura de plus celui qui s’est rendu en ces lieux, comme si, jusqu’à ce jour, le Seigneur vivait corporellement en ces lieux et qu’il soit absent de chez nous, comme si le Saint Esprit abondait chez les habitants de Jérusalem et qu’il lui soit impossible de venir chez nous ? (…) Un changement de lieu ne procure aucun rapprochement de Dieu mais, où que tu sois, Dieu viendra vers toi, si la demeure de ton âme est trouvée telle que le Seigneur puisse habiter en toi et y circuler. (…) Conseille donc aux frères, mon cher, de quitter leur corps pour aller vers le Seigneur, et non la Cappadoce pour aller en Palestine ».

 

jeudi, février 22 2018

Au désert - 2

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Quand on parle de désert, on pense souvent "solitude" : c'est vrai et, en même temps, n'y a-t-il pas le corollaire de celle-ci, au sein de ce milieu hostile à l'homme ? Quand on parle de désert, ne devrait-on pas penser à "sollicitude", dans cet endroit qui oblige les êtres humains à se rapprocher, à veiller sur celui qui est à ses côtés ?  

Juillet 2008 - Maroc : week-end dans un cadre sablonneux aussi beau que cette photo du "Routard" avec une nuit à la belle étoile prévue. Nos amis et collaborateurs du quotidien, Marocains musulmans, avaient tout organisé pour que nous puissions vivre pleinement notre première expérience du désert : l'eau et la nourriture, certes, mais aussi tout ce qu'il fallait pour notre sécurité. Ainsi, afin que nous ne soyons pas assaillis par les scorpions, ils avaient pris soin de tracer un grand cercle à l'essence autour de notre bivouac. Et, le lendemain matin, à l'heure de la messe, au lieu de faire autre chose, ils étaient à quelques pas sur les dunes, en train de veiller sur chacun de nous. 

Août 2017 - Terre Sainte : Réveil matutinal, je m'étire. Mes voisins, tout de même à quelques mètres, me demandent si j'ai bien dormi. J'acquiesce, ils explosent de rire : j'apprends qu'un fennec a longtemps rôdé autour de moi dans la nuit et qu'il a fallu l'intervention de mes voisins de sommeil pour le faire arrêter de me renifler tant il était insistant ! 

 

Et si le Carême, avant de chercher la solitude du désert, c'était avant tout de grandir en sollicitude ? Nous vis-à-vis des autres ? Mais aussi de savoir admirer, au sein des milieux hostiles de nos vies, les marques de sollicitude qui nous parviennent ? 

Peut-être que le désert du Carême, c'est aussi l'occasion offerte d'un moment pour nous découvrir davantage frères, appelés à veiller les uns sur les autres, naturellement et amoureusement. 

lundi, février 19 2018

Au désert - 1

Deux fois, j'ai eu l'occasion de vivre un temps au désert : une fois dans le sud du Maroc, en juillet 2008, le temps d'un week-end de pause découverte dans notre temps de volontariat et d'amitié ; une fois trois jours dans le désert du Néguev, en Terre Sainte, en août dernier. J'aurai certainement une belle occasion d'aller découvrir un autre désert l'été prochain mais, en attendant ce futur voyage, ces deux expériences furent uniques en leur genre. Et nous, chrétiens, nous pensons souvent au désert lors du Carême car le Christ y fut 40 jours ! Voici ce qui était proposé dans l'évangile d'hier, 1er dimanche du Carême année B : 

Evangile de Jésus Christ selon saint Marc

Jésus venait d’être baptisé.
Aussitôt l’Esprit le pousse au désert
et, dans le désert,
il resta quarante jours,
tenté par Satan.
Il vivait parmi les bêtes sauvages,
et les anges le servaient.

Quarante jours de désert... Je n'aurai pas autant à en dire mais, pour méditer, je vous proposerai au long de ce Carême quelques billets de et du désert, parce qu'en Carême, nous n'en sommes jamais privés ! (Oui, bon d'accord, c'est très mauvais comme blague). 

 

Août dernier. Nous venions d'arriver en Terre Sainte et nous, groupe de "Bible sur le Terrain", nous ne nous connaissions pas encore. Mais voilà qu'à peine arrivés, nous avons été emmenés au désert pour y dormir, pour y prier, pour y vivre en y lisant la Bible. Il s'agissait durant ce premier jour de méditer sur les Commencements. 

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